Vendredi 10 décembre, 6 travailleurs d’Amazon sont morts dans l’effondrement d’un entrepôt causé par une tornade. Malgré l’alerte, Amazon avait maintenu ses salariés au travail, et maintenu la production dans les conditions habituelles.
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Ce vendredi 10 décembre, des tornades décimaient six États des États-Unis, faisant sur leur passage au moins 93 morts. À Edwardsville dans l’Illinois, ce sont 6 travailleurs qui sont morts dans un entrepôt d’Amazon alors que la direction de l’entreprise avait décidé, malgré l’alerte lancée pour le comté de Madison, de continuer l’activité dans les conditions habituelles.
La tornade a dévasté l’entrepôt au moment du changement d’équipe. L’équipe en place, qui n’a pas le droit d’avoir son téléphone, n’était pas au courant de l’alerte, et l’équipe qui prenait sa relève a été forcée de prendre son poste malgré le danger imminent. Un salarié a clairement témoigné dans ce sens sur Facebook, racontant qu’on l’avait averti qu’il serait pénalisé s’il manquait un poste, même après que la police lui ait dit de rentrer chez lui. Ces méthodes sont monnaie courante pour l’entreprise qui a pour habitude de faire travailler ses salariés dans les conditions les plus dangereuses pour ne pas faire baisser leur rendement, comme le rappelle la sociologue Nantina Vgontzas sur Twitter, avec des vidéos de chauffeurs Amazon forcés ces derniers mois d’assurer des livraisons sous de fortes intempéries et des risques de tornades.
Traduction du tweet : Au cours des six derniers mois, Amazon a refusé à plusieurs reprises de fermer des entrepôts au milieu d’événements climatiques extrêmes : la canicule de juin, Ida en septembre, et maintenant cette tornade. Il y a des blessés et des rapports de décès dans l’entrepôt. Un putain de cauchemar.
Sans aucune honte, l’entreprise a déclaré que « la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires sont notre priorité absolue en ce moment » après avoir non seulement contraint ses salariés à rester et prendre leurs postes, mais aussi refusé de donner les chiffres des personnes présentes sur l’entrepôt au moment du sinistre comme le rapporte LeftVoice, malgré ses nombreux dispositifs qui permettent d’enregistrer chaque geste de ses employés, entravant ainsi le travail des secouristes.
Si les dégâts humains causés par cette tornade sont une catastrophe, ils sont loin d’être les seuls desquels Amazon est responsable. L’entreprise est en effet célèbre pour les conditions de travail épouvantables qu’elle impose à ses employés pour tenir des cadences infernales, que ce soit pour les travailleurs dans les entrepôts ou pour les chauffeurs, chronométrés sur la moindre tâche, au point de ne pas avoir de pauses ne serait-ce que pour aller aux toilettes et être contraints à faire leurs besoins dans leurs camions ou dans des bouteilles. Le tout sous une surveillance permanente, un chronométrage à la seconde près pour toutes les tâches effectuées, doublée par une sévère répression syndicale pour éviter toute possibilité d’organisation et de lutte contre l’ignominie de cette surexploitation.
Autant de violence institutionnalisée pour les profits de l’un des hommes les plus riches du monde, qui a eu l’indécence de déclarer avoir « le cœur brisé » sur Twitter, après avoir passé la soirée à fêter le succès de sa dernière entreprise spatiale, le voyage dans l’espace numéro 3. On voit une fois de plus avec cette catastrophe que ce sont toujours les classes populaires qui sont les premières victimes de la crise climatique. Pendant que les salariés de Jeff Bezos mourraient au travail sous les décombres, leur patron célébrait sa conquête de l’espace, loin de la planète dont il contribue à épuiser les ressources chaque jour.
Si l’exemple d’Amazon est particulièrement saillant en termes de surexploitation jusqu’à la mise en danger assumée de ses employés, c’est en réalité la loi des grandes entreprises. D’ailleurs, une usine produisant des bougies à Mayefield dans le Kentucky s’est elle aussi effondrée, faisant des morts et des blessés. Parce que la dignité et la vie des travailleurs sont en jeu face à cette violence cynique de la bourgeoisie qui nous exploite, il faut que les conditions de travail et notamment de sécurité soient entre les mains des travailleurs, qui sont les plus à même et les plus concernés pour décider si les conditions sont ou non réunies pour permettre leur présence sur un site et leur activité.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE