Le site Michelin de La Roche-sur-Yon va fermer ses portes, et ce, malgré une aide du Crédit d’impôt Compétitivité Emploi (CICE). Avoisinant les 65 millions d’euros ces dernières années, cette aide a servi à financer des machines parties dans des pays à plus faibles revenus…
C’était le 10 octobre dernier, le célèbre fabricant de pneumatiques Michelin annonçait la fermeture de son site de La Roche-sur-Yon en Vendée (619 emplois), servant à la réalisation de pneus pour les poids lourds. Dans son sillage, l’usine de Cholet qui quant à elle produisait le mélange de gomme, verra la suppression d’un bon nombre de ses employés (74 emplois).
Créé en 2013 par le gouvernement Hollande, le CICE devait venir en aide aux entreprises représentant 4% de la masse salariale la première année (dans la limite de deux fois et demi le Smic) et 6% les années suivantes. Tout ceci, transformé par une baisse des cotisations patronales en 2019. C’est tout de même grâce à ce dispositif que le groupe Michelin a pu bénéficier, depuis la création du CICE, d’une aide de 65 millions d’euros. Ce don n’étant réglementé par le simple fait de communiquer aux représentants du personnel l’utilisation de cet argent…
Sur ce pactole, 23 millions d’euros auraient été redistribués, selon l’entreprise, pour les sites du Puy-en-Velay, Montceau-les-Mines ou encore Roanne, afin « d’optimiser les lignes de fabrication » ou acheter de nouvelles machines. Pour le seul site de de La Roche-sur-Yon, 4,3 millions d’euros auraient été déboursés. Ces dépenses sont réfutés par les représentants du personnel lors du Comité Central d’Entreprise (CCE), qui selon plusieurs documents, cette somme aurait servi en réalité à la réalisation d’ateliers de cuisson et à l’achat de huit nouvelles machines d’assemblage, qui pour six d’entre elles n’auraient même pas été déballées, et expédiées vers d’autres usines à travers l’Europe.
Le 16 octobre Jean-Paul Chiocchetti, directeur France de Michelin, annonçait dans un article paru dans Ouest-France, que la somme de 4,3 millions d’euros consacrée au site de La Roche-sur-Yon serait remboursée. Mais l’entreprise semble être revenue sur ces propos et devrait seulement les aides régionales compte tenu des objectifs en termes d’emplois non atteint, contrairement au CICE qui « n’était assujetti à des critères spécifiques sur l’emploi, mais était destiné à soutenir les entreprises dans leur politique d’investissement ». Des propos provenant de l’entourage de la direction qui aura au moins le mérite d’être honnête. Donnez de l’argent public aux entreprises privées elles ne vous le rendront pas. Voilà un réel cadeau inacceptable pour le bénéfice des grands patrons !
Le CICE contribue depuis plusieurs années à une manne financière pour les grandes entreprises comme le prouve encore cette délocalisation. A contrario, les aides sociales quant à elles sont sans cesse pointées du doigt voire même diminuées ou tout bonnement supprimées. Le vocabulaire libéral y est savamment pensé. Loin de servir à redynamiser l’industrie et empêcher la fermeture, c’est un chèque en blanc pour le grand patronat comme vient encore une fois de le montrer l’exemple de Michelin.
Crédits photo : Franck Dubray / MAXPPP
Publié par REVOLUTION PERMANENTE