Le 10 février 2021, la députée européenne Manon Aubry, élue sur la liste de « La France Insoumise », co-présidente du groupe de la « Gauche unitaire européenne/gauche verte nordique » prend la parole au parlement européen et interpelle vivement Ursula Von der Leyen, membre de l’Union chrétienne-démocrate (Allemagne), ministre fédérale entre 2005 et 2019 et actuelle présidente de la Commission européenne.
Manon Aubry constate que les citoyens européens doutent du vaccin contre le Covid-19. Une des raisons, dit-elle, est que l’Union européenne s’est couchée devant les laboratoires pharmaceutiques.
Elle brandit un contrat souscrit par l’Europe pour la commande de vaccins destinés aux pays membres de l’Union européenne. Les élus ne peuvent en connaître le contenu. La plupart des lignes sont noircies pour cacher le texte. Le prix, le calendrier de livraison, le détail des clauses de responsabilité du laboratoire sont masqués.
Devant la présidente, figée derrière son masque de protection, la députée française assène : « Les dirigeants de big pharma ont fait la loi à votre place ». Vidéo de l’intervention de Manon Aubry.
Le 16 janvier 2021, le quotidien le Monde a publié une enquête troublante sous le titre :
« Ce que disent les documents sur les vaccins anti-Covid-19 volés à l’Agence européenne des médicaments ».
L’article porte sur une enquête à laquelle ont contribué des journalistes italiens, allemands, néerlandais, suisses. Il est signé par la journaliste française Lise Barnéoud. L’enquête a été conduite dans le cadre du projet européen Behind the pledge (Derrière l’engagement) financé par Journalism Fund (Fond de journalisme) et IJ4EU.
IJ4EU (Journalisme d’investigation pour l’Europe) est un fond qui soutient le journalisme d’investigationtransfrontalier dans l’Union européenne. Il déclare accorder « des subventions à des équipes de journalistes ou d’organismes de presse en Europe qui enquêtent sur des sujets d’intérêt public ». IJ4EU est lui-même cofinancé par la Commission européenne (DG Connect), par une subvention de la Fondation Open Society Institute (1) en coopération avec le programme sur le journalisme indépendant des fondations Open Society et par Fritt Ord.
Les « documents volés à l’Agence européenne des médicaments » (EMA) ont été diffusés par Dark Web, aussi appelé web clandestin ou encore web caché qui utilise Internet, mais n’est pas accessible sans protocoles spécifiques. L’enquête est une analyse de près de 900 pages d’échanges d’e-mails provenant de la direction de l’EMA, des rapports confidentiels du personnel scientifique et des présentations de Pfizer/BioNTech en novembre 2020.
Elle nous révèle, entre autres, des discussions internes de l’Union européenne, « dans une atmosphère plutôt tendue, parfois même désagréable » selon un responsable de l’EMA et qui portaient sur l’évaluation des vaccins Pfizer et Moderna que l’UE devait acheter alors même que des problèmes avaient été soulevés. Il y avait, par exemple, de préoccupantes « différences qualitatives entre les lots commerciaux et ceux qui avaient servi durant les essais cliniques ».
Dans la course aux résultats et pour passer plus vite du « stade clinique » au « stade commercial », des processus de fabrication ont été changés, entraînant des modifications dans la composition des vaccins avec une diminution du degré d’ARN pouvant aller jusqu’à créer un écart de 30 %, troncature que l’EMA qualifia le 23 novembre, en privé, de « point bloquant ».
Bref, des désaccords furent discrètement discutés. Une capture d’écran d’un mail échangé le 30 novembre entre l’EMA et les fabricants est révélateur : « Ces problèmes sont considérés comme critiques, en particulier dans le contexte de la nouveauté de ce type de produit et de l’expérience limitée ; une stratégie de contrôle plus stricte est donc attendue ».
Sur tout cela, Pfizer « n’a pas souhaité s’exprimer ». Quant à l’EMA, sur sollicitation des enquêteurs, elle assure que le problème de qualité a été réglé par la suite et qu’il est « peu probable que ces molécules d’ARN tronquées puissent être traduites en protéine ou en peptide, et ainsi provoquer des effets indésirables ». Peu probable, donc. Egalement interrogée par les enquêteurs, la Commission européenne affirme que toutes ces discussions « n’ont jamais empiété sur l’indépendance de l’agence et n’ont jamais interféré de quelque manière que ce soit avec l’intégrité de la mission de l’EMA en ce qui concerne l’évaluation des candidats-vaccins ou d’autres médicaments ». Ni sur l’urgence à autoriser le vaccin américain avant d’autres, et de préférence (idéologique) à d’autres (russe, chinois, cubain) ?
La journaliste Lise Barneoud émet un léger soupçon : « Ces données dérobées, puis diffusées sur le Dark Web, montrent la pression à laquelle faisait face l’agence pour approuver au plus vite le vaccin Pfizer-BioNTech ». Approuver au plus vite.
Surgit alors une question qui inquiète les dirigeants européens : un hackeur d’Etat russe ou russophile ne serait-il pas à l’origine du vol et de la divulgation des documents publiés sur le Dark Web sous le titre : « Preuves de la grande arnaque aux données des vaccins de Pfizer (…) ! » ?
Le saura-t-on jamais ? Ce que l’on peut comprendre cependant sans attendre, c’est pourquoi la députée française Manon Aubry a pu dire publiquement à la présidente de l’Europe que les citoyens européens doutent du vaccin contre le Covid-19 et que l’Union européenne s’est couchée devant les laboratoires pharmaceutiques.
Maxime Vivas
Publié par FSC