Certes les chiffres des demandeurs d’emplois inscrits à Pôle Emploi ont diminué mais à la fois par le fait de la réforme mise en place qui a fortement durci les conditions d’inscriptions (Le gouvernement a déjà mis en place depuis janvier la suspension des allocations chômage après 2 refus d’une offre d’emploi, y compris si les emplois proposés étaient à un salaire bien inférieur à celui perçu antérieurement et très éloignés géographiquement) mais aussi par les radiations massives. Donc cette baisse n’est pas due au retour à l’emploi mais bien à la non prise en compte de certains demandeurs d’emplois dans les chiffres.
Enfin il est bon de savoir que près d’un demandeur d’emploi sur deux n’est plus indemnisé.
Alors que le grand patronat se voit gratifier d’un « droit à l’erreur » en même temps que des milliards d’euros d’argent public et des lois pour faciliter les licenciements (bref le costume trois pièces quoi), les revenus les plus modestes sont sans cesse suspectés de frauder. Et oui, il est normal de suspecter quelqu’un qui, seul avec l’aide au logement, toucherait 480,02 € n’a qu’une seule idée en tête, blanchir un partie de son argent…
Pour remédier à ce terrible fléau qui plombe les comptes de l’État, rien à voir avec l’évasion fiscale qui coûte chaque année 60 à 80 milliards d’euros à la France, soit un montant plus ou moins équivalent au budget de l’Education nationale (68,4 milliards d’euros en 2017), le gouvernement prévoit de mettre tout en œuvre pour faire la chasse aux fraudeurs de Pôle Emploi.
Un rapport a été présenté à la CGT, ce rapport traite des radiations ce qui sous-entend une assimilation entre radiations et fraudeurs or cela est totalement dépourvu de fondement.
Le fait est que la « soi-disant » fraude à l’assurance chômage ne représente que 0.4% des prestations d’assurance chômage (sur 35 Milliards de prestations) ce qui fait que ce nouveau dispositif est une mesure d’affichage, pire une mesure idéologique. (Pour rappel, la fraude fiscale, optimisation des plus aisés, c’est 21 milliards d’euros).
La CGT, dont les syndicats de Pôle Emploi, critique donc à juste titre ces contrôles sans que les demandeurs d’emploi soient prévenus.
Radiation ne signifie pas fraude.
L’étude réalisée à partir de l’expérimentation du nouveau corps des contrôleurs apporte des arguments pour contrer le credo chômeurs = fainéants.
Il nous est précisé que sur 100 demandeurs d’emploi contrôlés, seulement 14 sont radiés. C’est dans ce cadre qu’a été effectuée une enquête par Pôle emploi, Sur les 14 %, 97 % des radiations sont prononcées pour quinze jours.
Parmi les 14 % de radiés
- 41 % sont indemnisés par l’assurance chômage.
- 23 % sont indemnisés par le régime de solidarité (RSA).
- 36 % ne sont pas indemnisés.
Parmi le 14 % de radiés 68 % se réinscrivent
Autrement dit, seulement 4.5 % du total des contrôlés ne se réinscrivent pas, dont :
- 71 % des indemnisés par l’assurance chômage.
- 82 % des indemnisés par le régime de solidarité (RSA).
- 60 % des non indemnisés.
Si 60% des non indemnisés se réinscrivent on voit bien que la réinscription n’est pas liée à l’indemnisation, mais à la recherche d’un accompagnement vers l’emploi.
Pôle Emploi lui-même reconnaît que la question n’est pas d’obliger les demandeurs d’emploi à accepter les offres dites « raisonnables », mais d’empêcher les gens de décrocher…
Sont radiées, des personnes qui ne touchent aucune indemnisation, il ne peut donc pas y avoir de fraude concernant ces personnes. (Dans l’étude de Pôle Emploi, 36 % des radiés n’étaient pas indemnisés).
La radiation intervient le plus souvent en l’absence d’actualisation (contrôle mensuel) c’est un oubli du demandeur d’emploi, ou en l’absence de recherche active d’emploi prouvée par le demandeur d’emploi. Un demandeur d’emploi qui passe trois heures par jour à consulter les offres d’emploi ne peut en apporter la preuve.
Il y a fraude seulement lorsque le Juge l’a constaté.
Il y a aussi évidemment la dématérialisation qui accentue les radiations. Nous avons reçu à la permanence juridique une personne de près de 60 ans à qui on avait supprimé son allocation. Après vérification, il nous a été répondu qu’elle était radiée car ne se rendait pas aux convocations reçues par e-mail de la part de Pôle Emploi… Lors de son inscription, à la question avez-vous une adresse mail, cette dame avait répondu par la positive car ses enfants lui en avaient créé une… Le problème, c’est qu’elle ne savait même pas ouvrir un ordinateur… Cette radiation et la perte d’indemnisation était donc abusive et a mis la personne dans une très grande précarité…
De nombreux contrôles existent déjà.
1) Le demandeur d’emploi à un contrôle obligatoire mensuel appelé « actualisation »
2) Le demandeur d’emploi doit répondre à chaque courrier de Pôle Emploi et à chaque fois que Pôle Emploi lui fait un signe par sms, par mail ou par téléphone (ce qui n’est pas réciproque).
3) S’il doit s’absenter, le demandeur d’emploi devra remplir un document sur internet dans : déclarer mon changement de situation. Où il lui est précisé qu’il a droit à 35 jours calendaires d’absence par an. C’est donc dans cette rubrique qu’il pourra informer qu’il est en vacances, qu’il est aux obsèques d’un proche, qu’il accompagne son enfant à l’hôpital, qu’il est dans une formation (décidée de lui-même), qu’il défend et représente les chômeurs dans son organisation syndicale ou son association de chômeurs, qu’il fait du bénévolat dans une association, qu’il va prospecter le marché du travail dans une autre région. Ces 35 jours de « liberté » d’organisation, sont-ils du vol ou du bon sens ?
4) Le demandeur d’emploi est à la merci d’un contrôle à tout moment, suite à un choix aléatoire des 200 contrôleurs de Pôle Emploi.
La réalité des chiffres sur la fraude (0.4 %) contredit le besoin d’un nouveau dispositif
- Fraude à l’assurance chômage : 0.4% soit 140 millions sur les 35 milliards de prestations assurance chômage (source défenseur des droits).
- Fraude fiscale : 21.2 Milliards.
- Fraude aux cotisations sociales : 497.2 millions d’euros.
Des contrôles supplémentaires des chômeurs ne permettront pas de récupérer les 21 milliards de la fraude fiscale.
Chercher la fraude là où elle n’est pas, n’aura aucun effet sur les comptes de l’état.
Ce n’est pas en voulant faire apparaître le chômeur comme étant un fraudeur que nous verrons le chômage baisser. La stigmatisation des privés d’emploi dans le seul but de faire baisser les chiffres du chômage, ne donnera pas un emploi à chacun. Assimiler tous les chômeurs à des tricheurs est une insulte, destinée à les sanctionner financièrement et à les forcer à accepter des emplois précaires, en CDD ou sans rapport avec leurs qualifications et leurs besoins, voire à perdre leurs droits de salariés, en les forçant à devenir micro entrepreneur, faussement indépendant.
Autres chiffres seulement 46% des chômeurs sont indemnisés.
En réalité, ce que nous à la CGT nous appelons les privés d’emploi, servent à maintenir les salariés dans la plus grande précarité. Le gouvernement ne travaille pas réellement au retour à l’emploi mais seulement à la baisse des chiffres du chômage pour valoriser leur politique de casse du droit du travail.
Maintenir un nombre élevé de chômeurs permet de laisser les travailleurs dans une grande précarité et de rejeter toutes les revendication d’avancées sociales comme la hausse des salaires entre autre, mais bien sur celle qui est la plus importante aujourd’hui et qui permettrait vraiment de réduire le chômage, l’application des 32h pour tous.
D’ailleurs combien de salariés ont déjà entendu le sempiternel : « Si t’est pas content y’a des centaines de chômeurs qui veulent ta place ».
Publié par Anti-K