Dans une tribune parue dans le JDD et signée par 35 chefs d'entreprises, Patrick Pouyanné, PDG de Total affirme s'engager pour l'emploi des jeunes. Mais derrière les beaux discours se cache une politique de casse de l'emploi comme en témoigne le PSE en cours à la raffinerie de Grandpuits.
Patrick Pouyanné le PDG de Total. Crédit photo : Reuters
Ce 5 janvier dernier, Patrick Pouyanné, PDG de Total, faisait part sur Twitter de son engagement pour l’emploi des jeunes avec une tribune de 35 chefs d’entreprises parue dans le JDD promettant 100.000 emplois avant fin janvier. Le même homme est pourtant à la tête de l’entreprise qui prévoit en ce moment même de supprimer 700 emplois à la raffinerie de Grandpuits dans le cadre d’un PSE, soit 700 emplois dont les jeunes entrant sur le marché du travail ne pourront profiter. Une politique qui sous couvert d’arguments écologiques, consiste par ailleurs à exporter toujours d’avantage le raffinage dans des pays où les normes sociales et environnementales sont moins exigeante tout en continuant à piller la planète au mépris des exigences écologiques. A l’instar de l’arrêt d’une unité de production à la raffinerie de Feyzin en 2019, le plan de restructuration à la Mède en 2015, ou encore à la raffinerie de Flandres en 2010.
Pendant ce temps, la multinationale continue pourtant de faire des profits et de gaver ses actionnaires, à l’instar des 1,8 milliards d’euros de dividendes reversés en avril 2020.
En plus du PSE en cours à Grandpuits, l’entreprise a annoncé en novembre dernier un plan de départ volontaire. Signé par la CFDT, la CFE-CGC et CAT, il concerne 1.500 départ, dont la moitié des postes seraient tout bonnement supprimés. « C’est au bas mot 700 postes qui ne seront pas remplacés sur 1.400 à 1.500 salariés potentiellement concernés par un départ » a déclaré Thierry Defresne, délégué CGT Total à l’AFP. Les postes administratif au siège du groupe à La Défense sont particulièrement touchés.
En échange de cet accord qui permet au pétrolier d’économiser près de 9,3 la direction promet la levée du gel des embauches mis en place dans le cadre d’un plan d’économie qui permet au géant pétrolier d’économiser près de 9,3 milliard d’euros selon SudOuest. Mais toujours est-il que même avec cette promesse, le solde des embauches restera négatif. En outre, aucune conditions pour les-dites embauches futures n’ont été négociées. Ainsi, le bénéfice est total pour le PDG du groupe qui va pouvoir rendre les emplois de ces jeunes toujours plus flexibles. D’ailleurs, Patrick Pouyanné ne s’en cache pas. Aux Assises de l’industrie début novembre, il affirmait : « ils pourront faire des fermes éoliennes offshore puis pourront aller s’occuper d’une usine de gaz au Mozambique ».
Alors que les faillites des entreprises ont diminué de moitié en 2020 du fait des aides au patronat accordées par l’État, la jeunesse continue d’être la première victime du chômage grandissant. 500 000 emplois ont été supprimés au premier trimestre 2020, dont 40% parmi d’intérimaires, un secteur précaire et majoritairement composé de jeunes ouvriers, tandis que près de 800 000 suppressions d’emplois sont attendus dans les prochains mois.
C’est dans ce contexte que le gouvernement a proposé la plateforme « 1 jeune 1 solution », censé donner des perspectives d’emploi à la jeunesse. Une initiative applaudie par les grands chefs d’entreprises dont Patrick Pouyanné, qui poursuivent la casse de l’emploi, notamment à Grandpuits où la moyenne d’âge se situe dans la trentaine.
Le plan du gouvernement a, en effet, de quoi le séduire pour le PDG de Total : avec la création de cette plate-forme en ligne qui n’est ni plus ni moins qu’une redirection vers Pôle Emploi, à chaque jeune embauché pour n’importe quel contrat, c’est 4000 euros de cadeau de l’État qui vont directement dans la poche de l’entreprise ! !Ainsi, c’est la porte ouverte aux contrats courts, précaires, flexibles, mais surtout très rentables pour les grands patrons.
Pour l’avenir de la jeunesse, tout comme pour celui de la planète, il n’y a aucune confiance à donner au gouvernement et aux grands patrons. A l’inverse, c’est bel et bien aux côtés des travailleurs qu’il faut lutter. A l’instar des raffineurs de Grandpuits en grève pour l’emploi et contre le greenwashing de Total.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE