A l’occasion de la venue d’Emmanuel Macron et d’Angela Merkel, près de 200 personnes, dont une soixantaine de personnels hospitaliers, se sont rassemblés ce mercredi devant l’hôpital de l’Hôtel Dieu à Toulouse. Après trois « jeudis noirs » de fermeture des urgences au CHU de Purpan, ce rassemblement marque une nouvelle étape dans la mobilisation des hospitaliers toulousains, en grève depuis le 26 septembre.
En grève depuis 3 semaines, les personnels du CHU de Toulouse ont depuis été rejoints par ceux de plusieurs cliniques privées. Dans ce contexte, la visite des chefs d’Etat programmée dans le cadre du Conseil des ministres franco-allemand sonne d’après Jean-Claude Cathala, représentant de la CGT 31, comme une « provocation pour ceux qui subissent les politiques désastreuses [que Macron et Merkel] nous dictent avec les grands patrons ».
La CGT, la FSU, l’Union des Etudiants Toulousains, Sud, la CFDT, Act Up et quelques Gilets Jaunes ont ainsi appelé au rassemblement d’aujourd’hui devant l’hôpital de l’Hôtel Dieu, situé au centre-ville de Toulouse. Pauline, représentante CGT, et Lucie, infirmière à Purpan, ont pris la parole pour dénoncer la politique menée par le ministère de la santé et la réforme des retraites en cours, qui dégradent toujours plus leurs conditions de travail et de vie.
Elles ont ainsi abordé les sous-effectifs, avec la suppression de plusieurs dizaines de postes à temps plein dans les hôpitaux, les fermetures de lits, avec la disparition de 5 services dans les hôpitaux de Toulouse, la faible reconnaissance salariale des travailleurs hospitaliers, ainsi que la perte de revenus brutale provoquée par la « retraite à points » pour tous les futurs retraités. Un appel a été passé à la convergence entre tous les fonctionnaires et travailleurs du service public, mais aussi du secteur privé, qui subit lui aussi les conséquences désastreuses des politiques en cours. Pour rappel, les revendications actuellement portées par les grévistes toulousains sont la création de 1 500 postes dans la santé, ainsi que le déblocage de 100 millions d’euros pour permettre au CHU de continuer à fonctionner.
Interrogées sur leurs conditions de travail, les infirmières et aides-soignantes présentes au rassemblement évoquent les « arrêts maladie à répétition », l’« épuisement professionnel » qui touchent beaucoup de leurs collègues, victimes de la surcharge de travail provoquée par les restructurations en cours de l’hôpital. Elles parlent de la multiplication des personnels non-remplacés ou affectés à des tâches pour lesquelles ils sont moins bien formés, sans avoir la possibilité de refuser des postes qui ne correspondent pas à leurs qualifications. D’autres mettent en avant l’aspect « délirant » de réformes qui visent à fermer les services les moins rentables pour réorienter patients vers d’autres services… Quitte à envoyer les personnes les « moins » malades dans des lits de services qui n’ont rien à voir avec leur pathologie ! En service traumatologie à Purpan, une aide-soignante évoque quant à elle la maltraitance provoquée par la multiplication des tâches, qui ne laisse plus le temps nécessaire pour s’occuper correctement de chaque patient, mais aussi la perte de lien social à l’intérieur des équipes, restructurées au gré des fermeture de services. En grève depuis plus d’un an suite à la disparition de son poste, une infirmière au CHU déclare : « Nous ne luttons même pas pour une amélioration de nos salaires ou de nos conditions de travail, mais juste pour conserver ce qu’on avait jusqu’à maintenant ».
De même, les femmes interrogées ont pu évoquer les difficultés à accompagner les femmes victimes de violences dans un hôpital qui n’a plus de temps à consacrer à ses patients, soulignant l’hypocrisie du Grenelle lancé au mois de novembre dernier. Autre signe de la prise de conscience, à l’intérieur des secteurs en lutte, de la nécessité de convergence, les manifestant.e.s ont applaudit le passage d’un camion de pompiers aux abords du rassemblement, en référence à l’action menée hier par les sapeurs-pompiers de Paris et de régions, fortement réprimée.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE