La tension monte d'un cran sur le piquet de grève du centre logistique de Leroy-Merlin à Valence, dans la Drôme. Un salarié gréviste se disant "à bout" s'est aspergé d'alcool à brûler, menaçant de s'immoler par le feu, et réclame l'écoute de la direction.
"J'ai pété un câble. Je suis vraiment désolé, mais je n'en pouvais plus" soupire Philippe, salarié depuis 11 ans au centre logistique Leroy-Merlin de Valence, en grève depuis mercredi matin. Ce jeudi, il s'est aspergé d'alcool à brûler. Il raconte avoir voulu s'immoler par le feu, pour attirer l'attention d'une direction sourde aux revendications des grévistes. "Au niveau national, ça fait des semaines, aucun coup de fil, rien du tout. On dirait qu'ils s'en foutent, comme si on était de la merde" s'exaspère-t-il.
C'est un salarié qui est très fatigué. La pression est assez forte, on doit se battre contre une direction qui nous menace de procédures juridiques et disciplinaires, et qui nous envoie des huissiers - Romain Coussin, délégué CGT
Les grévistes présents sur le site racontent que leur collègue a craqué lorsque le directeur de l'entrepôt est venu les voir ce jeudi matin, constatant le blocage des camions à l'entrée, pour leur dire qu'il appelait un huissier et la police. Philippe attrape une bouteille d'alcool à brûler à proximité, là pour leur permettre d'allumer du feu et supporter le froid de la nuit. Deux de ses camarades le repoussent et le calment. "Heureusement que ce n'est pas allé loin. Je m'en foutais, je n'en pouvais plus" répète Philippe.
Philippe se désole. Il gagne un peu moins de 1 300 euros net par mois, "on ne demande que des miettes. On ne demande pas de doubler les salaires. 100 euros. Que des miettes" Et de poursuivre : "Vous vous imaginez toujours dans le rouge ? Après, on demande des acomptes. Et deux jours après, on est encore dans le rouge".
Le "dialogue est permanent" pour la direction
Pour Thomas, "au-delà de l'aspect financier, c'est surtout le dialogue et la prise en considération de chacun qu'on demande. Qu'on soit écouté". Les grévistes sont unanimes. Ils veulent une réouverture des négociations salariales.
Jointe par France Bleu Drôme Ardèche, la direction de Leroy-Merlin ne commente pas les déclarations des syndicats, et assure que les responsables du site n'ont pas vu cette personne s'asperger d'alcool à brûler. Elle ajoute que le dialogue n'a pas cessé.
L'intersyndicale appelle l'ensemble des salariés des Leroy-Merlin de France à faire grève vendredi et samedi, pour réclamer une hausse des salaires.
Par Damien Triomphe, France Bleu Drôme Ardèche, France Bleu