Alors que l’augmentation du temps de travail est au coeur des annonces à venir de Macron, un retour s’impose sur les 35 heures qui n’ont jamais empêché les patrons d’augmenter la durée et la charge de travail imposées aux salariés. L’exemple de PSA est probant.
Jeudi, par la voix de Macron, le gouvernement viendra nous expliquer qu’il faut travailler toujours plus, avec dans le viseur les jours fériés et les 35 heures. Pourtant, dans la plupart des entreprises, les 35 heures, tant vantées par Martine Aubry puis par le gouvernement Hollande, n’ont jamais permis de diminuer le temps de travail des salariés. En effet, aujourd’hui, c’est l’accord d’entreprise qui fait loi en ce qui concerne la durée du travail. Autrement dit, les travailleurs sont donnés en pâture au patronat.
Mais cela ne semble pas être suffisant pour les médias dominants, les économistes, les chantres du système capitaliste qui déclarent que travailler un jour férié est avant tout un moyen de sauver le « système solidaire », voire de « financer la dépendance ». Un discours qui vise à justifier une exploitation toujours croissante, tandis que l’idée de ponctionner les profits du patronat atteignant des niveaux inégalés n’est jamais à l’ordre du jour dans les débats médiatiques.
Cette année comme les précédentes, à PSA Sochaux, le lundi de Pâques a été un jour travaillé obligatoire (le volontariat n’existe pas dans le groupe PSA). Si cette journée de travail imposée a été dénoncée dans certains médias, il faut savoir qu’à PSA Sochaux c’est l’intégralité des ponts du mois de mai qui seront des jours travaillés, à l’exception du 1er mai. Le tout systématiquement validé par la préfecture – et donc par le gouvernement – à chaque demande du groupe.
Pour justifier ce rythme de forçat, la direction de PSA argue que les salariés sont payés à 300 % dans le secteur de la métallurgie (mais évidemment sans développer sur les différences considérables que cela peut entraîner en fonction des salariés). Mais ce qu’il faut en outre signaler c’est bien la politique de suppression d’emplois, à hauteur de 25 000 en moins de 10 ans, accompagnée des plans de saignée de l’entreprise et de précarisation avec 10 000 intérimaires sur le groupe PSA, alors que les profits ont augmenté de plus de 40 % par rapport à l’année dernière. Largement de quoi construire des lignes de montage pour faire le travail dans des conditions qui n’exigent pas de faire travailler les ouvriers les jours fériés.
Hélas, la réalité est tout autre pour les ouvriers qui doivent consacrer l’essentiel de leur vie à travailler, sans jamais pouvoir refuser, contraints de faire tourner les usines 7 jours/7 et quasiment 365 jours par an, afin de s’aligner sur le niveau des commandes. Les travailleurs précaires, en particulier, n’ont aucun moyen de refuser – et le travail précaire est devenu la norme dans le groupe.
Avec les accords de compétitivité qui permettent de rendre le travail obligatoire, les samedis matins sont presque tous travaillés, ainsi que le dimanche soir pour les équipes de nuit. Des cadences infernales, un rythme continu, qui sont la réalité de la vie sur une chaîne de montage…
Alors qu’en toute logique les commandes devraient entraîner une création massive d’emplois, à Sochaux au contraire le nombre de salariés n’a cessé de diminuer. Car la politique de PSA, comme celle de l’ensemble des industries, est de faire toujours plus avec toujours moins d’effectifs et avec des temps de pause toujours plus courts, au détriment de la santé et de la vie de ceux qui y travaillent. Et pourtant, avec des résultats historiques se montant à 74 milliards d’euros (plus 5,6 %) et un résultat opérationnel de 5,7 milliards, les moyens d’embaucher en CDI tous les précaires sont bien là. Si les précaires qui font tourner les usines aujourd’hui cessaient le travail demain, aucune voiture ne serait fabriquée ; à l’inverse, si demain Carlos Tavares s’en va, la production continuera. Elle continuera parce que ceux qui créent les richesses ce sont les ouvriers et pas le haut dirigeant. Le comble du scandale, c’est que les intérimaires n’ont pas touché un centime de prime bien que ce soit leur effort qui ait produit ces juteux résultats.
La seule règle aujourd’hui pour PSA c’est une production massive de voitures. Pas besoin d’avoir fait une grande école pour comprendre qu’en passant de deux lignes de montage à une seule, si l’usine ne tourne pas de manière permanente, la production est insuffisante.
Cette logique bénéficie uniquement aux actionnaires et à leurs profits et les membres du directoire, eux ne s’oublient pas. Les 18 grands dirigeants se sont augmentés de 29 %. La somme globale de leurs salaires est passée de 17,2 à 22,2 millions, sans oublier l’augmentation de 14 % de Carlos Tavares qui représente 21000 euros par jour, dimanches et jours fériés compris, montant quotidien qui équivaut à plus d’une année de salaire d’un intérimaire chez PSA. Les actionnaires, quant à eux, toucheront 705 millions sans avoir réalisé aucun travail, parasites se nourrissant au détriment des conditions de vie et de travail des salariés, et plus largement au détriment d’une fabrication de biens qui pourrait être mise au service du plus grand nombre. C’est cette contradiction qu’il faut mettre au centre des discussions, et que les ouvriers doivent combattre en s’organisant. Il faut se battre contre le travail les jours fériés, mais également contre tout le processus qui rend possible cette exploitation toujours croissante des salariés.
Aujourd’hui, le patronat et Macron veulent nous faire travailler gratuitement les jours fériés et moins cher payés, les autres jours. Il nous faut combattre cette logique de profits et d’inhumanité, car c’est bien nous qui faisons tourner les usines. Et comme dit un slogan des grévistes de PSA, « sans nous pas de bagnoles ».
Publié par REVOLUTION PERMANENTE