La hache de guerre est déterrée. Entre 150 et 200 personnes se sont rassemblées, hier soir, devant la Bourse du travail, à l’appel de l’Union départementale CGT de la Haute-Garonne. Un "meeting" où les prises de paroles se sont enchaînées en guise de hors-d’œuvre avant un "grand rassemblement" prévu, jeudi 9 juillet, au rond-point Dewoitine à Blagnac. Les manifestants entendent se rendre jusqu’à l’aéroport Toulouse Blagnac et se mobiliser pour "sauver les 110 000 emplois directs" du secteur aéronautique durement éprouvé après l’annonce de 3 600 suppressions de postes chez Airbus à Toulouse.
"Où sont les profits ?"
Certes, la CGT n’est pas très représentative chez l’avionneur européen, mais la sidération est palpable chez ses délégués. "Où sont les 40 milliards d’euros de profit réalisés par Airbus ces dernières années ?" a questionné Patrice Thébault qui parle d’une "catastrophe" sur le plan social. Il pointe le "cynisme" de la direction d’Airbus "qui a organisé son plan social alors que les salariés étaient en chômage partiel".
Ironique, Véronique, déléguée CGT chez Air France, fait le parallèle "entre les 7 milliards d’euros d’aides de l’Etat et les 7 000 suppressions de postes en France". Du pain bénit pour Air France, relève la salariée, "qui rêvait de lowcostiser une partie de son activité". Les sous-traitants aéronautiques, nombreux en Occitanie et en France, disent également leur inquiétude.
Les salariés de Derichebourg Aeronautics Services, DSI, Ateliers de la Haute-Garonne et d’autres sociétés bataillent avec leur direction respective contre l’APC (accord de performance collective), qui remet à plat le statut des employés et les acquis sociaux. Mathieu, délégué syndical du groupe de génie électrique SNEF, compte mobiliser les troupes et "refuser cet APC qui nous fera perdre notre 13e mois et va supprimer la majoration des heures supplémentaires".
Robert Pollaert, employé chez Aubert-Duval, dit sa crainte de voir sombrer les "3 000 salariés de l’aéronautique en Ariège". "Encore une fois, Airbus a fait construire de nouvelles usines et ne respecte pas ses contrats", accuse-t-il. Les cabinets d’études sont aussi dans la nasse. "Ce qu’on voit arriver, c’est le pire du CDD et le pire du CDI, ce sera un contrat avec une période d’essai permanente", se désole Robert Amade.
Gérald Camier
Publié par FSC