La coopérative de thés et infusions de Gémenos fêtait hier son 5e anniversaire en présence de Philippe Martinez
Bien implantée dans le Sud-Est de la France, Scop TI aimerait progresser dans les autres régions. La coopérative a également signé six contrats de fabrication en marque blanche, notamment avec quatre enseignes de la grande distribution.
J'adore l'idée !" lâche une visiteuse de la Foire de Marseille en passant devant le tout petit stand de Scop TI, où ses responsables tenaient hier une conférence de presse aux côtés de leurs partenaires, dont Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. Cinq ans après sa création, en août 2014, et tout juste neuf ans aujourd'hui, après que la multinationale a annoncé son intention de fermer l'usine de Gémenos, la fabrique de thés et infusions ex-Fralib, aujourd'hui devenue coopérative Scop TI, suscite toujours autant de sympathie auprès du grand public. Il faut dire que le combat conduit par 76 salariés durant 1 336 jours - d'où le nom de la marque 1336 - contre le géant de l'agroalimentaire a tendance à forcer le respect. "On a dû tout reprendre de zéro, on n'avait ni cadre ni agent de maîtrise parmi nous, se souvient Gérard Cazorla, président fondateur de la coopérative aujourd'hui retraité mais toujours aussi engagé dans la promotion de la fabrique, nous voulions conserver la marque Éléphant qui était née à Marseille il y a130 ans, Unilever a refusé, tout comme elle a refusé de nous donner des volumes, il a fallu allerles chercher" (notamment auprès de la grande distribution en marque blanche). Aujourd'hui, les ex-Fralib estiment avoir réussi leur pari ; réembaucher 42 des 182 licenciés par Unilever, 24 ayant pris leur retraite, et une dizaine ont créé leur entreprise ou sont "rentrés chez eux", en Normandie, d'où ils venaient à la suite de la fermeture, déjà par Unilever, de l'usine du Havre, à la fin des années 90. "Quand aux 80 autres, demandez à Unilever ce qu'ils sont devenus, je doute que le groupe ait dressé un bilan, comme nous !" ajoutait Gérard Cazorla.
Si le chiffre d'affaires atteint aujourd'hui 4 M€, pour quelque 160 tonnes produites en 2018, la Scop TI n'a cependant pas atteint l'équilibre, et a dû faire appel à la solidarité du public, et à ses soutiens, pour rester à flots. Hier, l'ex-syndicaliste devenu patron Olivier Leberquier faisait ainsi allusion à la défection du Crédit coopératif, qui a accordé un prêt à la Scop mais lui refuse une ligne de trésorerie de 200 000 € selon le président de la Scop. Interrogée sur cette situation, la banque a refusé de nous répondre, au motif du secret bancaire. Philippe Martinez compte bien cependant faire pression, "c'est la banque des cotisations de la CGT, on est un très bon client !" Scop TI a également ouvert en 2016 un contrat de titres participatifs qui va bientôt se clôturer et a permis d'injecter 1 M€ moyennant 2 000 € la part, la mutuelle des cheminots Mutuelle Entrain ayant abondé à hauteur de 800 000 €. Le financement participatif, toujours en cours, a rapporté 67 000 € depuis le 1er juillet. La Scop compte aussi sur les négociations avec la Métropole, pour réduire ses charges. Un consortium de mutuelles serait ainsi en passe d'acquérir le terrain de l'usine auprès de la collectivité qui l'avait elle-même achetée pour 5,3 M€ en 2012. "Une fois propriétaires les mutuelles nous loueraient le bâtiment industriel pour moins de 100 000 €, contre 200 000€ actuellement", précise Olivier Leberquier. Une réponse est attendue ces jours-ci.
Publié par laprovence.com