C’était une journée que beaucoup attendaient avec impatience, une journée de grève générale appelée par les syndicats et les Gilets Jaunes. Pourtant, les médias ont suivi de très très loin cette journée, la faisant passer quasiment inaperçue aux yeux de tous. Nous étions des dizaines de milliers à défiler ce mardi partout dans l’Hexagone.
Crédit photo : affiches mai 68
La CGT annonce 300 000 personnes dans les rues de France ce mardi 5 février. Bravant le froid, la pluie et le vent pour certains, déterminés et présent dès 4h du mat pour bloquer, cette journée inédite depuis le début du mouvement des Gilets Jaunes n’aura pas beaucoup fait parler les éditorialistes.
En effet, il a été compliqué de s’informer au cours de la journée sur ce qu’il se passait partout en France. Un silence qui en dit long sur la peur du gouvernement et du patronat de voir cette première journée de grève et ces manifestations Gilets jaunes – Gilets rouges donnaient des idées aux travailleurs et se généraliser. Si cette journée de grève, appelée timidement par les directions sur la pression de la base n’a pas été massivement suivie, on voit la peur que la construction d’une véritable grève générale se mette plus sérieusement à l’agenda du mouvement.
Pourtant, les déploiements de force de répression montrent que l’Etat a pris au sérieux cette journée de grève. Gazages, blindés déployés, nassages, les techniques de répressions que l’on connaît trop bien étaient de mises. A la différence, que l’Etat ne pouvait se permettre d’exercer la même violence sur les syndicats que sur les Gilets Jaunes. D’un côté les cortèges syndicaux ne manifestaient pas avec la même radicalité que durant les samedi jaunes s’en tenant la plupart du temps aux parcours déposés, de l’autre, Macron ne peut se permettre autant de « démonstrations de force » à l’égard des syndicats – celui-ci étant déjà bien trop isolé pour forcer une réponse de leur part.
Les médias quant à eux, ont permis de faire oublier cette première journée. Sans doute la discussion que certains journalistes ont eu avec Macron à l’Elysée les ont aussi motivés à brosser encore plus dans le sens du poil le gouvernement. La semaine dernière et relayé par Le Point, devant quelques journalistes, Macron avait donné son avis sur le journalisme et l’information. « Le bien public, c’est l’information. Et peut-être que c’est ce que l’État doit financer. Le bien public, ce n’est pas le caméraman de France 3. Le bien public, c’est l’information sur BFM, sur LCI, sur TF1, et partout. Il faut s’assurer qu’elle est neutre, financer des structures qui assurent la neutralité. Que pour cette part-là, la vérification de l’information, il y ait une forme de subvention publique assumée, avec des garants qui soient des journalistes. Cette rémunération doit être dénuée de tout intérêt. Mais quelque part, cela doit aussi venir de la profession. »
Cette volonté de recréer l’ORTF, et de contrôler les informations a sans doute influencé -s’il était encore possible de le faire- les médias pour cette journée. Une information libre et neutre qui a à peine parlé de 300 000 personnes battant le pavé contre le pouvoir et ses politiques. De plus si l’on s’approche un peu trop prêt de ce qui se passe au sommet, on peut se retrouver un matin avec des flics aux portes de la rédaction pour une perquisition comme pour Mediapart.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE