Alors que le Conseil National des Barreaux (CNB) a voté à l'unanimité la poursuite de la grève des avocats – entamée le 6 janvier dernier – la ministre de la Justice s'est fendue d'un communiqué appelant à la fin de la grève. Depuis plusieurs semaines désormais, l'intégralité des 164 barreaux de France sont en grève. Une mobilisation que Nicole Belloubet ne semble pas prête à entériner.
La ministre de la justice, Nicole Belloubet, a appelé les avocats à cesser leur grève ce samedi par le biais d’un communiqué. Cette dernière a en effet déclaré souhaiter « maintenant une suspension du mouvement de grève des avocats dans les juridictions ». Estimant que « la poursuite de ce mouvement contribuait à dégrader le fonctionnement du service public de la justice au détriment des justiciables. »
La veille, le Conseil National des Barreaux, réuni en Assemblée Générale, avait voté à l’unanimité la poursuite d’une mobilisation entamée le 6 janvier dernier parmi les avocats contre la réforme des retraites. En effet selon eux, cette dernière aurait des conséquences dramatiques pour les plus petits cabinets, dont nombre d’entre eux seraient obligés de fermer alors que ce sont eux qui sont le plus souvent sollicités par les justiciables les moins aisés. En ce sens, c’est donc bien la réforme des retraites, et ses conséquences plus que néfastes sur la profession, qui dégrade à long terme le fonctionnement du service public de la justice au détriment des justiciables.
Pire, selon le CNB, le passage des avocats dans le régime universel s’accompagnerait d’un doublement des cotisations (14 à 28%) et d’une baisse des pensions. Les plus basses dans la profession sont aujourd’hui de 1.400€ par mois, et passeraient à 1.000€ avec la réforme. Une attaque en règle contre la profession, qui a ainsi rejoint le mouvement contre la réforme depuis le début de l’année.
Une grève qui se poursuit depuis le 6 janvier
Si Nicole Belloubet en appelait ce samedi « à la responsabilité de chaque avocat au sein de son barreau », la ministre n’en est pas à ses premières péripéties depuis un mois. Début janvier lors d’un discours à Caen, l’ensemble des avocats présents quittaient leur robe et la jetaient aux pieds de la ministre en guise de protestation.
Une action qui – à l’image de l’évacuation des avocats grévistes du Palais de Justice de Paris par les forces de répression le 10 janvier dernier– marquait l’entrée dans le combat d’un secteur initialement peu enclin à la contestation et la mobilisation, et qui témoigne de la crise de la Macronie, le gouvernement étant de plus en plus isolé face aux détracteurs de sa politique. Depuis, la mobilisation des avocats n’a pas faibli, bien au contraire, au point de voir le gouvernement en appeler au dialogue – ce qu’il a catégoriquement refusé de faire avec les fers de lance de la mobilisation qu’ont été la RATP et la SCNF. Une mobilisation qui va donc se poursuivre alors que se profile une prochaine journée de grève nationale le 17 février prochain, et que le mouvement se recompose progressivement autour de nouveaux secteurs, comme ceux de la jeunesse et de l’enseignement.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE