Deuxième journée de mobilisation ce mardi pour les salariés d’Airbus Defence & Space, qui se battent pour la revalorisation de leurs salaires. Malgré la hausse des prix, la direction du donneur d’ordre propose des augmentations salariales bien en deçà de l’inflation réelle.
Ce mardi, près de 500 personnes étaient rassemblées pour un débrayage d’une heure, devant les deux sites toulousains de Airbus Defence and Space. Mercredi dernier, le débrayage avait réunit plus de 600 salariés. Les syndicats qui appellent à la mobilisation, la CGT, la CFDT et l’Unsa, ont prit la parole à tour de rôle pour exprimer leur colère face à un mépris total de la direction. En avril dernier, ces mêmes salariés étaient rentrés en grève pendant une semaine pour l’augmentation des salaires, sans obtenir satisfaction.
Quelques heures avant le rassemblement, la direction organisait de nouvelles négociations avec les organisations syndicales pour signer un accord. Mais les propositions de la direction, dans le cadre de ces NAO (Négociations Annuelles Obligatoires), restent largement inférieures au niveau de l’inflation, comme le dénonçaient les différents délégués syndicaux lors du rassemblement.
La direction veut coûte que coûte établir un plan sur deux ans, afin d’étouffer la possibilité de mobilisations futures et se couvrir en cas d’aggravation de la situation économique pour les salariés. Pour l’année 2022-2023, la direction propose une augmentation générale des salaires de 2 %, selon ses propres pronostics, alors même que la banque de France parle à minima de 4 % d’inflation depuis début 2022. Pareil pour la deuxième année (2023-2024), le taux d’augmentation générale proposé est de 1,3 %. Or, ces chiffres ne représentent pas une augmentation de salaire puisqu’ils se situent bien en deçà de l’inflation réelle ; ces « augmentations » impliquent donc en réalité une baisse effective des salaires. La crise économique liée à la pandémie, accentuée par la guerre en Ukraine, laisse présager une inflation bien plus importante que les pronostics hasardeux de la direction. De plus, les salariés ont déjà perdu beaucoup sur l’année 2021. La direction « prévoyait » une inflation en dessous de 1 %, contre finalement une inflation de 2,8 % qui n’a jamais été compensée.
À ces augmentations générales proposées par la direction s’ajoutent des augmentations individuelles (1.9 % pour la première année), une enveloppe qui sera répartie de manière inégalitaire entre les salariés, renforçant par là la concurrence dans l’entreprise. La plupart des salariés n’auront donc pas 3,9 % d’augmentation sur la première année comme annoncé par la presse. En tout et pour tout, la direction propose une augmentation globale de 6,8 % sur les deux années, sans comptabiliser donc la compensation de 2021. Ce chiffre déjà bien bas, est l’augmentation maximale qui cumule l’augmentation générale et individuelle. Ainsi, nombreux sont les salariés qui ne verront pas les 6,8 % d’augmentation sur leurs fiches de paye.
Au travers de ses propositions, la direction affiche de nouveau son mépris pour les salariés et leurs efforts fournis pendant la pandémie, ce d’autant plus qu’Airbus a réalisé des bénéfices records en 2021, soit 4,2 milliards d’euros.
Face à ce mépris, les revendications de l’intersyndicale sont unanimes : augmenter les salaires et les indexer sur l’inflation réelle. La CGT Defence and Space revendique un plan d’augmentation uniquement pour l’année 2022 (et non sur deux ans) qui implique : une augmentation de 2,1 % pour compenser l’inflation de 2021, un minimum de 3 % pour l’inflation déjà présente au cours des trois premiers mois de 2022, et 2 % pour récompenser les carrières. Au total, la CGT revendique une augmentation générale des salaires de 7,1 % pour l’année 2022.
Les trois syndicats impliqués dans la mobilisation sont également revenus sur le lien entre leur mobilisation et celle des grévistes de Thalès, deuxième gros donneur d’ordre du secteur, en grève perlée tous les jeudis pour leurs salaires. Une unité entre les salariés qui sera en effet cruciale pour construire un rapport de force capable de faire plier la direction.
Jusqu’ici, les salariés en lutte de Airbus Defence and Space ont refusé de signer l’accord proposé par la direction.Lors d’une intersyndicale qui a eu lieu ce jeudi après-midi, les grévistes ont décidé de poursuivre la bataille avec une nouvelle grève le mardi 29 mars, où ils se rassembleront devant le site de Palays à Toulouse, de 14h à 16h.
Si le mouvement de grèves simultanées chez ces deux donneurs d’ordre de l’aéronautique est inédit, c’est une bataille plus générale qu’il faut mener pour les salaires pour pousser ces mobilisations jusqu’à la victoire. L’unité entre les donneurs d’ordres et les boîtes de la sous-traitance aéronautique est en ce sens essentielle pour imposer les revendications de l’ensemble des salariés de l’aéronautique, comme le racontait au micro de Révolution Permanente Simon Gazano, délégué syndical CGT aux Ateliers de la Haute-Garonne (usine de sous-traitance aéronautique) venu soutenir les grévistes d’Airbus, la semaine dernière : « c’est important non seulement de soutenir les grévistes et leur mobilisation, mais aussi de commencer à discuter d’un mouvement d’ensemble pour nos salaires ». Une victoire chez les donneurs d’ordre enverrait ainsi un message fort à tous les salariés du secteur de l’aéronautique, et pourrait ouvrir la possibilité de mener un combat à plus large échelle.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE