Dans la nuit de vendredi à samedi dernier, les Républicains ont profité du vote du projet de budget 2022 de la Sécurité sociale pour faire passer un amendement reportant l’âge de départ à la retraite à 64 ans. Une tentative de s’afficher à l’initiative alors que Macron veut attendre l’après-2022 pour s’attaquer aux retraites.
Abandonnée par le gouvernement début 2020 à cause de la pandémie du Covid-19, la réforme des retraites n’a pour autant pas disparu de l’horizon politique, bien au contraire. Elle reste une priorité pour le gouvernement Macron, qui a annoncé mardi dernier son report tout en réaffirmant sa nécessité, mais aussi pour l’ensemble des classes dominantes.
Dans ce cadre, la droite a profité de l’examen du projet de budget 2022 de la Sécurité sociale pour faire voter, dans la nuit du 12 au 13 novembre, le report de l’âge de départ à la retraite. Adopté à 196 voix contre 134, un amendement porté par Les Républicains prévoit en effet la mise en place d’une conférence de financement qui se donne pour but « l’équilibre financier des régimes de retraite à l’horizon 2030 », et, en l’absence d’autre solution, ouvre la voie au report progressif de l’âge d’ouverture des droits à la retraite à 64 ans à compter de la génération 1966, à parti du 1er janvier 2023 et à une « convergence des régimes spéciaux ».
Une manœuvre politique de la droite visant à afficher leur volontarisme sur le terrain des retraites. « Tout le monde dit qu’il faut faire des choses. Nous, on propose de les faire » déclarait dans ce sens le rapporteur René-Paul Savary. En insistant sur « l’urgence », la droite cherche ainsi à apparaitre la plus conséquente sur le terrain de la réforme du système des retraites. Les centristes n’ont cependant pas été en reste, la sénatrice Elisabeth Doineau saisissant l’occasion pour tacler Emmanuel Macron et son gouvernement qui n’auraient fait que « procrastiner (…) pendant cinq ans ».
Jean Castex l’affirmait début septembre, et Macron n’a pas manqué de le rappeler dans son allocution du mardi 9 novembre, pour LREM « les conditions ne sont pas réunies » pour mener à bien cette réforme des retraites. Ainsi, l’amendement ne sera très probablement pas adopté, le gouvernement voulant à tout prix éviter des perturbations sociales dans un moment de campagne présidentielle. Au-delà de la question de la temporalité, c’est aussi l’enjeu d’être à l’initiative de la mise en place de cette réforme des retraites qui se joue pour Emmanuel Macron et La République en Marche, qui a tout intérêt à ne pas laisser la main aux Républicains sur ce terrain.
Que cet amendement soit adopté ou non, le vote du Sénat rappelle à quel point le « chantier » de la réforme des retraites, remis sur la table de quinquennat en quinquennat, est loin d’être abandonné mais seulement mis en suspens depuis un an. Enjeu central pour les classes dominantes, il est d’ailleurs parmi les projets prioritaires sur le terrain de la régression sociale pour la plupart des candidats à la présidentielle. Si les partis bourgeois et le Medef campent sur leur position et leur empressement à attaquer nos retraites, nous devons de notre côté nous tenir prêts à nous battre pour nos acquis sociaux à l’image de ce qu’a été l’importante grève des transports initiée le 5 décembre 2019.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE