Alors que les motions de censure de gauche et de droite ont recueilli respectivement 91 et 148 voix, Richard Ferrand a annoncé cette nuit l’adoption de la réforme des retraites, passée en force par le gouvernement à coup de 49.3.
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Après une journée de vifs débats hier à l’Assemblée Nationale, alors que dans la rue des dizaines de milliers de personnes manifestaient en France pour signifier leur rejet de la réforme et du 49.3, la réforme des retraites a finalement été adoptée en première lecture dans la nuit.
Hier, toute la journée, les interventions des figures de l’opposition et du gouvernement se sont succédées. Députés de droite et de gauche ont défendu leurs motions de censure. Tandis que Damien Abad, président du groupe Les Républicains, a fustigé l’ « amateurisme » du gouvernement tout en revendiquant un recul de l’âge de départ légal à 65ans, à gauche les députés du PCF et de LFI ont pointé le déni de démocratie que constitue le 49.3.
Edouard Philippe a répondu aux oppositions en présentant sa réforme comme « un texte de compromis, un texte qui a évolué » et comme progressiste, affirmant sans rire « nous faisons le choix politique de réduire les inégalités et de faire contribuer les plus favorisés », dans un très long discours de près d’une heure.
Après une séance d’explications de vote, à l’occasion de laquelle François Ruffin a annoncé que les députés LFI voteraient la motion de censure de la gauche et de la droite, affirmant que « Tous les moyens pacifiques sont bons pour dire non à ce gouvernement, non à ce président. Nous la voterons parce qu’un mot peut nous rassembler sur nos bancs, à droite comme à gauche : démocratie. », les votes ont finalement conduit au rejet des deux motions.
Les textes de la droite et de la gauche ont en effet recueilli respectivement 91 et 148 voix, loin de la majorité requise de 289 voix. La réforme des retraites est donc adoptée en première lecture à l’Assemblée Nationale et envoyée au Sénat où elle devra être adoptée. Gérard Larcher, le président du Sénat, pourrait demander un report de deux semaines des discussions pour attendre les conclusions de la conférence de financement.
Du côté des opposants majoritaires au projet de loi, la question de comment continuer la lutte contre la réforme des retraites se pose. Si l’histoire récente a montré que l’adoption en première lecture d’un texte était loin de signifier la victoire du gouvernement, à l’image du retrait du CPE après son adoption par l’Assemblée en 2006 par 49.3, c’est le rapport de force qui déterminera la suite. Or ici, c’est la question d’un plan de bataille à la hauteur qui se pose avec urgence, alors que les directions syndicales continuent de ne proposer comme perspective que la date très éloignée du 31 mars, en décalage complet avec la situation politique.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE