Le rassemblement des Gilets jaunes (GJ) était convoqué à 14 heures place de la Bourse, un autre appel de la part des directions syndicales convoqué à 15 heures place de la Victoire rassemblant une autre partie des manifestants. Peu à peu, les GJ se sont regroupés et rapidement le cortège comptait des milliers de personnes. A mesure que le cortège avançait dans les ruelles de Bordeaux, il s'épaississait par l’arrivée progressive de GJ jusqu’à dépasser les 4000 manifestants.
Depuis place de la Bourse, suite à l’arrivée des motards avec leurs gros cylindrés, le cortège a avancé jusqu’à porte de Bourgogne en longeant le quai Richelieu, pour ensuite remonter le cours Victor Hugo et tourner cours Pasteur avec l’intention de rejoindre la place Pey Berland et l’Hôtel de ville. Dès l’arrivée des manifestants à l’Hôtel de ville, les CRS leur préparaient déjà la bienvenue avec des jets des gaz lacrymogènes et de grenades de désencerclement.
A ce moment, le cortège syndical, CGT en tête, a fait irruption place Pey Berland. Leur parcours déposé en préfecture étant interrompu par l’envoi de gaz lacrymogènes sur les manifestants, le cortège syndical a dû emprunter les voies du tram A, pour essayer d’atteindre la Mairie de Bordeaux ou les GJ se faisaient déjà violenter par les forces de l’ordre.
Sur les voies du tram A, au niveau de l’arrêt Hôtel de ville, un événement inattendu s’est produit : la jonction des deux cortèges, poussés par la répression policière et en signe de solidarité, malgré les hésitations du service d’ordre de la CGT. A ce moment-là, les motards sont partis, peut-être par peur de l’endommagement de leurs engins ? Un couloir de fortune dans le cortège syndical a dû se préparer à la hâte pour permettre aux engins de circuler.
Au beau milieu des cris de solidarité avec les manifestants qui subissaient la répression des forces de l’ordre, le cortège syndical au sein duquel défilaient aussi plusieurs partis politiques comme le NPA, LO et le PCF, a fait jonction avec les GJ. Une belle démonstration de convergence malgré les réticences de Martinez et des autres directions syndicales.
Lors de la jonction, la répression s’intensifiait, très violemment. On pouvait percevoir que la police avait très peur de cette jonction qui pouvait facilement les mettre en déroute, et c’est à ce moment-là que le cortège syndical a malheureusement décidé d’abandonner l’Hôtel de ville et de se disperser.
La bataille de l’Hôtel de ville avait déjà commencé. Personne ne pouvait prévoir qu’elle allait durer plus de 5 heures jusqu’à tard le soir, la nuit tombée. Rapidement, les manifestants ont formé une barricade de fortune avec des échafaudages qu’on pouvait trouver autour de la cathédrale pour se protéger des tirs de flashball, qui ont été tiré à bout portant, avec l’intention de blesser, et qui auraient même pu tuer.
Heureusement, la nature était du côté des manifestants : vent à notre avantage, les gaz lacrymogènes se sont retournés vers les forces de l’ordre. Puis une pluie fine a commencé à tomber, provocant un soulagement général du côté des manifestants, déterminés à tenir bon jusqu’à voir leurs revendications satisfaites.
Aux cris de « Juppé apéro » et de Marseillaise, les manifestants combattaient une police apeurée et déchaînée contre les GJ et le monde du travail qu’ils représentent.
Fait incroyable, un « statut quo » a été décrété par les deux parties s’affrontant, pour rechercher la main d’un manifestant, qu’une grenade venait de lui arracher. Les CRS ont profité de la situation pour tirer à bout portant sur l’un des GJ alors qu’il était à la recherche de la main... résultat : un poumon déchiré. Tel est le courage dont a fait preuve la police ce samedi à Bordeaux.
Le bilan de cette journée de brutale répression a été catastrophique : plus d’une quinzaine de manifestants blessés dont trois blessés graves. Un vieil homme a eu une partie de la mâchoire ouverte par un tir de flashball, un autre a eu la main arrachée, et un troisième a écopé d’une déchirure pulmonaire.
L’acte quatre est déjà en train de se préparer. La grogne des gens ne sera pas dispersée par des tirs de flashball monsieur Juppé, et comme les manifestants chantaient sur la barricade, l’apéro vous attend à la Mairie : dépêchez-vous, vous risquez de rater quelque chose…
Pour continuer, le mouvement doit se structurer en comités d’action contre la vie chère et une coordination des blocages sera essentielle si l’on veut mettre à bas le gouvernement Macron et son monde.
Nous les syndiqués, nous devons dénoncer l’attitude criminelle de nos directions syndicales et les pousser à lancer un appel à la grève générale, avec des assemblées générales sur les lieux de travail jusqu’à satisfaction de nos revendications. C’est la seule façon d’obtenir que la crise soit payée par les capitalistes, car nos vies valent plus que leurs profits !
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Publié par REVOLUTION PERMANENTE