Accès à la ville bloqués, contrôles aux frontières renforcés, gares et aéroports fermés, manifestations interdites, armée de terre mobilisée et plus de 13,000 policiers sur place. Voilà un avant-goût du déroulement du G7 à Biarritz dans le sud-ouest de la France, à moins d’une semaine de l’échéance, le tout couronné par une visité du ministre de l’intérieur ce mardi.
Début de visite au centre de commandement à 14h30, suivi par un tour vers l’aéroport, privatisé pour l’occasion, et passage en revue des troupes. Voici le programme de Christophe Castaner ce mardi 20 août en prévision du G7, dans un Biarritz complètement bunkerisée : une ville divisée en deux zones, aux accès complément barricadés et accessibles aux riverains seulement sous présentation d’un pass spécial (voir le plan pour l’occasion ici).
La Zone 2, en bleu sur la carte, dite « zone de protection », sera accessible seulement aux véhicules des riverains et autre ayant-droits équipés d’un macaron, avec pour seules entrées possibles des points de contrôle de la police nationale. Interdiction totale pour toute personne extérieure de pénétrer dans le périmètre, même à pied. La Zone 1, en rouge, sera elle complètement inaccessible à tout véhicule. Seules les personnes équipées d’un pass seront autorisées à y pénétrer, à pied uniquement. La circulation automobile y sera totalement interdite, y compris pour les résidents, salariés, et autres. Un dispositif de sécurité plus que contraignant qui sera activé du 23 au 26 août, et lors duquel plus de 13,200 policiers et gendarmes, selon le gouvernement, seront présents 24 heures sur 24. Ce sont l’intégralité des casernes du sud-ouest qui vont être mises à contribution, certains préfets allant même jusqu’à rappeler des agents ayant pris leur retraite pour assurer les effectifs ubuesques visés par le gouvernement.
Bien sûr, tout ce monde doit être logé et conduit sur place : pour ce faire, plusieurs centaines de logements seront mis à disposition des agents de sécurité sur place : confronté à une pénurie d’appartements, le préfet de Biarritz alla même jusqu’à promettre à quiconque accepterait de louer un logement a l’administration qu’il serait exonéré des procédures de badgeage obligatoires pour pénétrer en ville. Quant aux autres qui ne trouveraient pas d’appartement au cœur de l’action, plusieurs dizaines de bus ont été prévus afin d’assurer les déplacements des gendarmes et policiers, le tout actif 24/7 pour assurer une rotation en 3/8.
Les mesures exceptionnelles ne se limitent cependant pas à ces deux zones : voilà déjà plus d’une semaine que les entrées de la ville sont toutes fortement gardées par la police et la gendarmerie, le tout agrémenté de contrôles réguliers, que l’on soit en voiture ou à pied. L’intérieur de la ville n’est pas en reste, avec une présence policière bien plus importante qu’à l’accoutumée. Enfin, pour les riverains qui auraient depuis leurs logements une vue directe sur les hôtels ou seront logés les chefs d’états, ordre de fermeture des fenêtres et de non-occupation des balcons.
« Je n’installe pas sur mon balcon, sur ma terrasse ou à ma fenêtre d’appareils de prise de vue (appareil photo, caméra, etc.) ou tout autre appareil permettant de voir à distance (jumelles, longue-vue, etc.) », précise la note officielle.
Le tout ne s’arrête pas là : Bayonne, Hendaye, Irun, Espelette, c’est la côte basque toute entière qui a été mise en état de siège, avec une présence policière accrue jusqu’à l’absurde : fouilles de véhicule et contrôles de papiers systématisés, plus particulièrement dans toutes les entrées et sorties d’autoroutes. Là aussi, certains quartiers seront bouclés : le quartier des arènes à Bayonne, notamment, qui sera complètement inaccessible à quiconque ne pourra présenter aux agents sur place une carte d’identité et un justificatif de domicile, ou une attestation de leur employeur. Les plus importants axes routiers, notamment ceux menant vers Biarritz ou vers le reste de l’agglomération, seront inaccessibles.
La mairie de Bayonne est même allé, il y a peu, jusqu’à faire poser des préfabriqués équipés de barreaux devant le palais de justice, tant le nombre de garde-a-vues prévues est important.
Un aperçu, sans doute, du niveau de répression auquel il faut s’attendre durant l’échéance. Le centre de rétention de Hendaye a lui aussi été réquisitionné afin d’auditionner les gardés à vue, alors que Castaner annonçait lui-même le mois dernier que toute manifestation en marge du G7 serait « neutralisée ». Une expression toute particulièrement glaçante lorsqu’on la replace dans le contexte de répression sans précédent que connaît la France depuis le début du quinquennat Macron.
Les déplacements dans toute la région seront également perturbés : les transports en commun à l’intérieur de Biarritz seront bien entendu coupés pour ce qui est des zones de sécurité. La circulation sera sujette à des complications entre Anglet, Bayonne et Biarritz du fait du blocage de certains axes. L’aéroport de Biarritz sera complètement hors service, de même que les gares de Biarritz, Bayonne, Guéthary, Boucau, Deux-Jumeaux et Hendaye. Les gares routières seront, elles aussi, indisponibles. Même la baignade sera interdite dans plages les plus proches des domiciles des chefs d’états ! L’état de siège s’étendra jusqu’en Espagne, puisque les autorités des deux pays ont d’ores et déjà annoncé travailler ensemble, notamment à la frontière.
Voilà non seulement la ville de Biarritz, mais la côte basque toute entière privatisée pour la venue des chefs d’états pour le G7, le tout dans un contexte de répression qui ne va qu’en s’accroissant, et avec une note salée a la clé. 24 millions d’euros, c’est le prix qui a été annoncé pour bunkeriser la côte basque et y rassembler les dirigeants des plus grandes puissances impérialistes du monde afin que ces derniers s’attellent ensemble à repousser toujours plus les acquis sociaux des classes populaires du monde, pour préparer encore un peu plus la destruction de l’environnement.
24 millions d’euros sortis tout droits de nos poches pour un évènement auquel non seulement nous n’aurons pas le droit de participer, mais que nous n’aurons pas même le droit d’observer ! Pire, alors que le gouvernement nous appelle depuis maintenant plusieurs années à nous serrer la ceinture, il entend maintenant nous retirer le droit de manifester notre mécontentement face à tant de dépenses inutiles...
Crédit photo : à Tarnos, près de Biarritz
Publié par REVOLUTION PERMANENTE