Par Marina Cabiten, France Bleu
Une jeune Indonésienne travaillant dans une plantation d'huile de palme, en septembre 2015.
"Le grand scandale de l'huile de palme" est le nom d'un rapport publié mercredi par l'ONG Amnesty International. Il dénonce l'exploitation d'enfants dans des plantations d'huile de palme, pour le compte de grandes entreprises qui vendent des produits labellisés "huile de palme durable".
Nestlé, Colgate ou encore Unilever : ces géants de produits de consommation courante (comme de la nourriture ou des cosmétiques) sont accusés par Amnesty International "d'abus en matière de travail". L'ONG publie ce mercredi un rapport sur le travail d'enfants dans des plantations d'huile de palme en Indonésie, où de "multiples infractions" ont été constatées.
Huile de palme "durable"
Amnesty International indique s'être entretenue avec 120 travailleurs employés dans des plantations de palmiers à huile appartenant à deux filiales de Wilmar, un géant singapourien des matières premières agricoles, ainsi que trois de ses fournisseurs en Indonésie. Conclusion : "des sociétés ferment les yeux sur l'exploitation de travailleurs dans leur chaîne de fabrication" et "des grandes marques continuent de profiter de pratiques illicites déplorables", selon l'ONG.
Ces marques vont même jusqu'à présenter les produits aux consommateurs comme issus d'huile de palme "durable", alors qu'il n'y a "rien de durable dans l'huile de palme produite en faisant travailler des enfants et en ayant recours à des travaux forcés", relève Amnesty. Elles bénéficient pourtant d'un label décerné par une organisation créée pour assainir le secteur de l'huile de palme.
Des enfants portant des sacs qui pèsent jusqu'à 25 kilos, au milieu des pesticides toxiques
Parmi les abus constatés, des enfants âgés de 8 à 14 ans transportent des sacs pesant de 12 à 25 kilos et travaillent sans équipements de protection dans des plantations où des pesticides toxiques sont utilisés, observe Amnesty. Certains quittent l'école pour toute ou partie de la journée pour aider leurs parents dans les plantations, ajoute l'ONG. Les adultes aussi sont concernés par ces abus, des femmes forcées à "travailler de longues heures sous peine de voir leur salaire (en dessous du salaire minimum) réduit, ou encore des ouvriers "punis" s'ils ne ramassent pas les fruits correctement.
Il n’est pas normal que neuf sociétés réalisant ensemble un chiffre d’affaires de 325 milliards de dollars en 2015 soient incapables d’agir face au traitement épouvantable d’ouvriers de l’huile de palme qui gagnent une misère - Amnesty International
Femmes payées moins que le salaire minimum
Des femmes sont contraintes de travailler pendant de longues heures sous la menace de réduction de salaire, et sont payées moins que le salaire minimum, gagnant seulement 2,50 dollars (2,30 euros) par jour dans les cas extrêmes, selon la même source.
"Des sociétés ferment les yeux sur l'exploitation de travailleurs dans leur chaîne de fabrication" et "des grandes marques continuent de profiter de pratiques illicites déplorables", souligne l'ONG. Elle s'appuie sur des investigations effectuées dans des plantations de palmiers à huile en Indonésie, appartenant au géant singapourien des matières premières agricoles Wilmar.
Wilmar a reconnu qu'il y avait des problèmes concernant la main-d'oeuvre dans ses opérations, mais d'autres sociétés contactées par Amnesty ont nié toute violation, indique l'ONG. Elle compte demander aux entreprises de préciser si l’huile de palme présente dans des produits courants tels que les glaces Magnum, les dentifrices Colgate, les produits cosmétiques Dove, les soupes Knorr, les confiseries KitKat, les shampooings Pantene, les lessives Ariel est issue des activités de Wilmar en Indonésie.