La direction de PSA vient d’annoncer la « suppression temporaire » de près d’un millier de poste sur son site de Mulhouse, avec l’arrêt de la production de la Peugeot 2008. Une annonce scandaleuse qui attaque de pleins fouets les travailleurs en intérim et qui revient tout bonnement à un plan de licenciement massif.
Crédit photo : Laurent Cérino/ADE
Ce mardi matin, lors de l’habituel CSE (Comité Social et Economique), la direction a annoncé la suppression de 1000 postes suite à la fin de vie de la Peugeot 2008, et à une baisse de la production d’ici la fin de l’année ; ceci pour un période d’un an avant le lancement d’un nouveau véhicule en 2021. Avec la suppression de l’équipe de nuit et le passage à une demi-équipe, il ne restera qu’une équipe qui travaillera en pleine cadence.
Avec un site qui emploie 5200 salariés et plus de 1300 précaires pas seulement sous contrats de type intérimaires classiques, mais aussi des contrats dit « Pôle Emploi ». Ces contrats auxquels PSA a régulièrement recourt lui permettent de « prendre en formation » pendant 3 semaines des travailleurs inscrits à Pôle Emploi qui ne trouvaient pas de boulot, et qui sont très peu rémunérés (par Pole Emploi et non par PSA), ou parfois même pas du tout quand ils s’y retrouvent en fin de droit. Du travail effectué donc souvent gratuitement, avec le mirage de pouvoir décroché un contrat d’intérim. Il n’y a pas de petits profits pour cette entreprise qui fait des milliards et œuvre pour la « réinsertion » ! Sur l’ensemble de l’usine c’est au montage que la majorité des intérimaires travaillent, et comme le dit la direction elle-même, c’est une usine “grande consommatrice d’intérimaires” : les cadences sont infernales et les postes très difficiles, à tel point que les démissions sont fréquentes avec un turn-over important, sans parler des pétage de plombs et des bagarres dans les secteurs entre salariés tellement le travail y est difficile.
Nous sommes devant une politique de flexibilité et de précarité de haut niveau, tout cela pour pouvoir mettre en « fin de mission » – comme ils disent – plusieurs centaines d’ouvriers. Il s’agit bel et bien de licenciements, et non pas temporaires, comme cela a été écrit dans un article de France Bleu Alsace. Aller dire à un ouvrier qu’il est licencié de façon temporaire. Cette organisation est bien rodée pour se séparer rapidement d’ouvriers dès qu’il y a une baisse de production, et surtout pour économiser des salaires en renvoyant à Pôle Emploi les plus précaires. Des travailleurs précaires qui ont des salaires de 1100 euros et qui font des véhicules comme la DS7 ou la 508 vendus à 50.000 euros, avec des charges de travail élevées pour faire des gains de productivité.
Aujourd’hui les sacrifiés, jetés comme des kleenex, sont ceux qui comme les embauchés sont des salariés à part entière, sans qui aucune voiture ne peut sortir des lignes chez PSA. Avec des ventes et des chiffres qui ont fait tourner la tête de toute la presse économique en février, maintenant, Carlos Tavares le PDG du groupe PSA organise le licenciement de 1000 ouvriers à Mulhouse. Un plan de licenciement qui ne dit pas son nom. Alors que les milliards coule à flot, c’est la baisse des cadences qui devrait être appliquée avec le maintien de toutes les équipes et l’embauche en CDI tous les précaires. On ne peut pas parler de lutte contre le chômage de masse comme le font les gouvernements successifs et laisser les escrocs licencier pour gonfler les profits comme à PSA Mulhouse, pendant que les actionnaires vont toucher 700 millions de dividendes. S’opposer aux licenciements, par la lutte est une priorité, et les moyens sont bien là pour maintenir tous les emplois.
Avec des effectifs toujours à la baisse, tous les ans, ce sont 500 salariés en moins, qui ne sont pas remplacés, avec des plans de suppressions d’emplois successifs. En 3 ans ce sont 1500 salariés en CDI qui sont sortis des effectifs, et pourtant la production n’a fait qu’augmenter, tout comme des charges de travail qui s’intensifient toujours plus. Avec un temps de passe du véhicule de moins d’une minute, autant dire qu’il faut être un athlète de haut niveau pour tenir la longueur et que les anciens et les malades n’arrive plus a tenir les postes de travail sur les chaînes. Ils sont poussés vers la porte dès 57 ans, car plus employables sur les chaînes de montage, ce qui va poser de réels problèmes au gouvernement quand il va imposer la décote sur les retraites et baisser les pensions.
La direction de PSA est totalement décomplexée en ce qui concerne les jours travaillés aussi. Elle annonce 1000 suppressions de poste d’ici la fin de l’année et, cerise sur la gâteau, c’est 21 séances d’heures supplémentaires qui s’ajoutent au calendrier habituel. Parmi ces heures, il y en a sur les jours fériés (8 et 30 mai, 6 juin), sur des samedis et des dimanches, et tout cela de manière obligatoire. Ces heures supplémentaires, qui font travailler les même salariés pour éviter de faire des embauches, sont une attaque contre ceux qui n’ont pas d’emplois et contre ceux qui passent leur vie à l’usine quand d’ici la fin de l’année, ce sera l’équivalent d’une PME qui sera licenciée. Les uns crèvent de trop de travail pendant que d’autre crèvent de ne pas en avoir.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE