Heureusement qu'à l'heure du Brexit, les épiciers sont là pour ranimer l'Entente cordiale. Cette fois, le rôle de Louis-Philippe est joué par Alexandre Bompard, le PDG de Carrefour, et celui de Victoria, par Dave Lewis, le directeur général de Tesco. N'oubliant pas que la paternité de la fameuse expression « Entente cordiale » revient au ministre François Guizot, également auteur du non moins célèbre « Enrichissez-vous ! »,  les deux patrons cherchent à améliorer leur efficacité. Ils ont en effet annoncé pour abaisser leurs coûts leur souhait de regrouper leurs achats de produits vendus sous leurs propres marques. Tous deux avaient déjà indiqué dans leurs plans stratégiques leur volonté d'accroître la part dans leurs ventes de ce genre de produits, plus rémunérateurs. Si Bompard, quarante-cinq ans, est arrivé aux commandes en juillet 2017, Lewis est en poste depuis le 1er septembre 2014. Comme les actionnaires de Carrefour lorsqu'ils ont choisi l'ex-patron de la FNAC, Tesco a apprécié en Lewis son image de redresseur d'entreprises. Le Britannique, cinquante-trois ans, à la tête des cosmétiques d'Unilever, vingt-sept ans dans l'entreprise, était auréolé de son action sur deux « cash machines » du groupe néerlandais, les marques Dove et Axe. La hache est d'ailleurs une marque de fabrique qui l'a fait surnommer « Drastic Dave ». Le salaire de Bompard a fait des vagues, celui de son nouveau partenaire aussi. A près de 5 millions de livres en 2017,  même si les profits de Tesco ont rebondi grâce à un plan très ambitieux , une association d'actionnaires a trouvé que c'était trop. On ne peut pas porter la hache partout.

Sabine Delanglade
 
PAR LES ECHOS