SYNDICAT CGT UNILEVER FRANCE HPCI

SYNDICAT CGT UNILEVER FRANCE HPCI

Syndicat CGT Unilever HPCI France

Publié le par Syndicat CGT Le Meux
Publié dans : #Notes d'information Cgt Unilever

 

SOURCE : Révolution permanente

La CGT Mines Energie de l’Isère l’a annoncé par un communiqué de presse : depuis mardi 6h55, l’usine hydro-électrique de Grand’Maison, la plus grande de France, est dans les mains des grévistes – et à l’arrêt total. Une action forte, qui supprime 1600 MW du réseau électrique de France, et fait peser de sérieuses menaces sur l’alimentation électrique de tout le pays. Fabrice Coudour, délégué syndical CGT EDF HydroAlpes et membre fédération syndicale CGT mines énergie FNME-CGT, revient sur la situation, les raisons de la colère, et les perspectives à venir.

Révolution Permanente : quelle est la situation à Grand’Maison et dans la région au niveau de la production électrique ?

Fabrice Coudour :

La première chose à dire, c’est que depuis le début du mouvement, tant nationalement que localement, les électriciens et les gaziers sont très mobilisés. La colère et la détermination sont très présentes, les actions sont nombreuses, et les salariés sont très mobilisés : sur les journées nationales, nous avons été en moyenne 50 % de grévistes. Un salarié sur deux, c’est vraiment pas rien : pour nous c’est une lutte historique, tant du point de vue du nombre de grévistes que du nombre et de la fréquence des actions, qui sont toutes décidées en assemblée générale de grévistes, et portées collectivement. Nationalement, il y a eu énormément de coupures : Orly et Rungis ce matin, mais aussi des permanences LREM, des préfectures, des lycées etc. Localement, nous avons aussi décidé de couper l’électricité du MEDEF lors du rassemblement devant leurs locaux à La Motte Servolex.

Malheureusement, l’organisation de la production fait que même quand on se met en grève, l’électricité continue d’arriver. Du coup, malheureusement, les actions qu’on peut mener dans le secteur de l’énergie ne sont relayées par les grands médias que quand elles touchent un hôpital ou une école, pour faire le buzz et attirer les foudres sur les grévistes : pour le reste, nous sommes complètement invisibilisés. Alors localement, les hydrauliciens ont décidé qu’il fallait agir sur des symboles : on a donc décidé d’installer un piquet à la centrale de Grand’maison, la plus grande centrale hydraulique de France.

A l’heure actuelle, l’usine est mise à zéro : la production est aux mains des grévistes au sens propre du terme. Évidemment, cela tend la situation sur le réseau national. Notre but n’est pas d’handicaper les usagers – pour nous ça restera des usagers, et non pas des clients – mais de dire que les décisions concernant la production sont entre nos mains et que, si le gouvernement ne réagit pas, on est en capacité de menacer sérieusement la fourniture d’électricité. Par cette action, on veut montrer qu’on est à la veille de pouvoir agir vraiment fortement sur le réseau si le gouvernement continue à se montrer aussi obtus face à la voix de la rue et des grévistes. On a voté la grève jusqu’à demain, on est partis pour rester en grève jusqu’à vendredi pour commencer, mais on est déterminés à reconduire si c’est nécessaire. Ce soir, on est une cinquantaine sur le piquet, prêts à y passer la nuit : des gens passent pour apporter à manger ou un coup à boire. Contrairement à ce que les grands médias racontent, c’est pas un plaisir en soi d’être en grève ; mais c’est un plaisir de défendre l’avenir de nos gamins et de toute une population.

Révolution Permanente : quelles sont vos revendications ?

Fabrice Coudour :

Notre revendication, c’est le retrait total de la réforme des retraites. Les fausses annonces du gouvernement, ou les micro-aménagements sectoriels qu’il propose, ça ne nous satisfait pas : ça ne fait que nous pousser à répondre à la hauteur de l’attaque, à être encore plus déterminés dans nos actions.
On est certes un secteur professionnel restreint, mais on défend les intérêts de tout le monde. On a du mal à comprendre les gens qui nous regardent de loin : les bénéfices qu’on va gagner seront pour tout le monde, il faut qu’on y soit tous dans cette lutte !

D’ailleurs, au-delà du dossier des retraites, il y a plein d’autres sujets d’inquiétude et de révolte. Pour notre secteur, mais qui va concerner toute la population, il y a par exemple l’ouverture à la concurrence des concessions hydrauliques. C’est le même principe que pour les autoroutes : au nom du dogme néolibéral, on voudrait livrer les concessions hydrauliques (barrages) à des opérateurs privés. Macron accélère dans cette voie, mais ses prédécesseurs avaient déjà bien entamé le processus. Or ce passage au privé est dramatique en termes de gestion de l’eau, qui est quand même un bien vital pour toutes et tous : on est en train de privatiser encore plus la gestion de l’eau, c’est-à-dire de la laisser aux mains d’opérateurs dont l’objectif principal sera de faire des profits, et non pas de servir les intérêts de tous.

De plus, cette privatisation va avoir des effets importants sur les factures d’électricité. Il faut savoir que si, en France, on paie notre électricité relativement peu cher par rapport aux autres pays européens, c’est grâce à l’hydro-électricité en France. Vendre les barrages, qui sont des biens publics construits grâce à l’argent public, au privé, c’est faire un énorme cadeau, et laisser les mains libres à des entrepreneurs pour augmenter les tarifs. Depuis la privatisation d’EDF en 2004, les tarifs d’électricité ont pris 35 %, et ceux du gaz 70 % : cela prouve bien que la libéralisation et la déréglementation qui va avec ne sont absolument pas un moyen pour faire baisser les tarifs. Par contre, la libéralisation est clairement grande réussite pour les patrons du CAC40, qui n’ont jamais reçu autant de pognon.

En janvier 2019, les médias et le gouvernement ont commencé à préparer le terrain en expliquant en long en large et en travers qu’il était normal que les tarifs de l’électricité augmentent, que l’écart avec nos voisins européens étaient importants etc. Mais en France, il y a 13 millions de personnes qui sont en situation de précarité énergétique. 10 % d’augmentation de la facture d’électricité, ça sera 400.000 personnes supplémentaires qui se retrouveront en précarité énergétique, à devoir choisir entre allumer leur chauffage ou leur lumière, et qui verront donc leurs conditions de vie se dégrader encore un peu.

Que ce soit sur les retraites, sur l’électricité, sur l’eau, ce qu’il manque en face, c’est la volonté de servir les intérêts communs. Depuis 1946, les gouvernements successifs n’ont fait que travailler à casser tout ce qui avait été mis en place.

Révolution Permanente : ces derniers jours, il ne t’a pas échappé que certaines actions ont pu créer des polémiques, y compris à la tête de ton syndicat. Qu’est-ce que tu penses de tout ça ?

Fabrice Coudour :

Personnellement, je pense que les actions qui sont décidées et qui ont eu lieu sont une expression des grévistes. On peut trouver que c’est pas très respectueux de la position de chacun, mais ce sont des expressions collectives de grévistes qui sont insatisfaits, et en cela elles sont légitimes. D’ailleurs, les premiers insatisfaits, ce sont les adhérents CFDT eux-mêmes : dans plein d’endroits on voit des cartes qui sont déchirées par les adhérents suite aux positions prises par Laurent Berger.

Si leurs propres adhérents sont insatisfaits des positions de leur centrale, on peut d’autant plus comprendre les actions des grévistes, qu’il s’agisse de l’envahissement de leurs locaux vendredi 17 ou de la brève coupure d’électricité qui a eu lieu ce lundi 20 janvier. Le propre de l’existence d’un syndicat, c’est d’écouter sa base. D’ailleurs, localement, la CFDT appelle avec nous : leurs adhérents ont dit qu’ils ne voulaient pas sortir du mouvement.

Pour moi, l’envahissement des locaux CFDT, c’est vraiment une action symbolique qui ne mérite pas toute l’attention que les médias lui ont prêtée : c’est pas pire d’investir les locaux du MEDEF que d’investir ceux de la CFDT pour leur dire qu’ils prennent pas la bonne décision. C’est la même chose au sujet de la coupure d’électricité : des coupures d’électricité de plusieurs jours, il peut y en avoir à tout moment, on l’a vu récemment en Isère lors des grosses chutes de neige en novembre. Des villages sont restés plus de 10 jours sans électricité ! Alors il faut relativiser, une heure de coupure à la CFDT, c’est loin d’être dramatique. Par contre, ce qui est certain, c’est que si les médias en font tout un foin, c’est pour détourner l’attention : pendant qu’on parle de l’intrusion ou de la coupure, on parle pas du reste.

Pour soutenir les grévistes de l’énergie, n’hésitez pas à passer à la buvette qu’ils et elles tiennent avant chaque manifestation à Chambéry, place du Palais de Justice !

Publié par FSC

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