Les raffineurs sont dans la bataille. La presse et le gouvernement essayent de minimiser l’impact, mais il est bien là. Entretien avec Eric Sellini, Coordinateur CGT du Groupe Total.
Quatre raffineries sur huit paralysées ce vendredi. « Et il y en aura davantage la semaine prochaine, puisque les camarades prévoient de radicaliser le mouvement, déclare Eric Sellini, Coordinateur CGT du Groupe Total. Les blocages d’expédition vont se poursuivre. Du coup dans les prochains jours on risque d’être un peu embêtés. Enfin, les patrons ».
5% des stations impactées, pour l’instant, selon la presse ? « C’est une façon de mettre le couvercle sur la marmite, poursuit Sellini. Il suffit de prendre quelques exemples. En région parisienne, au jour d’aujourd’hui, le dépôt de Gennevilliers est vide. Il n’y a plus de combustible. Pour le réseau Total, c’est catastrophique. S’il y a du réapprovisionnement, ce sera en très petites quantité. Et, de toute façon, les camions, avec la circulation, ne peuvent pas faire leurs tournées habituelles. Pour la Bretagne, la situation va devenir de plus tendue aussi. La raffinerie de Donges a repris, mais les copains vont rebloquer en début de semaine prochaine. A chaque fois, c’est des millions de litres qui ne sortent plus, et il n’y aura plus de carburant sur le gros dépôt de Rennes ».
La détermination est au rendez-vous. Si le combat actuel est mené par tout le monde, c’est pour tout le monde que se battent les raffineurs. « Alors, bien sûr, pour nous aussi l’impact de la réforme serait terrible. Dans un groupe comme Total, où nous avons des accords de très haut niveau, pour 25 ans de quart, les raffineurs bénéficient de cinq ans d’anticipation, au cours desquels ils sont en pré-retraite avec un statut de salarié du groupe. Avec les deux ans de la réforme, qu’est-ce qu’il va se passer ? Mais la question n’est pas là uniquement. La réforme concerne tout le monde, et au niveau de la CGT, c’est la première fois depuis très longtemps qu’il y a une volonté de toutes les fédérations et de tous les secteurs de ne rien lâcher ».
La nervosité a fini par atteindre le patronat, et ce par-delà les déclarations du Medef.
« Dans tous les grands groupes, que ce soit au niveau de l’industrie gazière, dans la chimie, dans l’énergie, les grands patrons ont reçu la consigne d’essayer de faire des appels du pied, souligne Sellini, citant plusieurs exemples. Ils essayent de négocier, au cas par cas. En même temps, ils disent qu’ils n’ont pas des masses de marge de manoeuvre, alors comme ça, les choses sont claires. Mais encore une fois, le combat nous concerne toutes et tous, et on ne va pas aller négocier, secteur par secteur ».
La semaine prochaine s’annonce décisive chez les raffineurs et au niveau global.« Ce gouvernement n’hésite pas à mettre la vie des gens en danger, en faisant rouler des trains, les transports, Paris, avec des non-grévistes et des cadres. Jamais la répression n’a été aussi importante. Ils sont prêts à tout. Ce n’est pas un bras-de-fer qui a commencé, c’est une guerre, conclut Sellini. Mais on a de quoi faire basculer la situation, tous ensemble, avec les transports ferroviaires, les raffineurs et tous les autres grévistes. C’est la semaine prochaine que tout va se jouer ».
Propos recueillis par JB Thomas
Publié par REVOLUTION PERMANENTE