Cela fait quarante-cinq jours que les facteurs et factrices de Castanet Tolosan sont en grève pour défendre leurs conditions de travail et contre la casse du service public. Pour les soutenir, une pétition et une caisse de grève en ligne sont disponibles.
Dans un contexte de lutte des Gilets jaunes contre les logiques de destruction de l’emploi menées par le gouvernement, les postiers et postières de Castanet Tolosan, au sud de Toulouse, entament leur quarante-cinquième jour de grève. Depuis le 6 avril, une dizaine de salariés de La Poste demande un arrêt net du plan de restructuration qui menace leurs conditions de travail. Les facteurs et factrices exigent également davantage de respect pour leur travail. Une mobilisation d’ampleur, puisque pour le début de la septième semaine de grève, ce sont 80% des effectifs qui sont mobilisés.
La soupe fade qui fait office d’explication au plan de restructuration n’est qu’une manière de faire avaler des couleuvres aux salariés sans qu’ils ne bronchent ! La direction invoque en effet la baisse du trafic courrier pour déstructurer le métier de facteur, en augmentant les cadences et creusant la dépersonnalisation des postiers.
Depuis plus de dix ans, la mairie de Castanet-Tolosan lorgne sur les locaux de La Poste, situés en centre ville. Pour réaliser des transactions immobilières en construisant de nouveaux logements, elle a réussi en septembre 2018 à mettre La Poste en demeure de quitter les lieux. La direction de La Poste y a vu une aubaine pour imposer une nouvelle organisation – bien évidemment sans concerter ses salariés - en arguant l’urgence de la situation... De plus, elle pourra économiser environ 200 000€ avec cette nouvelle organisation, une hérésie, alors que le bénéfice de La Poste Distribution Courrier avoisine les 800 millions en 2018.
Pour réaliser ces économies, la direction entend rogner sur les conditions de travail et la qualité de service. Jusqu’à présent, les facteurs divisaient leur journée entre la préparation des tournées (tri des courriers et triage pour la tournée) et la distribution - un système qui permet actuellement que l’ensemble du courrier soit distribué jusqu’à 14 heures. Avec le nouveau plan imposé par la direction, c’est l’ensemble de ce système qui sera démantelé.
Le système « distribution sacoche » prévoit que les seniors et les travailleurs inaptes à la distribution pour cause de problèmes de santé soient non seulement délocalisés au centre de Labège, mais doivent par ailleurs s’occuper de l’ensemble du travail de triage, sept heures par jour, le tout avec des cadences très soutenues. Pour les facteurs, il s’agira de s’occuper uniquement de la distribution du courrier, là aussi sept heures par jour. Cela conduit inexorablement à une dégradation des conditions de travail, avec des risques accrus pour la santé, notamment une aggravation des risques musculo-squelettiques, à cause d’une activité en extérieur toute la journée et par tous les temps.
Mais ce n’est pas tout ! Avec ce nouveau système, c’est la voie de « l’ubérisation du service postal » qui est en route. L’idée est poussée jusqu’à des embauches sans formations, avec des missions commandées via smartphone. Ce nouveau système est aberrant en terme de qualité de service. Alors que jusqu’à présent l’ensemble du courrier était desservi à 14h, il faudra maintenant, pour les usagers en fin de tournée, patienter jusqu’à 17h pour recevoir le courrier et la presse. La bataille des grévistes de Castanet-Tolosan est donc une articulation entre la lutte contre la dégradation des conditions de travail et pour la sauvegarde d’un service public de qualité.
Ce mois-ci, les grévistes recevront très certainement un bulletin de paie vide. En ce sens, il est indispensable d’apporter toute notre solidarité à ces grévistes qui se battent contre la dégradation de leur conditions de travail et pour un service postal public de qualité. Nous vous invitons donc à verser de l’argent à la caisse de grève en ligne et de signer la pétition de soutien aux postiers de Castanet-Tolosan !
En parallèle du procès de France Télécom qui s’est ouvert il y a quelques semaines et de la campagne contre le licenciement du cheminot Éric, la lutte des postiers de Castanet Tolosan est également le reflet des politiques destructrices qui visent, sous couvert d’une rationalité économique, à renvoyer les travailleurs dans leurs derniers retranchements, afin de les démoraliser pour mieux les exploiter.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE