La Sécurité sociale est une institution sociale publique. C'est ce qui désole le patronat, en particulier le puissant secteur des mutuelles privées, qui voudrait mettre la main sur un pactole de profits, lui échappant en partie aujourd'hui.
Les gouvernements successifs de droite et socialistes ont, au fil des ans, réduit la part d'intervention de la Sécurité sociale dans la défense de notre santé.
Les différents candidats de droite, de Macron en Pécresse, des soutiens de celle-ci, tel Ciotti, et jusqu'à, bien sûr, Zemmour, aucun ne cache sa volonté de satisfaire les revendications du Medef, dont ils sont les porte-étendards.
N'est-ce pas le numéro 2 du Medef, en 2007, un certain Denis Kessler, par ailleurs grand patron d'assurances privées, qui déclarait :
Adieu 1945, raccrochons notre pays au monde !
Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s'y emploie.
Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme...
A y regarder de plus près, on constate qu'il y a une profonde unité à ce programme ambitieux.
La liste des réformes ?
C'est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là.
Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance !
A l'époque se forge un pacte politique entre les gaullistes et les communistes. Ce programme est un compromis qui a permis aux premiers que la France ne devienne pas une démocratie populaire, et aux seconds d'obtenir des avancées - toujours qualifiées d’«historiques» - et de cristalliser dans des codes ou des statuts des positions politiques acquises.
Ce compromis, forgé à une période très chaude et particulière de notre histoire contemporaine (où les chars russes étaient à deux étapes du Tour de France, comme aurait dit le Général), se traduit par la création des caisses de Sécurité sociale, le statut de la fonction publique, l’importance du secteur public productif et la consécration des grandes entreprises françaises qui viennent d’être nationalisées, le conventionnement du marché du travail, la représentativité syndicale, les régimes complémentaires de retraite, etc.
Cette «architecture» singulière a tenu tant bien que mal pendant plus d'un demi-siècle. Elle a même été renforcée en 1981, à contresens de l’histoire, par le programme commun. Pourtant, elle est à l’évidence complètement dépassée, inefficace, datée. Elle ne permet plus à notre pays de s’adapter aux nouvelles exigences économiques, sociales, internationales. Elle se traduit par un décrochage de notre nation par rapport à pratiquement tous ses partenaires.
Le problème de notre pays est qu'il sanctifie ses institutions, qu’il leur donne une vocation éternelle, qu’il les «tabouise» en quelque sorte. Si bien que lorsqu’elles existent, quiconque essaie de les réformer apparaît comme animé d’une intention diabolique. Et nombreux sont ceux qui s’érigent en gardien des temples sacrés, qui en tirent leur légitimité et leur position économique, sociale et politique. Et ceux qui s’attaquent à ces institutions d’après guerre apparaissent sacrilèges.
Il aura fallu attendre la chute du mur de Berlin, la quasi-disparition du parti communiste, la relégation de la CGT dans quelques places fortes, l’essoufflement asthmatique du Parti socialiste comme conditions nécessaires pour que l’on puisse envisager l’aggiornamento qui s’annonce.
Denis Kessler
QUEL AVEU !
Dans le temps évoqué par les patrons, il y avait un parti communiste qui disposait d'une force électorale de 20% des suffrages et d'un parti ouvrier, le PCF, dont Georges Marchais était la voix populaire. Et une CGT, puissante qui représentait la France ouvrière. Il y avait aussi en Europe, l'Union soviétique et sa puissance d'attraction sociale, qui malgré ses difficultés et ses erreurs, représentait une alternative au système capitaliste.
Le patronat - et ses multiples représentants politiques - n'osaient pas alors engager l'épreuve de force avec notre peuple.
Le capital français , il y a une trentaine d'années, avait encore ses intérêts majoritairement réalisés dans l'hexagone et dans ses territoires africains.
Ses forces vives ont, aujourd'hui, intégré l'espace mondial engagés dans une concurrence féroce, avec la nécessité de réaliser le maximum de profits dans le temps le plus court.
L'économie s'est mondialisée, les capitaux n'ont plus de frontières. Leur état guide - les Etat-Unis - se voit contester la première place dans le monde par la Chine.
Sur notre continent, pour tenter de se protéger, le capital s'est forgé un espace européen, sans frontières internes, sans législation contraignante, D'où l'Union européenne. Ce qui n'exclut pas la concurrence d'intérêt entre firmes à l'avantage des états industriellement les plus puissants, telle l'Allemagne.
Compte-tenu de tous ces facteurs, le capital européen dominant vise à réduire encore plus ses « charges », au détriment des salariés.
D'où les "réformes" du travail imposées aux peuples et aux nations sous la férule de la Commission de Bruxelles.
D'où l'offensive menée en France par l'ensemble des partis de droite contre ce qui reste des avancées sociales acquises à la Libération par le Conseil National de la Résistance. Avec la Sécurité sociale en priorité dans le collimateur patronal et de ses représentants politiques.
Comment, dans ces conditions, exposer un programme de rupture avec l'ordre capitaliste, sans rompre les chaînes qui nous lient aux structures européennes qui nous imposent ces contraintes ?
Le projet social et économique de Fabien Roussel est complet. Il aurait l'appui de millions de Français, mais ceux-ci doutent, sachant que sa réalisation est totalement liée à la recouvrance de l'entière souveraineté de notre peuple.
Il suffirait de le dire et d'en faire la clef de voûte sa candidature pour que les sondages positifs explosent en faveur de Fabien Roussel.
Jean LEVY
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