SYNDICAT CGT UNILEVER FRANCE HPCI

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Syndicat CGT Unilever HPCI France

Publié le par Syndicat CGT Le Meux
Publié dans : #Notes d'information Cgt Unilever

 75e anniversaire de l'accord du Perreux.

 75e anniversaire du CNR.

La place de la CGT .

le CNR, une belle page de l'histoire ouvrière ; en prologue, le 17 avril 1943

Dans la période de lutte intense face à la volonté de la droite revancharde et du capital d'en finir avec le modèle social français , pas inutile de rappeler comment s'est construit un des moments majeurs de l'histoire contemporaine de la France. Comment, par quels cheminements, c'est constitué le Conseil National de la Résistance.

Un article signé par un proche de Canaille le Rouge permet d'y voir clair sur ce moment décisif de notre histoire. La Canaille vous en fait profiter.

"14 avril 2018

Il n'est jamais inutile de prendre un peu de temps pour depuis où l'on est regarder d'où on vient pour savoir penser vers où on veut aller.

Dans cette période de lutte intense autour des services publics, du pacte républicain voire de la conception même de la République, le syndicalisme n'est pas à côté mais à sa place, toute sa place, constitutif de ce débat et à des prétentions fondées à s'y faire entendre.

Un moment important fondateur de ce pacte républicain et décisif dans l'histoire syndicale va être sur le devant de la scène dans les semaines à venir : la constitution le 27 mai 1943 du Conseil National de la Résistance.

La place de la CGT dans cette construction est aussi fondamentale qu’incontournable même si les officiel de l'histoire formaté vont tout faire pour la contourner.

Voici éclairer par les témoignage et les archives dont les plus récentes comment l'accord du Perreux du 17 avril 1943 permettra d'aboutir à la création du CNR, comment Jean Moulin s'appuyant sur des volonté de part et d'autre d'une CGT cherchant à se reconstituer il en fera un levier décisif pour aboutir à la Réunion du 27 mai 1943 rue du Four. Qui sait que parmi les participant à cette première réunion plus de la moitié sont ou ont un passé de syndicaliste dont les 3/4 à la CGT ?

Le 17 avril 1943, en pleine occupation du territoire français par les armées nazies, l'accord du Perreux est signé. Il scelle la réunification de la CGT, divisée depuis septembre 1939, en deux courants : la CGT ex confédérée et la CGT ex unitaire, le " ex " étant lié à la première réunification de 1936 après la scission de 1921.

Petit retour en arrière pour cadrer le débat :


Les accords de Munich entre l'Allemagne hitlérienne et l'Italie Fasciste d'une part, La France et la Grande Bretagne sont signés le 30 septembre 1938, ils livrent la Tchécoslovaquie à Hitler. Des accords soutenus par la majorité des confédérés mais dénoncé par les unitaires. En 1939,  et dès connu le pacte germano-soviétique signée le 23 septembre, une vague d’anticommunisme déferle sur le pays, avec l’interdiction du PCF. 

Le 3 septembre 39, le bureau confédéral de la CGT vote l'exclusion des militants dont les dirigeants communistes en mandat syndical dans la CGT, prononce la dissolution des syndicats refusant de condamner le pacte.

La CGT pourtant réunifiée en 1936, avait déjà vécu une rupture en décembre 1921 après l'exclusion de la fédération CGT des cheminots par la tendance conférée après l'échec de la grande grève de 1920, tendance conférée historiquement liée et restée fidèle à la SFIO.

Cela se traduira
alors par la création de la CGTU- tendance unitaire qui fait le choix après la révolution réussie de Russie et celle d'Allemagne férocement réprimée par l'alliance du SPD avec les Freikorps lesquels seront l'ossature du NSDAP hitlérien, de s'organiser au sein de l'internationale Syndicale rouge. Un choix des unitaires nourrit aussi du rejet des pratiques de l'union sacrée ayant permis la boucherie de 14-18 portées par Léon Jouhaux et la majorité de la direction de la CGT.

