LES ÉCHOS La centrale signataire va devoir affronter la colère de la base et le front des six autres syndicats, qui eux n’ont ni négocié, ni signé le protocole.
La direction a trouvé un accord minoritaire avec la CFDT pour réformer le temps de travail.Mais les autres syndicats critiquent l’absence de garanties sur l’emploi.
La CFDT de l’Assistance publique Hôpitaux de Paris n’est pas au bout de ses peines. Elle a conclu mardi la négociation sur la réforme des 35 heures au sein du premier groupe hospitalier du pays . A présent, la centrale signataire va devoir affronter la colère de la base et le front des six autres syndicats, qui eux n’ont ni négocié, ni signé le protocole.
Mercredi après-midi, cette intersyndicale du refus a tenu son conseil de guerre pour décider des suites à donner : pétition, grève, ou autre . Cela fait déjà des mois que toutes les organisations sauf la CFDT ont déserté les instances représentatives du personnel, et que le dialogue social est bloqué.
« Cet accord est une trahison sociale, et une escroquerie, car il ne fait que reprendre le projet initial de la direction ! » accuse Rose-May Rousseau, la représentante de la CGT à l’AP-HP. La première organisation syndicale du groupe critique le « passage en force » du directeur général Martin Hirsch, qui se contente d’un accord « ultra-minoritaire » pour engager une profonde réforme du temps de travail .
En effet, les 11.000 agents sur 75.000 qui bénéficiaient d’un contrat de 7 heures 50 par jour voient leur journée de travail réduite de 14 minutes. Au bout du compte, au lieu de 24 à 26 jours de RTT et de congés extralégaux, ils n’auront plus droit qu’à 18 jours. Quant aux nouveaux embauchés, ils n’auront que 15 jours de RTT. Les premiers recrutements sur ce schéma n’ont d’ailleurs pas attendu la signature du protocole, souligne la CGT.
C’est donc une réforme importante de l’accord de 2002. « Hollande et le gouvernement sont complices, ils cherchent à remettre en cause les 35 heures, et ils savent bien que ce qui se passe à l’AP-HP servira de ballon d’essai pour les autres hôpitaux », critique Rose-May Rousseau. Selon elle, la CFDT aurait dû exiger des garanties sur l’emploi. Martin Hirsch avait lancé la négociation en expliquant que diminuer le nombre de jours de congés permettrait de sauver des emplois, mais rien n’est précisé à ce sujet dans le protocole.
Représentant de la CFDT de l’AP-HP, Abdel Abdoune reconnaît qu’il existe un risque sur l’emploi à l’avenir, mais juge qu’il viendra non de cette réforme mais du développement de l’ambulatoire, qui vise à réduire les nuitées à l’hôpital. Cet accord évite le pire, explique-t-il.
« Ce n’est pas la mort du petit cheval. Nous étions menacés de passer massivement à 7h30, soit 15 jours de RTT, et de travailler 30 minutes de plus chaque jour si les temps de repas étaient défalqués du décompte des heures travaillées ! ». La direction a finalement accepté de ne rien changer sur les repas, et pour Abdel Abdoune c’est une grande victoire : « Je me restaure 210 fois dans l’année, cette pause équivaut donc à trois semaines de temps de travail sur douze mois... », illustre-t-il.
Le syndicaliste est toutefois dubitatif sur la volonté de la direction de convaincre les agents de passer volontairement à la journée de 7h30, avec 15 jours de RTT. Martin Hirsch a été « frileux », juge-t-il, en n’offrant que de 18 heures supplémentaires par an en guise de cadeau de bienvenue.