Alors que l’épidémie du coronavirus s'étend, et que les travailleurs sont en première ligne face au risque de contamination, la ministre du Travail Muriel Pénicaud, s'en est pris aux salariés ayant recours à leur droit de retrait à la RATP. Une déclaration qui cache mal l'incapacité du gouvernement, en mal de légitimité après le recours au 49.3, à garantir la sécurité des salariés.
Crédit Image : Lionel BONAVENTURE / AFP | Crédit Média : RTL | Date : 05/03/2020
Ce mardi, plusieurs travailleurs de la RATP ont eu recours au droit de retrait, s’estimant à juste titre en première ligne face à l’épidémie de coronavirus, car au contact de la population, et sans avoir à disposition d’équipement basique de désinfection. Cependant, alors qu’un deuxième cas de contamination étaient confirmés ce jeudi soir dans l’entreprise de transport parisienne, la ministre du travail, Muriel Pénicaud, déclarait sur Europe 1 que : « le droit de retrait n’est jamais collectif mais individuel. » Pourtant la ministre n’a aucune compétence pour s’exprimer sur le sujet, le recours au droit de retrait étant conditionné par l’appréciation du salarié qui se sent en danger. Cette déclaration est en réalité une menace envers les salariés, et va à l’encontre même du droit du travail.
Déjà au mois d’octobre dernier, avant le 5 décembre et le début de la grève reconductible à la SNCF-RATP, les cheminots avait massivement fait usage du droit de retrait suite à l’accident d’un TER dans les Ardennes, pour dénoncer le danger imminent résultant de la casse des conditions de travail et de sécurité des salariés par la direction de la SNCF. Le gouvernement et l’ensemble des grands médias avaient alors unanimement condamné et dénigré cette action, qui faisait de nouveau apparaître aux yeux de tous que ce sont bien les travailleurs qui font tourner le monde au quotidien.
Le droit de retrait, est pourtant un droit fondamental des travailleurs, obtenu par la lutte, pour garantir la sécurité aussi bien des travailleurs que des usagers. Et en persistant sur cette ligne, la ministre du Travail n’a rien à envier au député LR du Vaucluse Julien Aubert, qui déclarait le 4 mars dans L’Opinion « on n’est pas au stade 3 de l’épidémie, il faut sanctionner ! », au sujet des agents RATP exerçant leur droit de retrait.
En réalité, ce qui inquiète le gouvernement, c’est la généralisation du recours au droit de retrait qui exprime tout d’abord la défaillance du gouvernement dans cette crise sanitaire, avec une épidémie qui n’en finit plus de s’étendre. La perspective d’un arrêt généralisé de l’économie dans un contexte social où la lutte contre la réforme des retraites n’est pas refermée, et où les recours au droit de retrait dans les entreprises pourraient se conjuguer avec des velléités pour reprendre le combat contre le Macron et sa réforme, en reprenant la grève dans les secteurs stratégiques de l’économie, forts de l’expérience dans l’auto-organisation acquise en décembre-janvier par les travailleurs des transports publics, à l’instar de la Coordination RATP-SNCF qui appelle à une Rencontre Nationale le 21 mars pour s’organiser à la base et exiger des directions syndicales un vrai plan de bataille contre ce gouvernement.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE