Le Medef ne le claironne pas mais ce budget 2020 contient un joli cadeau pour leurs marges bénéficiaires : la baisse du taux d’impôt sur les sociétés dit « IS » dans les milieux habitués à en payer. Les grands groupes lâcheront l’année prochaine 31% de leurs profits au fisc, au lieu de 33,3%.
Si prompt à vouloir faire plier les Gafam avec sa taxe numérique, Emmanuel Macron rentre dans le rang.
Et un peu moins au fil des ans pour arriver à 25% à la présidentielle de 2022. Ce ratio (un quart des profits au fisc) ne tient pas tout à fait du hasard, il correspond à une forme de norme mondiale. Les Pays-Bas, l’Autriche, la Chine, la Corée du Sud prélèvent exactement 25%. S’en rapprochent l’Italie (24%), le Japon (23%), les Etats-Unis (21%) et l’Allemagne (20,5% avec l’impôt sur la solidarité). Si prompt à vouloir faire plier les Gafam avec sa taxe numérique, Emmanuel Macron rentre dans le rang. Certes, maintenir des taux très supérieurs à la moyenne exposait la France à un déficit de compétitivité, mais cette convergence mondiale des régimes fiscaux en dit long sur le rapport de force entre les multinationales et les États.
Elles viennent de gagner la bataille du « fiscal shopping » où chaque grand patron fait jouer la concurrence et dissémine ces milliards d’investissement en fonction du moins disant fiscal. Les Etats – notamment au sein de l’Union Européenne – pouvaient s’entendre sur des régimes communs et organiser la convergence… mais pas vers le bas. Le sens de l’histoire ? Pas si sûr à écouter les démocrates américains batailler pour remporter la primaire. Elisabeth Warren et Bernie Sanders semblent, eux, engager dans une course à la taxation des riches. La première entend faire passer à la caisse les patrimoines au dessus de 50 millions de dollars (2% de taxes, voire 3% au dessus d’un milliard). Le second prendrait 1% au dessus de 32 millions de dollars et jusqu’à 8% pour les super-riches nantis d’une fortune supérieure à 10 milliards de dollars. Avec son IGF (Impôt sur les grandes fortunes) plafonné à 1,5% en 1982, François Mitterrand n’avait pas la main aussi lourde. La France, bientôt un paradis fiscal ?