Notre camarade Philippe Belair de la CGT-G nous communique :
Ce 26 Mai 2017, nous commémorons les 50 ans du massacre de Mai 1967 en Guadeloupe, suite à la grève des ouvriers du batiment qui réclamait 2% d'augmentation de salaire. Après la tuerie, ils ont eu droit à 25%. Demain, 27 Mai, nous commémorerons le massacre des troupes de Napoléon pour rétablir l'esclavage en Guadeloupe en 1802 (C'est suite à ce massacre que la révolution commencera à Haiti car beaucoup de rescapés sont partis avertir les troupes noires de Haiti).
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Mai 1967 en Guadeloupe
Trois journées, les 26, 27 et 28 mai 1967, sont dans le cœur des Guadeloupéens. Ces trois journées-là, ils se sont sentis moins Français. Parce que gendarmes et CRS ont tiré sur eux, les ont pourchassés, les abattant comme on l'aurait fait un autre temps. Jean-Pierre Sainton raconte, commente. Solange Coudrieu, victime, dit des choses troublantes.
Des tirs à balles réelles
Jean-Pierre Sainton, historien :
" Le fait qui déclenche les échauffourées dans le début de l’après-midi du 26 mai 1967 dans tout le périmètre entre la Place de la Victoire, la Darse et le marché Saint-Antoine, à Pointe-à-Pitre, est la réaction populaire à la rumeur qui parcourt la foule au sujet d’une phrase méprisante et raciste qu’aurait prononcée le chef de la délégation patronale lors de la rupture des négociations syndicales convoquées suite à la grève des ouvriers du bâtiment déclenchée quelques jours plus tôt. La sortie, sous protection des forces de l’ordre, du représentant patronal va provoquer dans un premier temps des heurts entre les ouvriers et les gens qui s’étaient amassés pour les soutenir, et les cordons de CRS et gendarmes. Puis, les échauffourées montent très vite en intensité et en violence : les jeunes sortis du travail ou des quartiers vont bombarder les gendarmes et CRS de projectiles divers (cailloux, conques de lambis, bouteilles). Ces derniers ripostent d’abord par des charges, des grenades explosives et lacrymogènes, puis tirent à balles réelles sur les manifestants à partir de 15 h 15 en visant en priorité ceux qui leur semblent jouer un rôle actif dans la manifestation. Jacques Nestor, militant du GONG (Groupe d’organisation nationale de la Guadeloupe), connu de la police est ainsi délibérément désigné, visé et abattu d’une balle en plein ventre vers 15 h 30. D’autres personnes, manifestants ou non, sont aussi abattues ou grièvement blessées par les balles des CRS sur toute l’aire couvrant la Darse et la Place de la Victoire. On a la certitude de l’identité d’au moins deux autres personnes : le jeune Georges Zadig-Gougougnan et Ary Pincemaille.
Le sous-préfet Maillard tentant de canaliser la foule en colère
Mitraillages à vue
Après les premiers tués et blessés par balles, des jeunes cassent deux armureries proches pour riposter. Ils attaquent alors les symboles de tout ce qui représentait l’injustice et le racisme. A partir de la fin de l’après-midi, les affrontements s’étendent à la ville. S’ouvre alors une seconde phase des événements avec l’arrivée des escadrons de gendarmerie mobile, les Puma, appelés par le Préfet qui, sous prétexte de répliques aux actions des jeunes et de rétablissement de l’ordre seront les principaux exécutants responsables des rafles, mitraillages à vue, exécutions sommaires, exactions et assassinats qui sont perpétrés dans la nuit du 26 mai 1967, et encore le lendemain. Ils ont fait des dizaines de blessés et un nombre encore indéterminé de morts, assurément plus que les 8 personnes identifiées dont les noms sont connus à ce jour. "
Une répression militaire préparée
L'analyse de Jean-Pierre Sainton est sans équivoque :
" La révolte des habitants de Basse-Terre, le 20 mars 1967, leur détermination à châtier le raciste Snrsky — un marchand de chaussures d'origine européenne qui avait lâché son chien sur un ferreur (cordonnier ambulant), NDLR —, leur capacité à formuler des revendications précises et le soutien à leur côté des personnalités et organisations nationalistes avaient affolé les autorités. D’autres réactions populaires pouvant être « utilisées » par les nationalistes étaient à prévoir. Les autorités préfectorales, couvertes par les autorités gouvernementales, s’étaient préparées à frapper vite et très fort tout ce qui ressemblerait à l’amorce d’une contestation populaire. Mai 67 est une répression militaire qui a été méthodiquement préparée et exécutée. Ce n’était pas simplement une grève qui aurait « dérapé ». "
Témoignage de Solange Coudrieu
Solange Coudrieu, aux approches de ses 80 ans, est un personnage emblématique de ces événements. Son témoignage est émouvant.
Certains diront « à être défendu », d’autres « à lutter tous ensemble ». En fait, les deux idées sont inséparables. Le syndicat sert à s’unir, à s’organiser et à agir collectivement pour se défendre dans la lutte des classes et conquérir de nouveaux droits.
Le syndicat d’entreprise est la base du syndicalisme, car situé au plus près du salarié. Il fonctionne avec les syndiqués qui proposent, orientent et décident de l’activité.
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