Le géant britannique est en panne de croissance, et va supprimer 1 500 postes d’encadrement dans le monde.
Les annonces n’ont pas traîné. Quelques jours après l’arrivée à son capital du fonds activiste Trian Partners de Nelson Peltz, Unilever a dévoilé une restructuration de ses activités, mardi 25 janvier. Le géant britannique de l’agroalimentaire et des produits d’hygiène va supprimer 1 500 postes d’encadrement dans le monde, soit 1 % des effectifs, et va s’organiser en cinq grands pôles : beauté et bien-être, hygiène personnelle, entretien de la maison, alimentation et glaces.
En 2018, Nelson Peltz avait obtenu à peu près la même chose du grand concurrent Procter & Gamble. « L’objectif est d’être plus réactif aux tendances des consommateurs », fait valoir Unilever, en soulignant que chaque entité « sera entièrement responsable de sa stratégie, de sa croissance ».
Le groupe cherche surtout à rassurer les actionnaires. Car malgré un portefeuille de plus de 400 marques, dont les plus connues sont les savons Dove, les lessives Skip et Omo, les déodorants Fabergé, le nettoyant Cif, les glaces Magnum et Ben & Jerry’s, les soupes Knorr ou encore la moutarde Maille, la croissance des ventes patine et le titre recule quand celui de ses rivaux progresse.
Pour l’heure, la stratégie d’Alan Jope, en poste depuis trois ans, ne semble pas très claire. Mi-janvier, malgré trois tentatives et la promesse d’un chèque de près de 60 milliards d’euros, il n’a pas pu s’emparer de la branche santé grand public de GSK, le numéro un mondial sur ce segment, avec notamment les antidouleurs Advil et les patchs Nicorette. En novembre, Unilever avait réussi, en revanche, à vendre sa gamme de thés Lipton au fonds CVC, pour 4,5 milliards d’euros.
Une fois réorganisé, le groupe devrait relancer les cessions et les acquisitions, sans que l’on sache encore s’il va persister dans sa volonté de recentrage sur la santé. En attendant, les investisseurs demandent à la direction de se consacrer au redressement des ventes et des marges, plutôt que de se focaliser sur la manière dont le groupe est perçu. « Une entreprise qui estime qu’elle doit définir la mission de la mayonnaise Hellmann’s, une marque existant depuis 1913, a clairement perdu la boussole », affirme Terry Smith, l’un des dix principaux actionnaires d’Unilever, dans une lettre ouverte, qui vient de faire grand bruit Outre-Manche.
Depuis son arrivée aux commandes, Alan Jope souhaite concentrer les investissements et les dépenses de marketing dans des marques qui « communiquent un objectif environnemental ou social fort ». Ses actionnaires lui rappellent aujourd’hui que le profit compte aussi.
Publié par la-croix.com