Au motif que seul le Conseil Constitutionnel peut disposer du nombre de votes.
Crédits photo : Philippe LOPEZ / AFP
Le 26 juin, le ministère de l’Intérieur a fait fermer la page qui permettait de connaître l’évolution des signatures en faveur du Référendum d’Initiative Partagée contre la privatisation des aéroports de Paris. Alors qu’une opposition très large s’était exprimée contre ce projet au lendemain du lancement de l’acte II du quinquennat, le gouvernement y répond donc par un énième acte anti-démocratique.
Alors que le 25 juin, le journal Libération comptabilisait 378.477 signatures en faveur du RIP contre la privatisation des Aéroports de Paris, il révélait le lendemain que la page permettant d’établir facilement un comptage des soutiens avait été fermée sur demande du ministère de l’intérieur. Ce dernier assume d’ailleurs en répondant dans un communiqué cité par CheckNews de Libération que « le législateur a confié au Conseil Constitutionnel et à lui seul le décompte des soutiens. Il n’a pas prévu que les électeurs et de manières générales nos concitoyens y aient accès, raison pour laquelle le ministère de l’Intérieur est intervenu pour que cette page n’apparaisse plus. »
Autrement dit : « circulez, y’a rien à voir ». Avec l’argument juridique selon lequel la transparence du processus électoral devrait être assuré par le conseil constitutionnel (qui n’a d’ailleurs communiqué aucun chiffre jusqu’à maintenant), le gouvernement empêche en fait au grand public une transparence minimale sur les procédures démocratiques.
En dépit de toutes les limites du RIP, qui place la contestation sur un terrain purement parlementaire, ce blocage du compteur constitue une limitation démocratique manifeste et assumée du gouvernement au moment où celui repart à l’offensive sur ses contre-réformes.
Toujours est-il que cette tentative grossière cache un réalité : celle d’un gouvernement mis à mal par 6 longs mois de mobilisation sociale et politique. En effet, le pouvoir essuie une défiance importante de l’opinion publique face aux nouvelles annonces à l’instar des réformes des retraites et de l’assurance chômage, des fermetures d’usine et suppression d’emploi à Général Electric et Ford Blanquefort, ou encore de la privatisation et de la casse des services publics dans l’enseignement et la santé.
En effet, si les élections européennes permettent en partie au gouvernement de se remettre de la mobilisation des gilets jaunes, renforcé par l’impasse stratégique dans laquelle s’est trouvé le mouvement, il ne faut pas y voir le retour de Jupiter. Le gouvernement ne souhaite donc pas que le projet de privatisation des aéroports de Paris vienne alimenter le vent de défiance qui souffle dans les services publics, en particulier dans les hôpitaux où la grève des urgentistes recueille par exemple 92% de soutien de la part de la population. Comme le pointait l’éditorialiste aux Echos Cécile Cornudet : « Or si l’acte II détaillé par Edouard Philippe dégage la voie parlementaire pour la suite du quinquennat, il fait comme si la crise des « gilets jaunes » n’avait pas eu lieu. Quelle est l’acceptabilité sociale de ces réformes, comment les faire passer dans une opinion qui s’est montrée si réactive il y a encore six mois ? La question reste entière. »
Et alors que le RIC, la suppression du Sénat, ou encore la révocabilité des élus étaient parmi les mot d’ordre repris dans la rue et sur les ronds-points cette année, pas sûr que ce nouvel acte méprisant à l’égard de la majorité des « concitoyens », chômeurs, travailleurs, précaires, tous encore une fois exclus des affaires politiques – confiées exclusivement à un « conseil des Sages » nommé en haut lieu – ne provoque autre chose que la colère des classes populaires.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE