Aujourd’hui on parle beaucoup de l’énergie, en premier lieu sous l’angle de la guerre en Ukraine et de la pénurie de gaz, mais nous avons une vision plus large de la problématique. L’augmentation du coût de l’énergie ne date pas de la guerre en Ukraine. Nous la dénonçons depuis l’ouverture à la concurrence du marché de l’énergie en 2008 », rappelle Marc Michel, secrétaire général de la CGT Mines et Énergie 34.
Selon le syndicat, qui a réalisé un bilan en interne, l’augmentation des factures des particuliers depuis le début de la privatisation, s’élevait, avant la guerre en Ukraine, à 40% pour l’électricité et 80% pour le gaz. « On comptait 13 millions de personnes en précarité énergétique avant la guerre en Ukraine », souligne Marc Michel. Soit plus de 20% des ménages. Un nombre qui risque, hélas, de progresser encore dans le contexte actuel de flambée des prix de l’énergie.
« La crise énergétique que nous traversons actuellement est en grande partie liée à l’ouverture à la concurrence, à la transformation des entreprises en sociétés anonymes et à la dérégulation du prix de l’énergie, qui, avant, était lié à l’investissement, aux moyens de production et à un choix politique pour que ce soit acceptable pour les citoyens », poursuit le responsable CGT Mines et Énergie héraultais.
« On a mis notre outil de production à mal »
« Quand on a mis en place ce marché de la déréglementation du secteur de l’énergie, il a fallu créer artificiellement une concurrence. Pour ce faire, il a été décidé de donner à prix coûtant une partie de la production à des fournisseurs alternatifs qui, en retour, devaient investir sur des moyens de production pérennes et à long terme. Ce qui n’a jamais été fait », dénonce Marc Michel.
Bien des années plus tard, on se retrouve sous la menace de possibles coupures d’électricité pour incapacité de fournir. « On a mis notre outil industriel à mal. On aurait pourtant dû être les moins mal lotis si notre outil de production nucléaire avait été développé, entretenu, etc. Au lieu de quoi on se retrouve avec effet cumulatif : on n’a pas fait les efforts nécessaires d’investissement sur l’entretien des centrales et en même temps, on n’a pas forcément les bras pour le faire. Ce sont des choix politiques électoralistes qui ont conditionné notre capacité à produire de l’énergie », estime Daniel Souty, responsable régional de l’Ufict-CGT.
Pour le syndicat, un seul remède à cette dérive : « sortir du marché de l’énergie. On souhaite que ça passe par une nationalisation d’une entreprise intégrée (production-transport-distribution) au travers d’un pôle public de l’énergie », explique Marc Michel. Un choix qui permettrait un « retour au tarif unique. On pense que l’énergie ne doit pas être un bien du secteur marchand. C’est un besoin de première nécessité au même titre que l’accès aux soins, à l’eau, à l’éducation pour une vie digne ».
De façon plus immédiate, la CGT Mines et Énergie réclame « une baisse de la TVA à 5,5%, voire à 0%. Aujourd’hui, le gouvernement ne l’entend pas, il propose des mesurettes qui sont toujours bonnes à prendre pour les citoyens qui vont en bénéficier [le chèque énergie, Ndlr], mais qui sont insuffisantes », estime Marc Michel.