Les patrons n’en finissent plus de battre des records. Les prix augmentent, les salaires baissent… aux plus grands bonheurs du porte-monnaie des actionnaires et du patronat. L’observatoire des multinationales révèle le montant des dividendes versés pour l’année 2021, en augmentation de 84 % !
« Le Cac 40 va verser 80 milliards d’euros à ses actionnaires au titre de 2021 » …On pourrait croire à une mauvaise blague pourtant c’est bien ce que révèle l’étude intitulée "Tout va très bien, madame la Marquise" de l’Observatoire des multinationales ce mercredi 11 mai. Quasiment deux fois plus qu’en 2020 avec une hausse de 84%... Alors que l’inflation et le coût de la vie sont au cœur des préoccupations depuis plusieurs mois, les profits pour le patronat ne cessent de pleuvoir deux ans après la pandémie.
La situation n’est ainsi pas difficile pour tout le monde, l’enquête détaille : « 100% des groupes ont obtenu des aides publiques ; deux tiers du CAC 40 battent leurs records historiques de profits ; 4 groupes dépassent les 12 milliards d’euros de bénéfice (TotalEnergies, Stellantis, LVMH et ArcelorMittal) ; record de rachats d’action (23 milliards en 2021, soit une augmentation de 200% ; record de dividendes ; près de 237 millions d’euros pour les patrons (une augmentation de 23%) ». Dans le même temps 27 613 emplois ont été supprimés en France, toujours selon l’observatoire des multinationales, et les salaires n’ont pas bougé d’un pouce… Ou plutôt si, ils ont baissé à cause de l’inflation !
Ces chiffres astronomiques permis par les aides publiques débloqués par l’Etat, mais surtout le travail des salariés qui ont fait tourner les usines, ont de quoi scandaliser lorsque dans le même temps les pays européens connaissent leur plus forte inflation depuis des décennies. Une augmentation des prix de 4.8% sur un an en avril, 5% en mai et certainement 5,4% en juin selon les pronostics de l’Insee. C’est le plus haut niveau depuis novembre 1985. Concrètement le prix à la pompe frôle, si ce n’est dépasse, les 2€, le prix des pâtes augmentent de 15%, ceux de la farine ou de l’huile de 10%.
Visiblement tout le monde n’est pas touché par les conséquences de la crise sanitaire, les difficultés de la reprise de l’activité et les impacts de la guerre en Ukraine. Si le coût de la vie est la préoccupation centrale depuis des mois c’est bien car face à l’inflation les salaires ne suivent pas. Or, là encore, ce n’est pas le cas pour tout le monde ! Comme le note Le Monde : "en 2021, selon les calculs de la plate-forme de services aux sociétés cotées Scalens, la rémunération moyenne allouée aux patrons du CAC 40 a bondi à 8,7 millions d’euros, soit près du double des 4,5 millions de 2020, année où la crise sanitaire liée au Covid-19 avait écorné les enveloppes annuelles."
Ainsi, les mêmes qui appellent à se serrer la ceinture, à moins consommer ou à travailler plus, se goinfrent sur le dos des efforts des travailleurs et des classes populaires. De fait, le maintien de salaires bas est un aspect structurant des attaques néo-libérales depuis les années 80 pour rétablir les taux de profit du patronat après les années 1970. D’une certaine manière le bras de fer peut se résumer à qui paiera l’inflation ? Est-ce que ce sont les salaires ou les profits qui augmenteront ? De ce point de vue, une volonté de simple « redistribution des richesses », concertée avec les capitalistes pour partager les efforts, est vouée à l’échec. Même si certains capitalistes qui tiennent à la paix sociale et craignent de nouveaux mouvements incontrôlables à l’image des Gilets jaunes, peuvent inviter leurs semblables à faire preuve d’un peu de clémence salariale, les capitalistes pris dans leur ensemble sont prêts à ne rien céder. C’est à cela que doit se préparer le mouvement ouvrier : imposer aux capitalistes de payer pour toute la crise, on ne partagera pas l’addition !
Si depuis plusieurs mois, « une épidémie » de grève pour les salaires se fait sentir en France dans différents secteurs, et marque une colère latente chez les travailleurs, celles-ci sont orphelines d’une stratégie d’ensemble afin de les regrouper et de les amener à une victoire globale. Plusieurs facteurs détournent de cette perspective. Tout d’abord, une majorité de ces grèves se déclenchent en réaction aux propositions décevantes des directions lors des NAO (Négociations Annuelles Obligatoires). Cela tend d’une part à diviser les grèves entreprise par entreprise, de manière totalement désynchronisée, et à se caler sur le rythme des « rounds » de négociations. Ensuite, les partis de la gauche institutionnelle, réunis dans la NUPES, propose comme unique perspective pour tout régler, les élections législatives avec comme programme le blocage des prix de certains produits, une hausse de 100€ du SMIC, et en laissant les autres salaires à la négociation branche par branche avec le patronat. Enfin, les directions syndicales, hormis pour les traditionnels défilés de saison, sont bien silencieuses, invitant surtout à échéance régulière le gouvernement à pratiquer le dialogue social.
Alors que le coût de la vie pourrait être l’étincelle de grandes explosions sociales dans les mois à venir, il est fondamental de travailler à la construction d’un plan de bataille et d’un programme à même de rassembler les forces de toute notre classe dans la lutte. Partir de la réalité concrète des luttes en cours, en s’appuyant directement sur les grèves existantes et en tentant de les renforcer au maximum, d’abord en les soutenant de toutes les manières possibles, y compris financière. Pour permettre aux luttes d’exprimer tout leur potentiel, un tel plan devrait stimuler le développement de l’auto-organisation des grévistes pour que ceux-ci prennent en main l’organisation de piquets, d’une caisse de grève, ou encore de délégations de soutien sur les autres luttes. L’auto-organisation devrait également être le socle de la coordination à l’échelle d’une branche, d’un secteur, ou encore plus largement, des différentes grèves. Les organisations syndicales et politiques qui soutiennent la lutte des travailleurs devraient mettre à disposition tous leurs moyens humains et matériels dans cette perspective. Pour l’obtention de revendications unifiant l’ensemble de notre classe : augmentation de 300€ nets pour toutes et tous, indexation des salaires et des pensions sur l’inflation, gel des prix de première nécessité, de l’énergie et des loyers !
Publié par REVOLUTION PERMANENTE