Avant la seconde guerre mondiale
En 1764 fut créée la 1ère pension vieillesse, pour les militaires, puis pour les marins. En 1790 après la révolution française, la loi prévoit un accès à une pension pour les personnels de l’Etat militaires et civils, en 1853 pour les PTT, les manufactures de tabacs et allumettes, l’Opéra et la Banque de France. Certains employeurs privés (de façon marginale) pour fidéliser un main d’œuvre qui subit des conditions de travail très dures : hauts fourneaux – chemins de fer- mines- versent, sous la pression des syndicats, des pensions aux vieux travailleurs.
Les pensions sont fondées sur la capitalisation de cotisations obligatoires. Bien qu’elles constituent un avantage enviable pour les salariés qui n’en bénéficient pas, ces pensions dans les faits ont peu de bénéficiaires. L’espérance de vie est basse. La CGT a calculé qu’en 1903, à peine 5% des travailleurs concernés atteignent les 65 ans retenus pour en bénéficier. En 1930, 2,5 millions sont couverts par les droits à une pension sur 18 millions de travailleurs concernés.
En 1946 création du régime général par répartition
À la fin de la 2ème guerre mondiale, le CNR (Conseil National de la Résistance), le 15 mai 1944 décide de s’unir sur un programme de mesures destinées à instaurer un ordre social plus juste : nationalisation de moyens de production- industries- , des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques. Les bases de la Sécurité sociale, du droit généralisé à la retraite, d’un code du travail protecteur sont posées.
-Le 22 mai 1946 est adoptée à l’Assemblée Nationale la loi –proposée par A. Croizat- qui étend la Sécurité Sociale à l’ensemble de la population et à partir du 1er janvier 1947 la loi concernant l’assurance vieillesse.
C’est la retraite par répartition. Quels en sont les principes ?
-Il est contributif : Pour la Sécurité Sociale et la retraite, une cotisation mensuelle est payée – à part égale - par le salarié et l’entreprise. C’est le salaire « socialisé » (il sert pour régler les questions sociales indispensables)
Les retraités touchent une pension proportionnelle au montant des cotisations prélevées sur les salaires qu’ils ont versé au cours de leur carrière.
-Il est solidaire. Certaines catégories sociales bien qu’elles ne paient pas de cotisation, comme : les chômeurs – les salariés en arrêt de maladie- les parents en congé parental- acquièrent des droits à la retraite. Les personnes âgées qui n’ont pas suffisamment cotisé peuvent percevoir une allocation de solidarité à partir de 65 ans.
-Il est fondé sur un contrat entre les générations : les actifs payent les pensions des retraités d’aujourd’hui et les actifs de demain financeront les retraites des actifs d’aujourd’hui
-Ce système met les retraités à l’abri des aléas financiers, contrairement à un régime par capitalisation où l’évolution des pensions dépend des marchés financiers.
-Il est universel. Il s’étend à tous les citoyens. L’ambition est d’assurer un bien être pour tous de la naissance à la mort.
Son financement : la cotisation mensuelle payée par le salarié et l’entreprise est la forme la plus adéquate parce qu’elle était prise sur la création des richesses crées par le travail salarié, C’est donc incontestablement un salaire socialisé.
Ce système de cotisation fit ses preuves. De 1945 à 1973 la France a connu une forte expansion économique, l’une des plus élevée du monde industriel.
Contrairement à la propagande capitaliste et son pouvoir, la cotisation sociale n’est pas un coût, elle est synonyme de progrès social et de développement car elle paye des retraites immédiatement avec un effet retour sur la consommation et la création de nouvelles richesses, ce qui n’est pas le cas dans les fonds de pension spéculatifs.
Les régimes spéciaux
Dans le système de retraite par répartition créé en 1946, les régimes créés avant 1939 sont conservés parce que considérés comme pionniers, d’autres se sont créés ou unifiés comme le régime des hospitaliers, des électriciens gaziers. Tous ces régimes tiennent compte des conditions particulières de travail dans ces secteurs. Ce sont les régimes « spéciaux » qui existent aujourd’hui.
Les retraites complémentaires:
Les régimes de retraites complémentaires ont été créés en 1947 pour palier l’insuffisance des pensions servies par le régime général pour certaines catégories professionnelles : AGIRC en 1947 pour les cadres du commerce et de l’industrie- ARRCO qui fédère le régime de retraite complémentaire institué pour les non cadres de tous les secteurs.
Les retraites complémentaires sont des retraites par point, qui ne garantissent donc pas le niveau de la retraite. Le rendement du point varie en fonction de la conjoncture économique. Par ex. depuis 20 ans le rendement par point du point a baissé de 15% et il doit continuer à baisser d’ici 2030. La valeur du point AGIRC-ARCO qui est aujourd’hui à 5,90 doit arriver à 4,5%.
Les retraites complémentaires ont été attaquées par le patronat en 2012. En 2015, la CFDT, la CFTC et la CGC ont signé un accord qui ampute de 10% la retraite complémentaire de ceux qui partent en retraite à 62 ans – 63 ans et 64 ans. La retraite complémentaire est entière à partir de 65 ans.
La gestion démocratique : Dans le système par répartition, les caisses Retraite et Sécurité Sociale étaient gérées par les intéressés eux-mêmes. Les premiers conseils d’administration des caisses seront composés de ¾ de représentants des assurés et de ¼ de représentants des patrons. Les premières élections eurent lieu le 27 avril 1947 (au fil de l’histoire ils ont subi des attaques comme le système lui-même.
C’est le rapport des forces en 1945 qui a imposé le système par répartition
La lutte des travailleurs, du peuple, la résistance, pour libérer la France ont imposé cette immense conquête. De Gaulle l’a bien compris. Elle a été instituée malgré l’opposition du patronat et de ses soutiens. C’est toujours le système capitaliste qui règne en France et qui dirige.
L’objectif du capitalisme, sa raison d’être est la recherche permanente du profit maximum. Quand les luttes imposent des conquêtes sociales, il n’a de cesse, comme toujours, de tout faire pour reprendre ce qu’il a dû concéder.
C’est la lutte de classe permanente entre le capital et le travail. L’opposition capital- travail est irréductible.
Après l’éviction des Ministres communistes du gouvernement, celui-ci dès 1960 reprend le contrôle de l’Etat sur le budget de la Sécurité Sociale. En 1967 il prend des ordonnances qui « cassent l’unicité du système social » – il crée 3 branches : Sécurité Sociale – famille – retraite. Il supprime les élections des administrateurs salariés.
La propagande gouvernementale et patronale développe de plus en plus l’idée qu’il faut réduire les déficits publics, que l’allongement de la vie grève les finances des caisses des retraites….
Ce n’est pas l’allongement de l’espérance de vie qui est responsable des déficits mais la mainmise du capital avec le concours du pouvoir à son service, sur les ressources de la Sécurité Sociale et des retraites ; par ex. les exonérations de cotisations des entreprises concédées par les gouvernements successifs, aujourd’hui plus de 200 milliards annuels, que Macron est entrain de supprimer totalement. De Plus, quand en 30 ans la part des salaires dans le PIB (la richesse annuelle produite par le travail) a diminué de 10% au profit du capital, cela représente par ex. pour une seule année, 40 milliards d’euros de manque à gagner pour le financement des retraites.
Depuis 1950, le recul, la casse de notre système de retraite est programmée par tous les gouvernements successifs au service du capital
1953- le gouvernement Laniel veut remettre en cause le système de retraite des fonctionnaires et agents publics. Après un mouvement de grève national, puissant au mois d’août, il recule. 1991-Rocard sort son livre blanc, crée la CSG – 1993 Balladur qui augmente les années de cotisation obligatoires – 1995 Juppé qui veut allonger la durée de cotisation de la fonction publique, il doit renoncer à sa réforme après le puissant mouvement de lutte de la SCNF qui s’est élargi – 2003-2007, Sarkozy-Fillon allongent la durée de cotisation des fonctionnaires, s’attaquent aux régimes spéciaux – 2010 l’âge légal est porté à 62 ans et la durée de cotisation à 41,5 ans.
2019 : La réforme Macron-Philippe-Delevoye
Elle vise à faire disparaître complètement le système « par répartition ». Cette réforme des retraites fait partie d’un ensemble qui vise à donner au capital les moyens maximums pour augmenter ses taux de profits.
