5 ans, c’est le délai imposé par Jupiter pour la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris, quitte à en oublier les risques sanitaires engendrés par l’incendie de la toiture en plomb le 15 avril dernier. Médiapart révèle en effet aujourd’hui que de nombreux rapports de l’inspection du travail concernant la contamination encourue par les travailleurs du chantier ont été ignorés jusqu’ici par les autorités.
La catastrophe culturelle qu’a été l’incendie de Notre-Dame de Paris le 15 avril 2019, due, selon les dernières informations à une série de négligences, pose aujourd’hui de sérieux problèmes de santé publique. En effet, la toiture de plomb datant du XIXe siècle victime des flammes a répandu dans le quartier des particules extrêmement nocives qui sont d’ores et déjà à l’origine de plusieurs intoxications.
Or ce sont les travailleurs du chantier de reconstruction qui sont, au premier chef, mis en danger par les risques d’intoxications comme le dénoncent plusieurs rapports de l’inspection du travail révélés hier par Médiapart. Tirant à de nombreuses reprises la sonnette d’alarme sur les conditions de travail et les dispositions concernant la décontamination inadaptées au taux surélevé de toxicité (788 fois le seuil règlementaire), l’inspection du travail s’est trouvée face à un Ministère de la Culture et un général Jean-Louis Georgelin, nommé par l’Elysée pour la prise en charge du chantier, sourds à ce problème majeur pour la santé publique.
« Les installations de décontamination sont sous-dimensionnées et les règles sont insuffisamment respectées sur le chantier », « un sac comprenant des déchets pollués est suspendu dans l’espace douche [servant à la décontamination] », « [il est possible de] rentrer et sortir sans appareil de protection respiratoire et sans passage par un sas de décontamination » « [les travailleurs] exportent la pollution au plomb à leur domicile et peuvent exposer leur famille » note un rapport du 22 juillet. Autant de constats alarmants sur le fonctionnement du chantier mis sous la tutelle de l’ex-chef d’état-major Georgelin, chargé par l’exécutif de faire appliquer la promesse de Macron d’achever la reconstruction de ce monument historique en 5 ans.
Pour cela, Jupiter a, dès le mois d’avril prévu, avec la loi « Restauration et conservation de la cathédrale de Notre-Dame de Paris et institution d’une souscription nationale », de se passer de toute règlementation en mettant en place « un régime dérogatoire aux règles d’urbanisme et de protection de l’environnement. ». Il n’est donc pas étonnant aujourd’hui de voir que les quelque dix alertes de l’inspection du travail depuis le mois de mai ont été ignorées.
L’inspection du travail est en effet incapable de sanction envers un organe public tel que le Ministère de la Culture ce qui a permis au chantier de rester actif au-delà des risques encourus par ses travailleurs. C’est ainsi le préfet de la région, Michel Cadot a dû prendre la charge de suspendre du 15 juillet au 16 août ce chantier à haut risques, allant à l’encontre du ministère.
Un général des armées à la tête d’un chantier de restauration du patrimoine, des lois mises en place pour contourner les législations et les normes tant urbanistiques qu’environnementales, un chantier dont les risques ne sont pas pris en compte et qui empoisonne les habitants, mais surtout les travailleurs qui ne bénéficient d’aucune protection sur un chantier pollué, tout ça pour tenir un rythme de rendement imposé arbitrairement par un chef de l’exécutif tout-puissant : voilà le tableau de ce qui pourrait constituer un scandale sanitaire.
L’intoxication au plomb entraîne en effet des troubles neurologiques, stérilité, et peut aussi s’avérer cancérigène. Un nouveau signe du mépris des travailleurs de la part de Macron, qui met en danger des vies pour réaliser un caprice ?
Publié par REVOLUTION PERMANENTE