Alors qu’Agnès Buzyn a déclaré se mobiliser pour éviter « les morts inutiles », la réalité est que deux ouvriers ont laissé leur vie alors qu’ils travaillaient sous 40°.
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Alors que le gouvernement compte relancer l’acte II de ses contre-réformes, la communication sur la canicule n’a pas pris une telle ampleur pour rien. Non seulement le spectre de la canicule 2003 continue de planer, mais dans un climat social explosif, des cas de décès pourraient nourrir les nombreux fronts de contestation déjà ouverts. Plus encore, un ouvrier qui meurt au travail a une signification politique beaucoup plus directe et gênante pour le gouvernement.
Alors qu’ Agnès Buzyn qui se dit « mobilisée » pour « éviter des morts inutiles », Castaner est en tournée dans les régions les plus touchées par la canicule. Il se félicite de l’organisation du plan canicule jusqu’à présent. Vendredi, il était à Marseille où il en a appelé à la responsabilité de chacun.
Le gouvernement s’acharne à répéter qu’il n’y a eu que quelques personnes noyées et quelques cas isolés de personnes n’ayant pas respecté les consignes de prévention.
Pourtant, ces déclarations ont pris un coup quelques jours plus tard. Les conditions de travail éreintantes sous une si forte chaleur ont en effet tué deux ouvriers qui travaillaient sous 40°. En Ille-et-Vilaine, un couvreur de 33 ans a été pris de convulsion alors qu’il se trouvait sur un toit. Il faisait plus de 39 °C. Le parquet de Rennes a ouvert une enquête et une autopsie est en cours, d’après Ouest-France. Il est décédé à l’arrivée à l’hôpital après un arrêt cardio-respiratoire.
Dans le Haut-Rhin, c’est un ouvrier de 36 ans qui a été retrouvé « inconscient et couché à côté d’une pelleteuse » sur un chantier vers 15 heures, d’après Cnews. Lorsque les secours sont arrivés l’ouvrier était en arrêt cardio-respiratoire. Ils ont tenté de le réanimer pendant une heure, sans succès. Aucune autopsie n’aura lieu et son décès ne sera donc pas imputé à la canicule.
Ces deux morts et nombres de malaises peuvent aisément être imputés à la canicule, la chaleur dépassant les 40°, dans des conditions de travail épouvantables. Mais derrière la hausse des températures, conséquence du changement climatique qui vient lui même des méthodes de productions et d’exploitations capitalistes, ce sont en dernière instance les politiques de précarisation du patronat et du gouvernement qui sont responsables du décès des deux ouvriers ; des travailleurs et travailleuses se voient contraints de poursuivre des efforts et travaux exténuants sous une chaleur accablante.
Le patronat, fort des Lois Travail et du taux de chômage, peut précariser à outrance les travailleurs. Les ouvriers sont obligés d’accepter des cadences infernales aux dépends de leur santé. La précarité et la peur de perdre son emploi pousse le travailleur à accepter de prendre des risques inconsidérés ; le "libre choix" est largement contraint dans le cadre de l’entreprise. Si l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) préconise de prendre en période de canicule des mesures comme adapter les horaires, faire des pauses toutes les heures, alléger les vêtements, on constate dans les faits que l’application de ces mesures minimales est loin d’être automatique et reste dépendante du rapport de forces politique entre le patronat et les travailleurs.
Le gouvernement de son côté fait mine de ne rien voir. Il ne parle que des noyades et des joggeurs et évite à tout prix de mettre en avant les cas de décès liés à l’exploitation au travail. Entre De Rugy est sa cravate, Buzyn qui part en croisade contre les joggeurs et ses conseils plus que déplacés aux travailleurs leur expliquant qu’ils doivent pas s’habiller en été comme en janvier, on constate bien qu’il y a un fossé entre ce que subissent les travailleurs sur leurs lieux de travail et le gouvernement bien au frais dans leurs bureaux climatisés. Au nom de la productivité et du rendement, c’est la vie des travailleurs qui est mise en jeu.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE