Un ouvrier âgé de 20 ans est mort écrasé sous la chute d'une plaque de coffrage pesant plus de trois tonnes ce jeudi matin sur un chantier dans le nord de Montpellier. Loin d'être un « accident » du travail isolé, cette tragédie s'inscrit dans un longue liste de travailleurs morts ou blessés gravement, souvent invisibilisés et classés au rang de « fait divers ».
Crédits Photo : LP/J.-G.B.
C’est à 9h du matin que le drame est survenu. Sur un chantier en construction dans la rue de Georges-Denizot, un jeune ouvrier est mort, un de plus... Mort sous l’effondrement d’une énorme plaque de coffrage pesant plus de trois tonnes. Un choc tellement violent que ce dernier est décédé avant même que les secours arrivent.
Ce drame ne peut être réduit à un simple accident du travail. On le sait, les conditions de travail dans le bâtiment, en plus de dégrader progressivement la santé des travailleurs (poussière, bruit, charges lourdes, tâches répétitives, produits nocifs etc...) les mettent très souvent en situation de danger direct (travail en hauteur, risques d’effondrements etc...). Malgré les multiples normes et outils « sécurisés » imposés aux ouvriers, particulièrement à ceux du bâtiment, le travail n’en reste pas moins dangereux et pour certains mortel. Le secteur du BTP reste le plus touché avec 42 % des travailleurs de la construction qui déclarent avoir déjà été victime d’un accident du travail.
Plus globalement en France, un travailleur sur quatre s’est déjà blessé sur son lieu de travail. Selon des statistiques publiées en 2017 par Solidaires (prenant en compte les accidents du travail, les maladies professionnelles et les accidents liés au trajet) le travail a fait plus de 20 000 morts en France depuis l’année 2000.
Hormis ces quelques statistiques, il reste cependant très dur de se faire une idée précise et réelle sur les accidents et la mortalité au travail. Comme l’affirmait un article du journal Le Monde en juillet 2019 : « Il n’existe aucune donnée précise pour rendre compte du nombre global d’accidents mortels du travail en France ». Il existerait seulement « les chiffres de l’Assurance-maladie (qui) ne rendent compte ni des accidents du travail dans la fonction publique, ni de ceux qui surviennent aux travailleurs indépendants ou ubérisés. »
Face à cette absence de données sur la question, des initiatives comme
la page « Accident du travail : silence des ouvriers meurent » tentent de recenser à partir de différents articles de presse régionale les nombreux morts au travail. Un récent tweet de leur part dresse un bilan du recensement de l’année 2019 : 412 morts, 644 blessés graves, 1056 victimes recensées en tout. Mais c’est encore sans compter les nombreux suicides directement reliés aux conditions de travail. Pour ce dernier cas, c’est d’autant plus dur d’avoir des chiffres précis, car la plupart ne sont pas reconnus comme accident du travail, même dans certains cas plutôt explicites. Pourtant on le sait bien, de France télécom à LaPoste en passant par la SNCF, des centaines de suicides sont directement reliés aux méthodes managériales, sans pour autant qu’elles soient toutes reconnues comme accident du travail.
Le décès de ce jeune ouvrier de 20 ans est loin d’être un cas isolé. Ce n’est pas une inattention ou une erreur personnelle qui en est à l’origine, mais bien l’organisation et les conditions dangereuses de travail.
Toutes nos condoléances aux proches et à la famille de ce jeune ouvrier.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE