L’épidémie de coronavirus fait tache d’huile… et contamine les marchés. Les Bourses chinoises ont dévissé lundi. Du fait des traditionnelles vacances du Nouvel an lunaire, les marchés de Shanghai et Shenzhen étaient fermés depuis le 24 janvier, soit au lendemain de la mise de facto en quarantaine de la ville de Wuhan, foyer du nouveau coronavirus. Or, pendant ce temps, les indices boursiers mondiaux ont piqué du nez depuis dix jours, effrayés par les conséquences de l’épidémie sur la croissance de la Chine, deuxième économie mondiale, où l’activité reste paralysée.

D’où l’effet de rattrapage : à la mi-journée lundi, l’indice composite shanghaïen s’effondrait de 8,13% à 2.734,66 points. A l’unisson, la Bourse de Shenzhen, deuxième place de Chine continentale, perdait 8,30% à 1.611,04 points. Elles avaient ouvert en repli de quasiment 9%. Selon l’agence Bloomberg, c’est leur plus forte baisse en séance depuis le krach de l’été 2015. « La panique des investisseurs s’est propagée sur l’ensemble de la cote, elle dominera le marché à court terme », observe Yang Delong, économiste du fonds d’investissement First Seafront. Plus de 2.600 titres ont chuté de 10%, seuil à partir duquel les échanges sont automatiquement suspendus sur l’action concernée, selon un décompte Bloomberg.

L’activité économique paralysée, en Chine

L’épidémie, qui a désormais fait plus de morts (362 décès confirmés) que le virus du Sras en 2002-2003, pesait également sur les marchés chinois des changes et des matières premières, eux aussi rouverts lundi. La monnaie chinoise a trébuché de 1,5%, à environ 7,02 yuans pour un dollar, tandis que les échanges étaient suspendus sur le minerai de fer, le cuivre, le pétrole ou encore l’huile de palme, après des plongeons atteignant le seuil maximal autorisé.

Mesures de confinement, liaisons ferroviaires suspendues, fermeture de la plupart des entreprises et usines jusqu’au 9 février… Les mesures adoptées pour endiguer l’épidémie ont paralysé des pans entiers de l’économie – au risque de menacer des chaînes de production à l’échelle du globe. A Shanghai, le titre de Foxconn Industrial Internet, entité cotée du mastodonte taïwanais de l’électronique Foxconn, s’est effondré de 10% dès l’ouverture. Foxconn, sous-traitant crucial du géant américain Apple, a annoncé qu’il ne redémarrerait pas ses usines chinoises avant la mi-février.

De son côté, Kweichow Moutai, producteur de l’alcool blanc « baijiu » traditionnellement offert au Nouvel an, plongeait de plus de 5%. Reflet d’une consommation sous pression: restaurants et centres commerciaux sont fermés et les Chinois paniqués restent calfeutrés chez eux. Le voyagiste CITS tout comme les compagnies aériennes China Southern et China Eastern ont chuté de 10%. Pékin a interdit les voyages en groupe et de nombreuses liaisons aériennes entre la Chine et le reste du monde sont interrompues. La panique n’épargnait quasiment aucun secteur, à l’exception des titres de fabricants de matériels médicaux (masques, équipements de protection) dont certains se sont envolés de plus de 10%.

La PBoC à la rescousse

Les marchés chinois auraient dû rouvrir vendredi avec la fin prévue des congés, mais Pékin a octroyé trois jours fériés supplémentaires dans l’espoir de retarder la ruée dans les trains, facteur de contagion potentielle. Dans le même temps, les autorités ont pris les devants pour tenter de rassurer les investisseurs: la banque centrale (PBoC) a ainsi annoncé dimanche qu’elle s’apprêtait à injecter 1.200 milliards de yuans (156 milliards d’euros) de liquidités dans le système financier pour contrer l’impact de l’épidémie.

Et lundi, alors que les marchés plongeaient, la banque a abaissé à 2,4% (contre 2,5% précédemment) son taux de mise en pension sur sept jours – il s’agit du taux préférentiel qu’elle applique aux banques commerciales pour les prêts à court terme. Cela « pourrait alléger la pression sur les banques » en réduisant leurs coûts de financement, mais « cette baisse de taux reste trop marginale pour contrecarrer substantiellement les dommages infligés à l’activité économique », avertit Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics. « L’impact à court-terme sur le PIB chinois devrait être important », observe le cabinet Oxford Economics, prédisant un ralentissement de croissance à 4% au premier trimestre, contre une précédente prévision de 6%.

CAPITAL (AVEC AGENCE FRANCE PRESSE)

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