Des ex-agents de la société Marsavco PHC Unilever Congo abandonnés à leur triste sort et regroupés dans une association de défense de leurs intérêts lésés depuis treize ans viennent de saisir le Premier ministre qu’ils appellent à la rescousse pour résoudre le lourd contentieux social avec leur ancien employeur.
Les ex-agents de la société Marsavco-Unilever Congo, regroupés au sein de l’Association des anciens travailleurs de la Marsavco PHC Unilever Congo, expriment leur ras-le-bol de la clochardisation dont ils sont l’objet depuis 13 ans. Ils sollicitent de la part du Premier Ministre, Augustin Matata Ponyo, « la réquisition de la force publique pour l’exécution forcée du Décret n°011/17 du 06 avril 2011 ? Arrêt RA 1271 du 05.04.2013 de la Cour suprême de justice ».
L’Association des anciens travailleurs de la Marsavco PHC Unilever Congo (ATUMA) a, pour la seconde fois écrit au Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon pour lui faire de nouveau part « de la situation combien triste et douloureuse que vivent ses membres », signale-t-elle dans sa lettre N/Réf: DS/LKM022/0l0/2014 du 13 octobre 2014 avec copie pour information au chef de l’Etat, Joseph Kabila. Elle lui a rappelé le courrier CAB/MIN/ETPS/MBL/PKG/2014 du 05 août 2014 que lui a adressé la ministre de l’Emploi du Travail et la Prévoyance sociale. Modeste Bahati Lukwebo. A qui le Premier ministre avait demandé de lui « faire régulièrement part du niveau d’exécution de ce décret ».
Aussi, ces courriers ayant reçu une fin de non recevoir, les ex-agents de la Marsavco Unilever au bout de la patience, sollicitent-ils l’obtention de la réquisition de la force publique pour l’exécution forcée du Décret du Premier ministre. Car, font-ils observer, en dépit notamment, de « résolutions 003 et 006 de l’Assemblée nationale de vos trois Décrets, de deux arrêts des Cours et tribunaux et les actes administratifs de l’Inspection générale de Travail, la Société Marsavco refuse d’obtempérer suite à votre soutien par manque de l’avis au courrier vous adressé pour obtenir cette réquisition ».
C’est ainsi que les laissés pour-compte de la Marsavco Unilever brandissent la menace: « Vous porterez seul la responsabilité des conséquences qui en découleraient suite à votre refus de répondre à Son Excellence Monsieur le ministre de l’Emploi du Travail et de la Prévoyance sociale à sa lettre vous adressée. Et ce, en violation des articles 92 et 93 de la Constitution de la RDC ».
Pour les manifestations publiques projetées par les familles de 686 ex-agents clochardisés par la Marsavco, les membres de l’ATUMA ont également écrit au gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta Yango, pour l’informer de leur descente dans la rue « jusqu’à la dernière goûte de sang » de chacun d’eux, avec épouses d’enfants. Ils demandent « aux commissaires généraux et provinciaux de la police de la ville de Kinshasa et aux services spéciaux de prendre des dispositions sécuritaires utiles pour l’encadrement de leurs compatriotes égarés
A noter que l’ATUMA rappelle que ses avocats à la Cour de Paris, Mes Jean-François Prevost, et Dominique de Villepin, ont répondu aux courriers de la Primature signés par l’un des collaborateurs du Premier ministre Matata, respectivement les 26 juillet et 29 juillet 2014. Dans la lettre écrite par Me Jean-François Prevost, celui-ci rappelle à Matata l’autorisation que le Ministre de l’Emploi sollicitait pour « mettre en œuvre les procédures d’exécution forcée à l’encontre de Marsavco Unilever dans cette douloureuse affaire qui depuis plus de 13 ans, a plongé dans le désespoir ces 686 familles ».
Et de poursuivre: « D’ailleurs, je m’étonne que Unilever multinationale se présente dans l’alimentation et qui affame, dans cette affaire, des centaines de Congolais, ne procède pas volontairement et spontanément à l’exécution de ses obligations légales. Elle ne mesure pas les conséquences boursières et d’image, notamment auprès des agences de notation, si ce contentieux devait, en désespoir de juste cause, à l’initiative de l’ATUMA et par la force des choses quitter le terrain juridique pour celui de la communication internationale et l’intervention d’un grand cabinet londonien avec lequel je viens de prendre contact ».
Me Jean-François Prevost a aussi rappelé que M. Dominique de Villepin a saisi le Premier ministre Matata de cette affaire, il y a deux mois. Il lui a fait part de l’intérêt et de l’attention qu’il porte à cette occasion au respect de l’Etat de droit en République démocratique du Congo et pour lequel il est mobilisé.
Qu’à cela ne tienne, Me Prevost ne doute pas que la réponse attendue du Premier ministre de « mettre cette société dans l’obligation volontaire ou forcée de respecter le droit définitif proclamé dans son Décret. Et qu’ainsi, cette triste et emblématique affaire connaitra sa solution au plan strictement national ».