Le 8 avril s'est tenu à Hérimoncourt dans le Doubs, un CCE extraordinaire. A l’ordre du jour, la fermeture définitive du site qui va mettre 200 salariés sur le carreau.
Crédit photo : SEBASTIEN BAER / FRANCE-INFO
Le 8 avril s’est tenu à Hérimoncourt dans le Doubs, un CCE extraordinaire. A l’ordre du jour, la fermeture définitive du site qui va mettre 200 salariés sur le carreau. Mais qu’on se rassure, « ce n’est qu’un transfert d’activité vers le site de PSA Vesoul. » Il y aura un projet de « revitalisation » avec le développement d’un centre de formation et des entreprises d’intérim. Autant dire que rien ne sera fait. Car avoir l’espoir de garder un bassin d’emploi, alors que 200 salariés de PSA sont mis dehors, ce n’est pas un projet mais une manipulation grossière destinée à déguiser une fermeture en opération de transfert d’activité.
Ce sont des familles entières qui vont être laissées sur le bord de de la route, victimes de l’appétit toujours plus gros du groupe PSA. Les records de bénéfice étaient pourtant au rendez-vous. Pas loin de 3 milliards dégagés grâce à la fermeture des usines et au massacre des emplois partout dans le pays. Un accroissement des taux de profit qui a permis de servir des actionnaires qui ne créent rien d’autre que des chômeurs. Ceux qui prennent des dividendes devraient être poursuivis pour tentative de mort délibérée sur les ouvriers licenciés chez PSA. Nous nous rappelons avec amertume un slogan que le groupe PSA affichait dans les années 80 et qui disait « les profits d’aujourd’hui seront les emplois de demain. » Oseraient-ils en reparler aujourd’hui aux salariés des usines qui ont fermé ?
L’exemple de l’usine d’Hérimoncourt est un cas d’école significatif du système capitaliste. Il répond en l’occurrence aux objectifs du groupe PSA : accroître la rentabilité en supprimant les activités qui ne dégagent pas suffisamment de valeur ajoutée, et en se reportant sur des activités plus lucratives. C’est ce qui explique la décision de fermer Hérimoncourt et de remettre tous les investissements sur Vesoul qui a pour activité le recyclage des pièces. Objectif, tripler le chiffre d’affaires de l’usine de Vesoul et en faire un référent mondial pour le groupe.
Bien sûr, PSA utilise les termes adéquats pour enrober et justifier ses décisions. Par exemple, « l’économie circulaire », présentée comme une pratique vertueuse permettant de recycler les pièces et de supprimer les déchets. En réalité, ce que cherchent les dirigeants, qu’il s’agisse des moyens ou des personnels c’est faire plus avec moins, avec l’intensification de la charge de travail qui en découle. Ce qui compte, c’est de dégager des profits à court terme.
Rien à voir, donc, avec une activité qui serait en déclin sur Hérimoncourt, mais des choix politiques orientés sur le marché du recyclage des pièces en Europe estimé à 7,4 milliards d’euros. Pour appliquer cette politique de « profitabilité », le groupe PSA a nommé Véronique Morel qui ne fait que très peu dans l’écologie et n’a qu’une intention, tripler le chiffre d’affaires actuel en l’espace de 4 à 5 ans. Au-delà de la question dite environnementale, et du souci d’économiser la matière et l’énergie, c’est bien de dominer la concurrence sur une activité en plein essor qu’il s’agit. Et pour cela, en gros, faire des économies et des profits partout et sur tout. Même principe en ce qui concerne le « compactage » des usines ; deux usines qui font la même chose, ça ne va pas. Donc on ferme la plus petite.
Quitte à tout détruire sur son passage, le capitalisme et ses serviteurs n’ont pas d’état d’âme. Seuls les profits comptent. La création d’emplois n’est pas leur problème pas plus que les drames que leur disparition entraîne.
C’est bien pour cela qui nous nous battons contre leur système qui mène l’humanité droit dans le mur. Seul le combat uni de notre classe avec un plan de bataille à la hauteur de l’affrontement qu’exige la défense de nos intérêts face à ceux de la bourgeoisie peut nous permettre de gagner.
Le problème ne se pose pas seulement sur le site PSA d’ Hérimoncourt, mais également à PSA Saint-Ouen où les camarades mènent la bataille localement. Mais des suppressions d’emplois et des fermetures d’usines ne peuvent relever seulement d’une lutte locale ou de la négociation du montant des indemnités.
Nous devons combattre une vision stratégique totalement défaitiste. C’est une question qui doit être traitée à l’échelle nationale, dans un cadre interprofessionnel. Les confédérations doivent y jouer un rôle organisateur et mobilisateur contre le patronat. Il ne peut être question de se limiter, comme semble le croire la CGT, à la dénonciation et à l’interpellation par des communiqués de presse, seule une attitude offensive face aux attaques et à la politique de casse du patronat et de Macron peut apporter une réponse.
Dans la situation actuelle où le mouvement des gilets jaunes tient tête au gouvernement depuis bientôt 5 mois créant une crise de gouvernance qui fragilise le pouvoir, il est inacceptable de rester l’arme au pied, au lieu de renforcer le combat contre la suppression d’emplois et les fermetures d’usine, en lien avec les mouvements en cours.
Le minimum serait un appel à la grève contre les fermetures d’usine qui se multiplient en France, chez PSA, Ford et ailleurs. Au lieu de cela, les bureaucraties syndicales, loin des drames que vivent les travailleurs, continuent à pratiquer des négociations qui se soldent par des reculs, voire des échecs. Les échecs ne sont pas inéluctables, notre camp peut gagner en s’appuyant sur des équipes combatives composées de syndiqués et de non syndiqués. Des travailleurs et travailleuses infiniment plus précaires comme ceux d’ONET ou d’HYATT ont été capables de se battre jusqu’au bout pour gagner. C’est leur exemple que nous devons suivre plutôt que de nous coucher sous la domination de nos exploiteurs. C’est ce qui doit être la boussole politique de tous ceux qui subissent, comme à Hérimoncourt, la violence des fermetures d’usine.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE