Publié sur La Izquierda Diario, ce texte est une déclaration du Parti des Travailleurs Socialistes en réponse au coup de marché qu'ont subi les travailleurs ce lundi qui leur a fait perdre en quelques heures plus de 25% de la valeur de leurs salaires.
La proposition d’urgence de la gauche : une grève active de 36 heures pour défendre les salaires et l’emploi. La fin de la trêve doit être imposée à la CGT et au CTA [principaux syndicats nationaux]. Pour une solution fondamentale afin que les capitalistes paient pour la crise.
Les résultats des élections de dimanche ont donné lieu à l’ouverture d’un nouveau moment de crise.
Comme l’a averti le Front de la Gauche et des Travailleurs Unifié pendant toute la campagne des primaires (PASO), le pire n’est pas encore arrivé mais est en route de la main des injonctions du capital financier international et du FMI. Les patrons n’hésiteront pas à décharger sur les travailleurs par l’inflation, les licenciements et les suspensions.
Moins de 24 heures après l’élection, les "marchés" (c’est-à-dire les grands banquiers, les hommes d’affaires et les propriétaires terriens) montrent comment fonctionne la "démocratie" capitaliste. Comme ils n’ont pas aimé le résultat électoral, qui signe une énorme défaite pour le gouvernement Macri qui est un agent direct de leurs intérêts, quelques investisseurs ont déclenché une course contre la fuite des pesos et des capitaux qui, au moment d’écrire ces lignes, a porté le dollar à plus de 60 pesos argentins.
Les conséquences immédiates en sont l’aggravation de l’attaque contre les salaires, les pensions, les régimes d’aide sociale et l’accélération d’une récession avec des licenciements. Dans les supermarchés à travers le pays, les prix ont déjà commencé à être actualisé.
Au cours des prochaines heures, nous assisterons à une escalade de l’inflation qui affectera la vie de millions de personnes.
La population vote, mais dans ce système capitaliste, le sort des travailleurs est décidé par les "marchés".
Grève active de 36 heures et plan de lutte.
Alors que les grandes majorités commencent à porter un nouveau coup à leurs conditions de vie, les directions syndicales de la CGT et du CTA continuent de regarder ailleurs. Ce sont les mêmes bureaucraties qui nous ont appelé à laisser passer les attaques de Macri pendant des années, nous demandant d’attendre les élections et de faire campagne pour le Front de Tous.
Il est nécessaire de leur imposer qu’ils brisent leur trêve. Nous devons promouvoir une campagne forte dans tout le pays, avec des assemblées dans tous les lieux de travail, pour exiger qu’ils encouragent une grève nationale active de 36 heures, avec mobilisation, et qu’ils continuent avec un plan de lutte, pour la défense des salaires, des pensions et des plans sociaux. Qu’ils convoquent un Congrès des Délégués de base avec des mandats où ils votent sur un programme pour défendre les intérêts des travailleurs.
Parmi les revendications d’urgence les plus importantes que nous devons soulever : pour que nos revenus ne se liquéfient pas, lutter pour imposer une clause d’ajustement afin que les salaires, les pensions et les plans augmentent automatiquement au même niveau que l’inflation chaque mois ; l’annulation de l’augmentation des prix des services publiques, réindéxé aux niveaux de 2016 et ne qu’ils ne puissent pas ensuite augmenter plus que les salaires ; défendre tous les emplois, soutenir toutes les luttes et occupations sous la direction des travailleurs de toute entreprise qui ferme ou licenciement massivement, en demandant sa nationalisation.
Pour une solution de fond.
Mais au-delà de ces mesures d’urgence, le sort des travailleurs dépend de la réorganisation du pays sur de nouvelles bases.
Au cours de ces mois, les attaques contre les majorités continueront de s’intensifier. C’est pourquoi il est urgent que la classe ouvrière et le peuple opprimé nous prennions notre destin en main, si nous ne voulons pas que cette crise se termine à nouveau par un pillage comme celui de 2001 et tant d’autres fois, qui sont présents dans la mémoire populaire.
Pour ce faire, il est nécessaire de discuter des mesures de base dont nous avons besoin.
Le candidat du Front de Todos, Alberto Fernández, rappelait encore la nécessité d’une dévaluation. De leur côté, ses référents économiques ont déclaré qu’ils ne rompraient pas avec le FMI et qu’ils "honoreraient" les dettes avec le capital financier international.
Du PTS et du Front de Gauche et des Travailleurs Unifié, nous pensons que les difficultés populaires s’aggraveront sur cette voie. Pour éviter la catastrophe, nous proposons comme mesures fondamentales : la rupture avec le FMI et non le paiement de la dette, l’argent pour le travail, la santé, l’éducation, le logement et les pensions ; la nationalisation du système bancaire pour éviter la fuite des capitaux et défendre l’épargne populaire ; le monopole d’Etat du commerce extérieur ; le gel des coûts des services publics, la nationalisation sous la direction des travailleurs et le contrôle des usagers de toutes les entreprises de service public ; l’expropriation des grands propriétaires terriens, le droit à l’avortement légal, sûr et gratuite ainsi que de toutes les demandes du mouvement des femmes.
De cette façon, nous, qui considérons que la seule issue possible soit un gouvernement des travailleurs et du peuple opprimé, mais qui savons que cette perspective n’est pas encore partagée par les grandes majorités, faisons une proposition d’urgence face à la crise pour pouvoir réaliser ce programme : lutter pour une Assemblée constituante libre et souveraine qui discute et résolve les mesures pour satisfaire les besoins des travailleurs, que ce soient les capitalistes qui assument leur crise et que nous puissons réorganiser le pays sur de nouvelles bases. Empêchons ainsi les "marchés" et les institutions de ce régime pour les riches de décider, comme le Sénat réactionnaire et antidémocratique qui répond aux gouvernants qui appliquent l’austérité et se renouvelle seulement par tiers, ou la Cour suprême de justice qui approuve la précarisation du travail et toutes les mesures antipopulaires.
Nous proposons une Assemblée constituante libre et souveraine, capable d’exprimer véritablement la volonté du peuple, composée d’un député pour 20 000 habitants, que ses membres ne forment pas une caste privilégiée comme ceux qui peuplent le Congrès actuel, mais que tous ces députés soient révocables et payés comme un enseignant. Une Constituante qui a les pleins pouvoirs pour traiter tous les grands problèmes nationaux sans restrictions, qui n’est pas limitée par un prétendu "contrepoids" et qu’aucune des institutions du régime actuel n’a le droit de suspendre ou d’opposer son veto aux mesures pour lesquelles il vote.
Crédits photo : EITAN ABRAMOVIC / AFP
Publié par REVOLUTION PERMANENTE