Et comme à son habitude de trahison, Laurent Berger de la CFDT, Président de la CES condamne ce matin sur France Inter la grève initiée par la CGT dans le secteur du pétrole en se désolidarisant dit-il des "grèves préventives ".
Selon lui les travailleurs devraient attendre sagement les négociations salariales ... auxquelles le patronat se dérobe d'ailleurs.
Volant ainsi au secours de Macron qui bien sûr appelle au calme tandis qu'il prépare les mesures de compression des dépenses publiques et de recul du pouvoir d'achat !
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vendredi 7 octobre 2022 par Unité CGT
Si le groupe reconnaît des difficultés dans "certaines stations", en raison d’une affluence en hausse de "30% sur le mois de septembre", il assure "qu’il n’y a pas de manque de carburants car TotalEnergies a constitué des stocks et procède actuellement à des imports réguliers".
Et pourtant… le spectre de la pénurie s’installe peu à peu.
Malgré les coups de menton de TotalEnergie, chacun peut entrevoir la peur manifeste du patronat de venir à manquer, du fait de l’action déterminée des travailleurs avec leurs syndicats CGT, de carburant pour son économie.
Voilà la réalité de la situation : la grève des travailleurs à Total et à Exxon a provoqué ou contribué à l’arrêt de six raffineries sur les huit que compte le pays.
Le mouvement de grève a été reconduit à la raffinerie de La Mède, dans les Bouches-du-Rhône, comme dans les raffineries de Normandie, près du Havre, et de Feyzin, dans l’agglomération lyonnaise. Dans le cas de la raffinerie de Normandie, cette dernière représente 22 % des capacités de raffinage sur le territoire, et est « à l’arrêt » selon la CGT.
Il s’agit par ailleurs du plus important des huit sites français qui fabriquent du carburant, dont six raffineries et deux « bio-raffineries », selon l’Ufip, la corporation patronale des industries pétrolières.
De plus, sur les 6 vapocraqueurs en France, 5 sont à l’arrêt. Le vapocraquage sert à faire de l’éthylène, propylène, benzène, etc... pour l’industrie chimique.
La CGT réclame une revalorisation salariale à hauteur de 10% pour l’année 2022, le "dégel des embauches" en France et "un plan massif d’investissements" dans l’Hexagone, des revendications déjà à l’origine de mouvements le 24 juin et le 28 juillet
L’action déterminée des travailleurs des raffineries démontrent que sans le travail, rien ne se crée, rien n’est produit, rien n’est transporté. La menace d’une pénurie d’essence est tout aussi réelle que les centaines de milliards d’euros déversées par les multinationales du secteur à leurs actionnaires.
En quoi la lutte des raffineurs et des pétrochimistes nous concerne-t-elle tous et toutes ?
La grève exemplaire des travailleurs des secteurs pétroliers et pétrochimiques doit être appréciée au prisme de quatre éléments :
1/ La grève, massive, combine des revendications offensive d’ordre salarial, de défense de l’emploi et de l’industrie. Les travailleurs en lutte démontrent que le problème capitaliste est « global » et que nos revendications CGT peuvent et doivent être de haut niveau.
2/ Cette grève pour les salaires touche un secteur clé et structurant pour l’économie, dans un contexte de crise énergétique cruciale, de spéculation et flambée des prix. Les industries pétrolières et pétrochimiques irriguent en amont d’autres secteurs structurants ou non (plasturgie, métallurgie, transport, etc…)
3/ Le conflit social, dans un secteur aussi important pour le capitalisme, peut montrer le chemin de la lutte et faire tache d’huile. Citons par exemple ici le cas des travailleurs des ateliers Résines de Carling, entrés en grève le27 septembre, en parallèle du début de la grève nationale à Total, et victorieux dans le conflit sur les augmentations de salaires.
4/ Cette grève nous concerne tous et toutes, en tant que travailleur et usager. Rappelons que la FNIC CGT et la FNME CGT exigent la nationalisation de tout le secteur énergétique (les filières Gaz, Electricité et Pétrole) et la sortie de l’énergie des mains du marché.
Alors que « l’hiver arrive », les grèves massives dans les secteurs pétroliers et pétrochimiques, couplée par l’appel à la grève le 6 octobre dans le secteur de l’énergie, notamment dans les centrales nucléaires, montrent un pays en surchauffe sociale.
Que faire dans cette situation ?
Apaiser la situation, ou au contraire souffler sur les braises ?
Le choix est évidemment simple : la colère sociale qui se fait sentir dans le pays ne peut rester sans organisation, sans coordination, sans mots d’ordre clair et sans stratégie.
La confédéralisation de nos luttes, justement sur le sujet de l’inflation, du blocage des prix, de la réponse aux besoins, devrait être la priorité n°1 de notre Confédération CGT, exæquo avec la mobilisation contre la réforme de l’Assurance chômage et le rejet « préventif » de tout projet de réforme de retraite.
Le « timing » dans cette séquence, avec justement cette grève massive à Total et Exxon, et l’arrêt des installations, pourrait pourtant largement nous permettre d’en finir avec la grève par procuration, et de prendre un ascendant certain sur le patronat et le gouvernement.
Augmentation des salaires, blocage des prix, nationalisation du secteur énergétique, refus des contre-réformes de l’Assurance chômage et des retraites : la convergence et surtout l’unité autour de ces sujets est évidente dans notre CGT.
Au lieu de, comme l’a illustré le dernier communiqué de l’intersyndicale, tout faire pour que rien ne bouge, l’heure est plutôt à cultiver les luttes, les coordonner, les faire grandir en les unifiant autour de mots d’ordre généraux, clairs et offensifs.
De même, il est crucial de s’appuyer sur les luttes en cours, notamment les secteurs structurants et à échelle nationale, comme c’est le cas aujourd’hui avec la grève dans la pétrochimie, pour construire cette stratégie et la liaison effective des luttes des travailleurs.
Publié par FSC