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On assiste actuellement à un dévoiement par les réformistes des revendications des travailleurs en matière de salaire, de droits à la sécurité sociale et de temps de travail. Les candidats à la présidentielle rivalisent aussi en habileté pour présenter aux électeurs comme des conquêtes sociales des mesures réactionnaires qui liquideraient pour de bon les acquis et le statut de salarié et déréglementeraient encore plus le « marché » du travail.
La « Sécurité Sociale Professionnelle », portée par le PCF et la bureaucratie syndicale, est un projet présenté comme un moyen de sauvegarder et transférer les droits acquis de chaque salarié tout au long de sa carrière, même en cas de licenciement. On attendrait plutôt d’un parti qui se dit communiste qu’il explique aux travailleurs que le chômage est inhérent au système capitaliste et qu’il faut lutter pour son renversement et son remplacement par une autre société, au lieu de souffler à la bourgeoisie des solutions visant à humaniser son système criminel. On attendrait aussi de dirigeants syndicaux qu’ils mobilisent les travailleurs contre les licenciements et les fermetures d’entreprises au lieu d’aller négocier avec l’État et le patronat un « bon » repreneur ou des indemnités de départ. Au lieu de cela, on accepte les restructurations industrielles, le déploiement des capitaux à l’étranger, la concentration des multinationales avec tout son cortège de suppression de postes et d’emplois. Autrement, pourquoi faudrait-il sauvegarder des droits salariaux au travers de la formation professionnelle ? Le besoin de formation est légitime, mais celle-ci doit-être utilisée au profit de l’évolution de carrière dans la vie professionnelle et non pour reconvertir des salariés mis sur le carreau par le capital. En plus selon la version du PCF, cela permettrait d’utiliser ses droits sociaux (sous-entendu d’une cessation de contrat) sans perte de salaire. En réalité, le reclassement est prévu avec un salaire minimum légal par grand niveau de qualification. Donc, selon le PCF, l’ancienneté et la qualification volent en éclat avec le licenciement. Le talon d’Achille de ce projet est que moins il y aura de travail salarié et moins le patronat financera la formation professionnelle. Le PCF prévoit également 5% de l’effectif de chaque entreprise en contrat d’intérim sous prétexte de mesures contre la précarité, mais surtout pour plaire à Hamon.
Il en est de même pour la revendication des 32 heures, présentée comme une solution pour faire face à la raréfaction de l’emploi. En réalité, le réformisme l’utilise pour voler au secours du patronat pour pallier aux inconvénients de la révolution numérique capitaliste, qui risquerait d’attiser l’affrontement social contre les licenciements. 32 heures avec maintien de l’effectif ou obligation d’embauche pour lutter contre le surtravail, telle est la façon dont il faudrait poser la revendication. De plus, rien n’est dit sur les heures supplémentaires ; ainsi, la gauche dite radicale ferme les yeux à la fois sur la plus-value relative et absolue. Le droit à l’emploi comme première des libertés ne peut exister avec le capitalisme. C’est ce système qu’il faut remettre en cause
Le Revenu Universel est présenté comme une mesure permettant de réduire les inégalités et de garantir un revenu décent à tous. Mais, quelle que soit la façon dont les divers candidats et groupes politiques la déclinent, il s’agit bel et bien d’une mesure dangereuse de la bourgeoisie pour laminer les garanties sociales qui subsistent tant bien que mal. Dans la version de Hamon, chacun aura droit au revenu universel indépendamment de son revenu ou de sa fortune. Au sein de cette usine à gaz, il accrédite l’idée que les travailleurs pourront avec les retraités cumuler salaire et retraites avec le revenu universel. Cependant le revenu universel ne garantit point les minimas salariaux ou même retraités, et pourrait se substituer ou influer sur le montant de l’allocation chômage, l’assurance maladie, la retraite, les salaires et les aides familiales. Hamon le nie, mais il explique le financement de son projet par une pirouette politique (on a bien créé la Sécu après la guerre dans des conditions encore plus difficiles…) Le revenu universel ne réduira point le chômage mais détruira le salariat. En effet, cela va conforter « l’auto entreprenariat », l’Ubérisation des activités, avec le travail sous-traité vis a vis des multinationales qui achèteront des prestations de services au détenteur de la force de travail avec sa qualification pour ne plus payer des «charges» sociales. Les salariés confortés par un revenu fixe pourront ainsi entrer en concurrence sur l’accession à l’emploi, mais auront de moins en moins la capacité de s’opposer à la dévalorisation de leurs salaires. La suppression du SMIC ou de toute autre forme de plancher salarial est donc amorcée dans la proposition de mise en place du revenu universel. Pour les plus riches ou les détenteurs de moyens de production et d’échange, le revenu universel sera certes absorbé par l’impôt, cependant les aides publiques distribuées par l’état annuellement aux entreprises et qui s’élèvent à plus de 270 milliards ne sont pas remises en cause. En fait, le revenu universel est un aménagement qui accompagne la transition numérique du capitalisme en amoindrissant ses effets collatéraux sur les suppressions d’emplois. Sans augmenter les impôts et sans réduire le budget, quels seraient les modes de financement du revenu universel? Pour un revenu universel à 750 euros, il faudrait 504 milliards par an, soit plus de 35% du PIB. La seule façon de l’appliquer consisterait alors à le substituer à un certain nombre de dépenses sociales telles que la retraite, la sécu, l’assurance chômage, le RSA… Conclusion, le revenu universel avec sa présentation utopique est en réalité un outil économique au service des intérêts du patronat.
PAR EL DIABLO