Après la promulgation de la charte du travail par le gouvernement de Pétain à partir de l'automne 40, où un secrétaire de la CGT, Belin, est ministre du travail, l'interdiction des confédérations (pas des fédérations ni des syndicats), parmi les ex-confédérés quelques militants, dont des dirigeants, refusent d’accepter la volonté de Vichy de remplacer le syndicalisme par la Charte du travail laquelle impose une conception fasciste du syndicalisme.

Les syndicalistes confédérés qui refusent la charte sont à leur tour victime de répression. L’idée de faire face ensemble grandit. Déjà l'automne 40 avait vu la publication d'un manifeste du syndicalisme par des responsables des ex confédérés (dont Louis Saillant) avec des militants de la CFTC (il n'existe alors que la CGT et la CFTC) . Benoît Frachon, dans la clandestinité depuis 1939, dirigeant de la tendance ex-unitaire, dirigeant du Parti communiste clandestin établi dans la clandestinité des contacts avec Jouhaux, dirigeant de la tendance ex-confédérée, socialiste.

Dans le même mouvement, Jean Moulin envoyé de De Gaulle pour unifier la Résistance intérieure, mesurant la place du syndicalisme comme levier d'action, de par son activité de soutien à la République espagnole lorsqu'il était au cabinet de Pierre Cot ministre de l'air durant le Front populaire ayant des contacts avec les deux parties, agit pour pousser à la réunification.

Ce débat va se poursuivre jusqu’à la rencontre du Perreux, le 17 avril 1943, où Robert Bothereau et Louis Saillant pour les Ex confédérés, Henri Raynaud et André Tollet pour les ex unitaires se retrouveront dans la maison de Fritsch, ouvrier syndiqué militant de la fédération du bois (fédération de Saillant et de Tollet), mandaté par les deux courants, pour reconstituer la CGT.

Une rencontre entre les représentants des deux tendances a lieu  à Cahors le 22 septembre 1942. Raymond Semat (ex secrétaire de la fédération des métaux, interné puis évadé de Chateaubriant) est envoyé par B Frachon pour transmettre à L Jouhaux la proposition de reconstituer les organisations dirigeantes sur la base de la situation de 1939. Ce 22 septembre 1942 va ouvrir les possibilités d’œuvrer ensemble à une réunification dans le but commun en s'appuyant sur les exigences revendicatives et patriotiques de travailler à la Libération du Pays.

Le débarquement en Afrique du Nord fin 1942, accélère le processus, Jean Moulin s'activant et prenant tous les risques pour que devant les alliés à Alger la Résistance intérieure et la France libre par la voix de De Gaulle parle d'une seule voix.

Les archives dont celle de Louis Saillant confirme pourtant que ce fut laborieux. À partir des ces documents  ainsi qu'en reprenant les mémoires de Daniel Cordier secrétaire de Jean Moulin (cahier IHS N° 121 de mars 2012) il est possible de mesurer comment le chemin fut parcouru.

André Narritsens, historiens de l'IHS CGT qui a longuement étudié le fond Saillant va pouvoir préciser dans ses récents travaux :

"La longueur des discussions de la nuit témoigne de la difficulté à résoudre les divergences dont nous avons fait état et qui vont subsister. Incontestablement, les unitaires jouent la carte de l’unité en acceptant l’essentiel des exigences confédérées telles que les rappelle la lettre du 18 mai et qui datent du mois de janvier 1943. Ils renoncent à voir figurer dans l’accord aussi bien la question de l’appel et de l’organisation de l’action que leur représentation à Londres. S’agissant du maintien sous secret de l’accord, ils ne forcent pas non plus les feux, considérant que l’avenir de la décision politique issue de la rencontre du 17 avril se jouera dans la pratique".

