Les employés de la sucrerie Saint-Louis, à Marseille, ont bloqué leur site de travail ce lundi pour protester contre le plan de restructuration prévu. Au total, ce sont 53 des 58 emplois qui vont être supprimés par le groupe.
Crédit photo : DR
La sucrerie Saint-Louis de Marseille est bloquée depuis la fin de semaine dernière pour protester contre le plan de restructuration prévu par son propriétaire, le groupe allemand Südzucker. Sous prétexte du manque de rentabilité de la filière du sucre en France, deux des quatre sucreries présentes sur le territoire national devraient fermer d’ici 2020 – à Cagny (Calvados) et Eppeville (Somme) – tandis que celle de Marseille verra ses effectifs passer de 58… à 5 personnes, soit 53 emplois supprimés.
Le site était encore bloqué en ce début de semaine par des salariés qui entendaient marquer le coup avant la réunion prévue ce mercredi entre la direction et les syndicats pour entériner le plan de restructuration. « Nos équipes de l’après-midi et du soir vont aussi se mobiliser. Les propositions financières qui nous sont faites dans le plan social ne nous conviennent pas. Alors nous leur mettons la pression en bloquant », expliquait ainsi un délégué syndical lundi matin. Plusieurs autres sites comme celui de Cagny sont également mobilisés.
Le calendrier est on ne peut plus serré. La réduction de la sucrerie marseillaise à sa portion congrue a été annoncée au mois de février dernier et sera donc – sauf très grosse surprise – définitivement actée ce mercredi. D’ici le mois de juillet, l’affaire sera entendue et plus aucune production ne sortira de ce site, dont les cinq derniers employés seront alloués au conditionnement des produits uniquement.
Le point de départ de tout cela ? Une décision du Parlement Européen de supprimer les quotas de production de sucre, mis en place pour garantir un certain niveau de prix. Le 1er octobre, la législation limitant la production sucrière dans les États membres de l’Union européenne est abolie, faisant exploser la production. Une décision politique prise à la suite d’une demande des gros producteurs mondiaux devant l’OMC. Par conséquent, l’année 2018 est marquée par un effondrement du cours du sucre (-38% sur l’année). Dans ces conditions, certains sites comme les quatre Français ne sont plus rentables et un groupe comme Südzucker préfère exporter sa production et fermer ses usines françaises.
C’est donc un site historique comme celui de Saint-Louis, qui a donné son nom au sucre éponyme, qui va fermer ses portes cet été. Pourtant, les salariés ont tenté de se battre pour qu’un repreneur soit trouvé ou que l’État s’engage pour le maintien des emplois. « Nous, on se bat plus globalement pour le maintien de la filière sucre française. Les économistes nous disent que les cours peuvent remonter, c’est pourquoi on demande à l’État français une mise sous tutelle temporaire de la filière, pour préserver l’outil de production et les emplois », explique Fabien Trujillo, délégué CGT au CSE de l’entreprise dans les colonnes de Libération.
Plusieurs projets de reprises, dont un porté par les planteurs de betteraves français ont été présentés à Südzucker, qui leur a signifié jeudi dernier qu’il n’était pas intéressé. « Il n’est pas acceptable que la France subisse une solution brutale et supporte l’essentiel de la restructuration envisagée par Südzucker », avait estimé en mars le ministère de l’Agriculture via un communiqué. Sans pour autant envisager une implication de l’État dans une éventuelle reprise. Et le président du directoire du groupe allemand de conclure, assumant parfaitement ne pas avoir souhaité qu’une solution profitable aux travailleurs de l’entreprise ne soit trouvée. « Nous n’arrêtons pas la production de sucre pour la proposer à d’autres acteurs, mais bien pour retirer des capacités du marché », qui pourraient nuire à la compétitivité des productions du groupe à l’étranger.
Un groupe dont le chiffre d’affaires s’élève à plus de 7 milliards d’euros, mais qui n’hésite pas à chercher à augmenter son profit sur le dos de dizaines de travailleurs bientôt sans emplois.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE