La presse financière déclare Renault
« champion de la rentabilité »
C’est le titre d’un article du journal « Les Échos » du 12 décembre 2016. Chiffres à l’appui il en explique les raisons : « la chasse aux coûts ». Par cela il ne faut pas entendre la disparition des dividendes versés aux actionnaires. Au contraire. Pour un capitaliste les coûts sont les salaires (directs et socialisés), l’emploi, les conditions de travail.
Renault-comme Peugeot- est un maître dans ces domaines. Jugez- en.
Avec le blocage des salaires le pourcentage de la masse salariale sur le chiffre d’affaires est de 11-12% alors que chez Volkswagen il est de 17%. A cela s’ajoutent les délocalisations systématiques de la production vers les pays à bas salaires, Roumanie, Slovénie, Espagne, Maroc mais aussi de la recherche et développement.
Ce qui amène aux suppressions permanentes d’emplois en France. 7800 de plus entre 2013 et 2016. Et pour ceux qui restent, journée de travail à rallonge, heures supplémentaires obligatoires, recours massif au travail précaire, surexploitation des ouvriers.
Ce qui augmente la rentabilité qui est aujourd’hui de 5% contre 1 à 3% il y a dix ans. Un économiste du cabinet américain Barclay s’extasie : « On est à des niveaux historiques. Jamais on n’avait vu de tels ratios chez les Français » (Volkswagen n’enregistre qu’un ratio de 2%).
Cette exploitation, cet abandon de l’intérêt national pour l’emploi, se traduit par des profits et des dividendes en hausse tous les ans, y compris pour l’Etat détenteur de 20% du capital. Pour le premier semestre 2016 cela se traduit par un profit en hausse de 1501 millions.
Bien entendu Renault profite à plein de toutes les aides gouvernementales en matière d’allégement fiscaux et sociaux
Mais cela n’est pas encore suffisant.
La direction Renault et les syndicats viennent de terminer les discussions sur un nouvel accord 2017-2019 qui aggrave encore plus cette politique.
Que contient-il ?
Embauche de 3600 CDI d’ici à 2019, ce qui, compte tenu des départs dit naturels, se traduira par une nouvelle baisse des emplois Renault.
Suppression de 4500 d’intérimaires.
Contingent d’heures supplémentaires porté de 175 à 210 heures par an.
Travail obligatoire jusqu’à une heure de plus par jour en équipe du soir, avec un maximum de 50 journées par ouvrier et par an, ainsi que d’autres contraintes pour les salariés.
Le but : porter la production, de 62 véhicules par salarié et par an, à 90 véhicules par salarié et par an.
Plutôt que d’embaucher des effectifs Renault pour faire face aux objectifs de production, cela va se traduire par une augmentation brutale de la surexploitation des ouvriers. Les heures sup sont bien le moyen d’augmenter le profit tiré de l’exploitation des producteurs, au détriment de leur santé, de leur l’espérance de vie. (1)
Face à une telle attaque contre les salariés, quelle position des syndicats ?
La CGT rejette l’accord.
La CFDT, FO et le CGC, déjà signataires du précédent accord, le trouvent « équitable » et vont le signer, ils se comportent en auxiliaires du patronat, chargés de faire accepter ses exigences aux salariés.
Cette situation confirme que pour permettre des investissements industriels nécessaires au développement économique et social, au service des travailleurs et du peuple, il est indispensable d’arracher à la multinationale capitaliste Renault comme à toutes les autres multinationales françaises les richesses créées par les travailleurs.
(1) Les statistiques indiquent toujours une espérance de vie de 7 ans inférieure pour les ouvriers par rapport aux cadres ou professions libérales.
Par El diablo