Il met en note de sa dernière publication sur la question ((in Dossier des cahier IHS N°144) cette information décisive :

"Le 1er octobre 1943 La Vie ouvrière clandestine a notamment publié une déclaration de Benoît Frachon, Julien Racamond et Henri Raynaud, sous leur qualité de secrétaires de la CGT, donnant des explications sur la reconstitution de l’unité et précisant que « aujourd’hui que l’unité se reconstruit, que les syndicats prennent un nouvel essor, c’est le devoir des syndicats de prendre résolument la tête [des] luttes. […] L’unité réalisée au sommet doit se compléter rapidement de l’unité à tous les échelons, fédérations, UD, UL, syndicats, sections syndicales. Partout et sans attendre les ordres, les militants doivent prendre la responsabilité de réaliser cette unité. »

Par contre dès 2013 à mesure de l'ouverture des archives, cette articulation décisive entre l'accord du Perreux et la création du CNR devient, d'une hypothèse la plus plausible, une certitude historique (voir A Narritsens les cahiers d'Histoire 144)

Georges Seguy de préciser dans une interview dans l'Humanité d'avril 2013 :  " Le 17 avril apporta à Jean Moulin suffisamment d’éléments de conviction pour surmonter les réticences qui se manifestaient, et c’est pour cela que le 27 mai 1943 était créé le Conseil national de la Résistance, à savoir un organisme unique, une force commune, sous la même autorité. Ce fut un élan formidable donné à la Résistance, après la défaite des Allemands à Stalingrad, qui a signifié la fin du mythe de l’invincibilité de Hitler. L’idée que Hitler pouvait perdre la guerre a alors pris le dessus, et nous avons, nous, les résistants, rencontré beaucoup plus de compréhension dans l’opinion. Ce fut le printemps de la France libre ! Un élan nouveau qui a abouti à la Libération et s’est concrétisé avec le programme du CNR. Les décisions de l’unification de la CGT et de la Résistance ont aussi réglé la question de savoir ce que deviendrait la France après la Libération. ".

Les archives de Louis Saillant, celles d'André Tollet qui sur mandat de Frachon rencontrera J Moulin, les livres de Bothereau, les mémoires de Daniel Cordier tout comme les travaux de Robert Chambeiron secrétaire général adjoint du CNR vont confirmer et affiner la connaissance de ce moment décisif construit dans l'illégalité et la traque des résistants.

Malgré les conditions de la clandestinité qui feront qu'il n'y aura pas alors de texte publié (il faudra attendre 1944 et la libération pour sa régularisation officielle par une déclaration du Bureau confédéral) , l'accord du 17 avril est un événement majeur dans l'histoire de la Résistance.

La question de l'avenir de la France se trouvait devant une alternative : serait-elle un protectorat sous le contrôle des ex-alliés ou deviendrait-elle l’une des quatre nations victorieuses à laquelle serait restituée une souveraineté intégrale ? ce sera un des fondements de ce qu'on appelle le pacte républicain.

La création du CNR a permis à De Gaulle de se présenter aux alliés, à Churchill et à Roosevelt, comme l’unique chef, unanimement accepté par la Résistance intérieure française civile et militaire. Pour la France libre et la Résistance intérieure réunies sons le nom de France combattante, il n’était pas question d’envisager une autre solution que l’indépendance nationale. La question de la souveraineté était ainsi posée à partir de l'exigence et le combat populaire.

Toujours de G Seguy,
" Cette page de l’histoire syndicale, son importance par les répercussions qu’elle a eues doit susciter une réflexion qui concerne le syndicalisme d’aujourd’hui. De même qu’en 1936 la réunification de la CGT contribua à la victoire du Front populaire, la réunification du 17 avril 1943 a contribué au rassemblement de la Résistance intérieure au sein du CNR et à son programme, qui a doté la France du meilleur modèle social du monde. Deux pages de l’histoire de la CGT qui sont riches d’enseignements pour le syndicalisme du XXIe siècle et qui témoignent de sa force, pour défendre, mais aussi pour gagner des avancées, dans l’unité ".

L'expérience montrant que cette unité, plus qu'une juxtaposition de sigles, réside avant tout sur le rassemblement autour de contenus forts et massivement partagés.

Si le 27 mai 2018 sera célébré le 75
e anniversaire du CNR, faire l'impasse du 17 avril 1943 serait une erreur magistrale pour le monde du travail dans ce moment où le pacte républicain, les valeurs de la Résistance et son programme sont mis à mal par les faillis d'hier revenus aux affaires grâce à des complicités actives parmi ceux qui pourtant s'en déclarent souvent, et de façon hégémonique, les héritiers.

Guy Hervy

Rédigé par Canaille Lerouge

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