SOURCE : Publié par Le Mantois et Partout ailleurs de Roger Colombier
Ce fut un grand écrivain, mais aussi un fieffé réactionnaire. Il a été également un homme politique de droite et plusieurs fois conseiller dans des cabinets ministériels. Journaliste, il fut directeur général du Figaro, l'organe historique de la droite et du patronat. Partisan des guerres coloniales, notamment de celle du Vietnam, il fit interdire d'antenne la chanson de Jean Ferrat: Un air de liberté:
Les guerres du mensonge les guerres coloniales
C'est vous et vos pareils qui en êtes tuteurs
Quand vous les approuviez à longueur de journal
Votre plume signait trente années de malheur
La terre n'aime pas le sang ni les ordures
Agrippa d'Aubigné le disait en son temps
Votre cause déjà sentait la pourriture
Et c'est ce fumet-là que vous trouvez plaisant
Ah monsieur d'Ormesson Vous osez déclarer
Qu'un air de liberté flottait sur Saïgon
Avant que cette ville s'appelle Ville Ho-Chi-Minh
Allongés sur les rails nous arrêtions les trains
Pour vous et vos pareils nous étions la vermine
Sur qui vos policiers pouvaient taper sans frein
Mais les rues résonnaient de paix en Indochine
Nous disions que la guerre était perdue d'avance
Et cent mille Français allaient mourir en vain
Contre un peuple luttant pour son indépendance
Oui vous avez un peu de ce sang sur les mains
Ah monsieur d'Ormesson Vous osez déclarer
Qu'un air de liberté flottait sur Saïgon
Avant que cette ville s'appelle Ville Ho-Chi-Minh
Après trente ans de feu de souffrance et de larmes
Des millions d'hectares de terre défoliés
Un génocide vain perpétré au Viêt-Nam
Quand le canon se tait vous vous continuez
Mais regardez-vous donc un matin dans la glace
Patron du Figaro songez à Beaumarchais
Il saute de sa tombe en faisant la grimace
Les maîtres ont encore une âme de valet
Jean d'Ormesson défunt, je n'irai pas cracher sur sa tombe. Mais il ne fut pas de mes amis ni de mes camarades pour un monde libre, de progrès et de justice sociale.
PAR FSC