General Electric pourrait bientôt revendre une partie de son activité dans la maintenance des centrales nucléaires françaises. Alors qu'à Belfort l'entreprise licencie plus de 700 ouvriers, la recherche du profit fait toujours plus de dégâts.
C’est une information choc qu’a révélée l’Obs cette semaine. Les Américains de General Electric souhaiteraient revendre une partie de leur activité de services en France. Des services qui concernent la maintenance des centrales nucléaires, un secteur qui emploie actuellement 450 travailleurs dans le pays. Une volonté qui serait justifiée par des difficultés financières importantes : fin août les actions du groupe auraient chuté de 11% suite à des soupçons de fraude à hauteur de 34 milliards d’euros, toujours selon le magazine.
Pour rappel, General Electric a acquis la branche énergie d’Alstom et l’ensemble de ses activités – dont la maintenance des centrales, donc – lors d’un accord conclu en novembre 2014. Ce dernier, ficelé avec l’accord du ministre de l’Economie d’alors, un certain Emmanuel Macron, prévoyait notamment la création de 1.000 emplois. Un chiffre dont l’entreprise américaine est, sans surprise, bien loin, près de quatre ans plus tard.
Pire, en mai dernier, elle annonçait un plan de sauvegarde de l’emploi avec, à la clé, plus de 1.000 postes supprimés, dont 792 sur le site des turbines à gaz de Belfort, soit la moitié des travailleurs du site. Un grand nombre de licenciements annoncés auquel vient donc désormais s’ajouter la possibilité d’une revente des activités de maintenance. Une vente pour laquelle l’entreprise française Snef serait intéressée, toujours selon l’Obs, alors qu’EDF aurait donné son accord. Un autre accord est toutefois nécessaire : celui de l’Etat.
Justement, pas plus tard que ce mercredi, l’actuel ministre de l’économie, Bruno Le Maire, s’est rendu sur le site belfortais. Un déplacement comme souvent à l’origine de nombreux effets d’annonces alors que ce dernier exhorte General Electric à « améliorer très significativement » le plan social prévu au printemps dernier. Rien n’a pourtant été obtenu. Réponse de l’entreprise : « Nous travaillons sur les mesures possibles pour adapter le projet de réorganisation en cours, tout en permettant de recouvrer durablement la compétitivité de l’activité gaz du site de Belfort dans un marché très dégradé. »
Alors que l’entreprise n’a pas tenu ses engagements pris lors du rachat d’Alstom voilà près de quatre ans, aucune action en justice n’est envisagée par le gouvernement pour défendre les travailleurs ; comme toujours, celui-ci se contente de commenter les multiples licenciements massifs qui touche le pays.Pourtant, le temps presse puisque la procédure du plan social arrive à échéance le 21 octobre. Mais que les centaines de salariés du site de Belfort se rassurent, Bruno Le Maire a promis de rencontrer Larry Cup, PDG de General Electric, « prochainement ».
Des salariés qui, de leur côté, tentent de se mobiliser pour sauver leurs emplois. L’intersyndicale, composée de la CGT, CFE-CGC et Sud, s’apprête à présenter mercredi prochain un « plan alternatif ». « Nous sommes satisfaits qu’il ait constaté le non-respect de l’accord et qu’il mette la pression sur GE », réagissait Philippe Petitcolin, délégué CFE-CGC, lors de la visite de Bruno Le Maire, « Mais si le projet évolue à la marge, on n’ira pas le négocier. » précise-t-il .
Ce vendredi, l’intersyndicale, par la voix de M. Petitcolin, a donc fait savoir qu’elle présenterait un « plan alternatif ». Ce dernier sera « soumis directement » au directeur général Scott Strazik. L’objectif affiché est a minima de faire respecter l’accord conclu en 2014 par l’entreprise au moment du rachat. Un projet fondé « sur les réalités de terrain et le niveau de charge », à un moment où « le marché rebondit en ce moment et où GE a vendu plus de turbines à gaz au premier semestre 2019 que sur l’ensemble de 2018 », a estimé le délégué syndical. De fait, ce sont les travailleurs qui connaissent le mieux les réalités de la production.
Entre les licenciements à Belfort et l’annonce de la vente des services de maintenance nucléaires, on voit bien la logique de General-Electric, qui cherche à faire du profit le plus rapidement, quitte à se séparer sans réfléchir d’un site industriel important. Du côté des 450 travailleurs du secteur de la maintenance, il y a de fort risque concernant les conditions de travail, comme à chaque changement de direction ; des licenciements ne seraient également pas étonnant !
Crédit photo : site GE.com
Publié par REVOLUTION PERMANENTE