Le pouvoir, le MEDEF et tous leurs soutiens mènent une campagne idéologique : « les régimes spéciaux c’est une grande injustice… avec le régime par points, tout le monde aura la même chose, c’est la justice.
La réalité n’a rien à voir avec ça. La réalité, c’est que le capital ne veut plus rien payer et il veut de plus récupérer un marché qui lui rapporterait des milliards de profits. L’exploitation du système de santé et de retraite représente un marché considérable pour les multinationales : la santé c’est 500 milliards d’euros, les retraites c’est 325 milliards qui échappent à leurs appétits financiers. Il faut le récupérer.
Le système universel par points : fini la retraite pour tous. On passe d’un système qui garanti une prestation acquise tout au long de la vie professionnelle quels que soient les aléas, à un système ou durant les périodes de chômage, de maladie ou aléas du travail, de la vie, le salarié ne cumulera pas de points pour sa retraite.
-Aucune garantie sur le niveau de la retraite au moment du départ. La valeur du point dépendra de la conjoncture économique qui peut varier, du marché capitaliste et selon l’exigence pour assurer l’équilibre financier du système. Pour essayer d’avoir une retraite qui permette de vivre correctement ou même dignement, il faudra travailler de plus en plus longtemps pour acquérir des points, partir de plus en plus tard- 63 – 64 ans…ou plus tard.
-Les régimes spéciaux avec les avantages acquis dans les différents secteurs, les retraites complémentaires, vont disparaître.
-La pension de réversion va aussi être atteinte. Le conjoint vivant ne recevra plus comme aujourd’hui une part de la pension du défunt mais la réversion sera calculée sur l’ensemble des 2 pensions du couple, donc moindre. Les personnes pacsées ou en union libre n’auront pas droit à la réversion
La retraite par capitalisation : Le MEDEF et le gouvernement veulent contraindre à prendre des Assurances pour se faire un « complément » de retraite. A l’Université du MEDEF, des patrons ont expliqué « qu’avec le régime par points, sur le long terme les gens verront leur pension baisser ; c’est une bonne nouvelle, de quoi les insister à prendre des assurances » ! Prendront des assurances ceux qui ont un revenu suffisant pour le faire. Et ils ne sont sûrs de rien (en période de crise économique, en Angleterre et aux USA, les retraités qui avaient confié leurs économies, ont tout perdu).
Il y a de l’argent pour payer les retraites
Il faut rétablir les cotisations des entreprises- 200 milliards - augmenter les salaires : 3,5% d’augmentation donnerait tout de suite 6,5 milliards pour les caisses de retraites ; les entreprises du CAC40 viennent de distribuer 51 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires et le travail des salariés français produit 2.500 milliards d’euros de richesses chaque année.
Nous l’avons dit, cette réforme des retraites fait partie d’un vaste plan de régression sociale qui vise à donner au capital les moyens qu’il exige.
La réforme par répartition a été acquise par la lutte. Elle fonctionnait très bien et il y a les moyens d’améliorer le système pour répondre aux nécessités du 21ème siècle.
Il faut faire reculer Macron, sa réforme, la régression sociale programmée et imposer des revendications par la lutte. Luttons tous ensemble de plus en plus fort.
Contre la réforme des retraites du gouvernement, il y a eu la lutte puissante des salariés de la RATP. Les professions indépendantes manifestent contre la suppression de leur régime autonome. Le 16 septembre action contre la réforme des services publics.
Face aux attaques de Macron et du capital contre les acquis sociaux, faisons converger les luttes. Concernant la réforme des retraites "Macron craint la convergence des opposants" écrit le journal « Le Figaro ». Les travailleurs, tous celles et ceux qui rejettent la casse du système des retraites sont le nombre. Alors faisons converger leur lutte. C’est tous ensemble unis qu’on les fera reculer.
Le 24 septembre à l’appel de la CGT, une journée de lutte et de manifestations interprofessionnelles contre la réforme des retraites, la régression sociale. Assurons le succès de cette journée qui en appelle d’autres.
Et nous continuerons en même temps à mener la lutte contre le capitalisme qui exploite notre peuple comme les peuples du monde entier.
SOURCE:
Publié par EL DIABLO