Le géant anglo-néerlandais mise sur les produits durables et de niche pour relancer sa croissance. Son chiffre d'affaires a chuté de 5,1 %, à 51 milliards d'euros en 2018.
« Notre modèle centenaire consistait à proposer des produits de masse à des masses de consommateurs. Il a vécu ». Lâchée par le nouveau directeur d'Unilever, en marge du sommet de Davos, la phrase résume à elle seule le virage stratégique du propriétaire de Ben & Jerry's, du thé Lipton et des soupes Knorr. C e dernier entend désormais se démarquer de ses concurrents, en privilégiant les produits durables ou bien de niche. Unilever a mené 11 acquisitions répondant à ces critères en 2018.
D'ores et déjà, le groupe propose sous la marque Monsavon des gels douche et des déodorants aux ingrédients biologiques mais aussi 700 produits alimentaires avec un label végétarien. Aux Etats-Unis, Unilever tente de reprendre l'avantage sur Nestlé dans le secteur des glaces, avec une nouvelle gamme de crèmes glacées, favorisant le transit intestinal.
« Cette stratégie oblige Unilever à proposer des innovations produits pour augmenter ses volumes sur des marchés occidentaux matures », explique Joos van Beek, analyste chez la banque Insigergilissen. « Sur les marchés en développement comme la Chine et l'Inde, l'offre de produits standard devrait rester la norme », poursuit l'analyste en mentionnant l'acquisition récente de la division indienne de GlaxoSmithKline dans le secteur des boissons.
Avec ce revirement stratégique, le groupe entend remonter la pente, après un exercice 2018 qui s'est soldé par une baisse de 5,1 % du chiffre d'affaires, à 51 milliards d'euros. En France, les ventes ont diminué dans toutes les catégories à l'exception des glaces. Le bénéfice net du groupe a toutefois doublé en 2018, à 9,8 milliards d'euros, du fait notamment de la cession du pôle margarines.
Le nouveau DG a confirmé les objectifs de son prédécesseur, en visant une marge opérationnelle de 20 % d'ici 2020, contre 18,4 % l'année dernière. Des chiffres fixés après l'OPA avortée de Kraft Heinz sur le groupe, début 2017. « Unilever va devoir être très sélectif sur l'achat de ses matières premières et des ingrédients de ses produits pour parvenir à ce résultat », souligne Joos van Beek.
De fait, la prudence reste de mise sur l'exercice en cours. Le chiffre d'affaires ne devrait augmenter que dans « la fourchette basse des 3 à 5% » cette année. Une prévision qui a déçu les marchés. Côté gouvernance, la simplification de la structure à deux têtes du groupe reste à l'agenda. En octobre, Unilever avait dû renoncer à fermer son siège londonien sous la pression des actionnaires britanniques.