Onze chômeuses de longue durée, soutenues par l’union locale Cgt d’Evry (Essonne), viennent de porter plainte contre l’enseigne Leclerc pour "escroquerie, offre d’emploi fausse, travail dissimulé, soumission de personnes vulnérables à des conditions incompatibles avec la dignité humaine et violences".
De décembre 2013 à février 2014, elles ont participé, avec 80 autres personnes à une « préparation opérationnelle à l’embauche » (POE). Un organisme formateur, financé par Pôle Emploi, devait proposer aux stagiaires (sur une durée maximale de 400 heures) une mise à niveau de leurs compétences pour correspondre aux postes proposés.
En fait de formation, les stagiaires du Leclerc de Fleury-Mérogis se sont surtout vues préposées à l’aménagement, au ménage, à l’étiquettage, en vue de l’ouverture du centre le 15 janvier 2014, ouverture qui devait se traduire pour elles par des embauches en CDI.
Les embauches promises : à Fleury-Mérogis, sur les 91 stagiaires, 40 d’entre eux étaient débarqués dans la semaine de l’ouverture, sous des prétextes divers et avec des méthodes plutôt expéditives.
Un stage, donc, qui a surtout permis à l’hypermarché de finaliser sa mise en place avant l’ouverture, sans salaires à régler. Voire à en recevoir, puisqu’il semble que dans certains cas les organismes de formation soient directement contrôlés par le groupe Leclerc !
Ainsi, FM Formadif, l’organisme chargé de former les stagiaires de Fleury-Mérogis, appartient aux deux centrales d’achat franciliennes de Leclerc et aurait touché 190 000 euros de Pôle Emploi et du financeur paritaire de la grande distribution dans cette opération.
Ce système de « recrutement » de main-d’œuvre gratuite n’est pas une première pour l’enseigne. A Auxerre, Montpellier, Narbonne, Nimes les mêmes faits sont dénoncés depuis 2013.
Face à des choix patronaux et gouvernementaux qui autorisent ces dérives, la Cgt reste mobilisée et manifestera aux côtés des privés d’emplois, pour le droit au travail et l’accès à l’emploi de qualité, le 6 décembre 2014.