« Tu peux travailler sans patron, le patron ne peut pas travailler sans toi ». On connaît le vieil adage soixante-huitard. Même chose pour l’électricité : si les énergéticiens décident de couper le jus, les patrons et le gouvernement peuvent donner de la voix, mais rien n’y fait.
[Crédits. PL Flamen]
Alors, bien entendu, on voit tourner en boucle, sur BFM et d’autres chaînes absolument neutres sur le conflit des retraites, que des « milliers de foyers » ont été plongées dans le noir sur plusieurs communes de la banlieue Sud de Paris, notamment sur Orly, Rungis, Fresnes, Thiais, Wissous et Antony. Mais l’objectif principal de la rupture d’alimentation d’un poste source au niveau de Rungis était néanmoins le marché de Rungis lui-même, le plus gros de France, et bien entendu l’aéroport d’Orly. Une façon aussi de répondre à Bruno Lemaire qui affirmait, lundi, que l’économie française n’était que peu impactée par la grève. Et bien quand les grévistes de l’énergie s’y mettent, c’est des secteurs clé de l’économie qui sont dans le noir : le MIN, le marché de Rungis, donc, mais aussi l’OrlyVal, le tramway 7, l’aéroport en tant que tel n’ayant été touché que partiellement à la suite de l’entrée en fonction d’un générateur.
Enédis, de son côté, a alimenté les zones d’habitation à partir d’un autre réseau que celui dépendant du Sud francilien. L’impact est donc limité pour les usagers. Et, en tout état de cause, le seul responsable de cette situation, c’est le gouvernement. Le secrétaire d’Etat à la Ville et au Logement, a eu le culot de pousser des hauts-cris, dans la matinée, en dénonçant une action « scandaleuse et irresponsable [qui] détruit le dialogue social [et des actes] illégaux qui dégradent le climat du dialogue ». Comme si l’exécutif n’avait pas une toute petite part de responsabilité dans les tensions actuelles…. De qui se moque-t-on ?
Il n’en reste pas moins que les actions au niveau de l’énergie vont continuer à se multiplier, comme l’annonce la Fédération CGT Mines et Energie. Reste à les coordonner, par en bas, avec celles des personnels de l’Education, des secteurs en grève aujourd’hui, des cheminots et agents RATP qui maintiennent la pression jusqu’au 24 pour faire, véritablement, basculer la situation et ouvrir la voie à la grève générale. C’est ce que les directions syndicales et l’Intersyndicale devraient défendre, plutôt que de condamner ces actions. Le gouvernement, de son côté, envisage même d’annoncer un « âge d’équilibre » à 65 ans, ce vendredi : c’est bien la preuve qu’il n’y a rien à en tirer, et qu’il faut se poser la question, sérieusement, de s’en débarrasser.
Côté énergie, en tout cas, les grévistes indiquent la voie à suivre pour créer le rapport de force.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE